DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS
HISTORIQUES
La Mauvaise Compréhension Des Temps
Modernes
La Nécessité Du Développement Des
Sciences Islamiques Après Le Temps Du Prophète (saw)
Les Racines Linguistiques Du Mot Tassawwouf
Le Prophète (saw) Mentionne La
Condition Du Cœur: La Suprématie Du Cœur Sur Tous Les Autres Organes
Allah Décrit Tazkiyat Al-Nafs Comme
Un Devoir Du Prophète
D’autres Versets Et Commentaires
Sur Tazkiyat Al-Nafs
Allah Ordonne Aux Croyants De
Chercher Un Moyen De S’approcher DE Lui
Et D’Accompagner Les Sadiqin.
Allah Décrit Quelqu’un Qui a
Directement Appris De Lui: Al-Khidr
La Supériorité De L’Amour Dans
L’Adoration
Des Versets Au Sujet Du Caractère
Parfait, Ihsan
III - QUELLES SONT LES PREUVES SUR LE TASSAWWOUF A PARTIR
DES HADITHS?
Oumm
al-Ahadith, Le Hadith De Jibril
La Troisième Composante De La
Religion De L’Islam:
LE COMMENTAIRE DE L’IMAM NAWAWI SUR LE HADITH DE JIBRIL
La Relation Entre Chari`a Et Haqiqa
La Grande Jihad: La Jihad Contre
L’Ego.
Hadiths Sur La Jihad Contre L’Ego
IV - DIRES ET ECRITS DES IMAMS ET SAVANTS AU SUJET DU
TASSAWOUF
Imam Malik (94-179 H/ 716-795)
L’Imam al-Harith al-Mouhassibi (d.243)
La Piété De L’Imam Ahmad Devant Al-Mouhassibi
Les Maîtres Soufis De Hadiths De Dhahabi
al-Qassim ibn `Outhman al-Joui`i (d.248)
L’Imam al-Jounayd al-Baghdadi (d.297)
L’Imam Abou Mansour `Abd al-Qahir al-Baghdadi (d.429)
L’Imam Abou al-Qasim al-Qouchayri (d.465)
Cheick Abou Ismai`il `Abd Allah al-Harawi al-Ansari (d.481)
Ceux Qui Attaquent L’Imam Ghazali
La Validité de Hadiths Faibles
Abou al-Wafa' Ibn `Aqil al-Hanbali (d.513)
Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani (d.561)
Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656)
Soultan al-`Oulama' al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Soulami (d.660)
al-`Izz sur la Supériorité du Rang des awliya'
Sur Celui des `oulama
al-`Izz b. `Abd al-Salam b. Ahmad b. `Anim al-Maqdissi (d.678)
Ibn Taymiyya au sujet de fana' et
chatahat
Ibn `Arabi et Ibn `Abd al-Salam
Imam Abou Ishaq al-Chatibi al-Maliki (d.790)
Jalalal-Din al-Souyouti (d.911)
Zakariyya ibn Mouhammad Ansari (d.926)
`Abd al-Wahhab al-Cha`rani al-Hanafi (d.973)
Ibn `Abidin al-Hanafi (d.1252)
Abou al-`Ala' al-Mawdoudi (d.1399)
Aujourd’hui,
l’Islam est enseigné par des gens qui ne prennent pas soin de le pratiquer dans
sa pureté ou de se purifier eux-mêmes dans leur pratique. Ceci, a été décrit dans
plusieurs hadiths qui disent: «Ils ordonneront aux autres et ne feront pas
attention à leur propre avertissement,
et ils sont les pires.»[1]
Telle ne fut pas la voie des Compagnons
ni de Ahl al-Souffa au sujet desquels le verset suivant fut révélé:
Résigne-toi
à la compagnie de ceux qui évoquent leur Seigneur au début du jour et à sa fin
dans l’espoir de voir un jour Son visage. Et, ne laisse pas tes yeux se
détourner d’eux, désirant le luxe de ce bas-monde; et n’obéis pas à celui dont
nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et
dont le comportement est outrancier. (18:28)
Ceci ne fut pas non plus la voie d’Abou
Bakr al-Siddiq, au sujet duquel Bakr ibn `Abd Allah dit: «Abou Bakr a la préséance sur vous non pas parce qu’il
prie et jeûne beaucoup, mais à cause d’un secret qui a pris racine dans son
cœur.»[2]
Ceci ne fut non plus la voie des Tabi`in dont Hassan al-Basri, Soufyan
al-Thawri, et autres de la génération
de soufis qui virent plus tard et qui les prirent pour modèles. Al Qoushayri
rapporte que al-Jounayd dit: « Le tassawwouf n’est pas l’abondance de prières
et de jeûnes, mais le vide de la poitrine et ne pas être sous l’emprise de son
soi.»[3]
Ceci ne fut pas non plus la voie des Quatre Imams qui placèrent la renonciation
(zouhd) et l’acquisition de la vraie
peur d’Allah (wara) au-dessus de la
simple pratique des obligations, tel l’Imam Ahmad qui composa deux livres avec
ces deux qualités comme titres respectifs. Celui-ci plaça la connaissance des
saints au-dessus de celle des savants, comme cela est montré par le rapport
suivant de son élève Abou Bakr al-Marwazi:
J’entendis
Fath ibn Abi al-Fath dire à Abou `Abd Allah (l’Imam Ahmad) durant sa dernière
maladie: « invoque Allah pour nous afin qu’Il nous donne un bon khalifa
(successeur) pour te succéder.» Il continua: « Qui devrons-nous consulter en
matière de connaissance après toi ?» Ahmad répondit: « Consultez `Abd
al-Wahhab.» Quelqu’un qui était présent
me relata qu’il dit: « Mais, il n’a pas assez de connaissance» -- Abou `Abd
Allah répliqua: « C’est un saint (innahou
rajouloun salih ), et ainsi il lui est accordé du succès en parlant la
vérité.»[4]
Dans une célèbre fatwa citée dans les lignes qui vont suivre, le savant Chafi`i al-`Izz ibn `Abd al-Salam
donne la même priorité au mystique ou connaisseur d’Allah (arifin) au-dessus des juristes. Le même accent est placé sur la
perfection interne par l’Imam Malik dans son dire: «La Religion ne consiste pas
en la connaissance de plusieurs narrations, mais en la lumière qu’Allah place
dans la poitrine.» Et Ibn `ata' Allah cita Ibn `Arabi disant: «La Certitude (al-yaqin) ne dérive pas des évidences de
la raison mais sort des profondeurs du cœur.»
Ceci est la raison pour laquelle
plusieurs Imans mettèrent en garde contre la pure et simple soif du savoir au
dépend de l’éducation du «moi». L’Imam
Ghazali abandonna les arènes du savoir au milieu d’une prestigieuse
carrière, en vue de se consacrer à la
purification du soi. C’est à l’issue de cette période qu’il rédigea son chef
d’œuvre Ihya' `Ouloum al-din dans
lequel il lance un avertissement à tous ceux qui réduisent la religion en
l’étude pure et simple du fiqh ou
jurisprudence.
Le même avertissement fut lancé par les
plus grands des houffaz ou maîtres de
hadiths de son temps et par l’un des premiers soufis, Soufyan al-Thawri (d.
161), à tous ceux qui prennent la narration de hadiths pour la religion,
lorsqu’il dit: «Si le hadith était un bien il aurait disparu de même que toutes les bonnes choses ont
disparu…Poursuivre l’étude du hadith ne fait pas partie de la préparation à la
mort, mais c’est une maladie qui préoccupe les gens.»
Dhahabi
cite cette parole et commente:
Par
Allah, il a dit la vérité…Aujourd’hui, la recherche du savoir et du hadith ne
signifie plus pour les savants l’obligation de s’y conformer, ce qui est le but
du hadith. Il a raison lorsqu’il dit que poursuivre l’étude du hadith est autre
que le hadith lui-même.[5]
Ce n’est pas pour le «hadith en soi»,
mais dans le but de vivre en conformité avec la Sunna du Prophète qui est
synonyme de vivre en conformité avec le saint Coran – selon le hadith bien
connu de `Aïcha concernant le caractère du Prophète – que les grands maîtres de
la purification du moi renoncèrent à la simple poursuite de la science en tant
que séduction mondaine, et préférèrent l’acquisition de l’ishan ou le caractère parfait. Un exemple est Abou Nasr Bishr
al-Hafi (d.227), qui considéra l’étude du hadith comme une science
conjecturelle en comparaison à la certitude qu’il acquit par la fréquentation de Foudayl ibn `Iyad
(d.187).[6]
Ainsi, les deux, l’ihsan et le
processus qui y conduit sont connus sous le nom de tassawwouf, comme les pages suivantes le démontrent.
I - « QU’EST-CE QUE LE TASSAWWOUF ?
»
Le Tassawwouf Parmi Les
Comme il est défini clairement dans le hadith rapporté par Sayyidina `Oumar
au sujet de la rencontre de l’ange Gabriel avec le Prophète[7],
appartenir à Ahl al-Sunna wa Jama`a
ne se limite pas seulement aux règles de la foi. Cela entraîne l’adoption de
principes qui conduisent à l’état d’ihsan
ou la perfection de la croyance et de la pratique. Partant de là, le Groupe
Sauvé suit l’une des nombreuses écoles de soulouk
(éthiques personnelles) en conformité avec les principes de la Chari`a et
le `aza'im (les strictes
applications) de la Sunna, ou les modes de conduite reflètent la complète détermination de plaire à son Créateur selon le modèle du Prophète. Ces écoles
sont collectivement connues comme la science du tassawwouf ou la
purification du soi.
Au cours du premier siècle de
l’Hégire, la renonciation à ce bas-monde (zouhd)
se développa comme une réaction à la vie mondaine de la société. Cette réaction
prit ses racines dans l’ordre d’Allah à Son Vertueux Apôtre de purifier
l’humanité: «Un Messager … pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le
Livre et la Sagesse, et les purifier» (2:129); «Nous avons envoyé parmi vous un
Messager de chez-vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne
le Livre et la Sagesse » (2:151); «Allah a certainement fait une faveur aux
croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un Messager qui venait d`eux, qui leur
récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse»
(3:164); «Purifie-les, bénis-les, et prie pour eux. Certainement ta prière est
une quiétude pour eux.» (9:103); «C’est Lui qui a envoyé… un Messager sorti
d’eux qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la
Sagesse» (62:2).
Les adeptes de cette voie
s’attachèrent fermement au mode de vie
Prophétique comme cela fut réflété dans la vie de ses compagnons et de
leurs successeurs, dans les voies qu’ils employèrent pour purifier leur cœurs
et leur caractère des mœurs blâmables et de s’inculquer, ainsi qu’à ceux qui
furent autour d’eux, les mœurs et la stature morale de la meilleure créature de toute l’humanité, le
Prophète Mouhammad, la paix et la bénédiction de Dieu sur lui. Les exemples de
ces hommes-école de purification sont ceux cités par Abou Nou`aym et d’autres
comme «Les Huit Ascétiques»: Amir ibn `Abd Qays, Abou Mouslim al-Khawlani,
Ouways al-Qarani, al-Rabi’ Ibn Khouthaym, al-Aswad ibn Yazid, Masrouq, Soufyan
al-Thawri, Hassan al-Basri, parmi tant d’autres.
Le pouvoir de tels saints et leurs bénéfices furent attestés par le Prophète lui-même, comme
cela est témoigné par les nombreux hadiths rapportés au sujet d’Ouways
al-Qarani. L’Imam Ahmad en cite dans
son livre al-Zouhd. Dans le récit
suivant, le Prophète ordonne aux gens, de solliciter auprès d’Ouways s’ils le
rencontrent, le pardon (d’Allah), et déclare que l’intercession d’Ouways fera
entrer un nombre important de gens au Paradis:
Le Prophète dit: «Ouways ibn `Amir poindra sur vous avec l’assistance des
gens du Yémen de la tribu de Mourad et Qaran. Il était lépreux et fut guéri,
sauf une toute petite partie de son corps. Il a une mère dont il respecte
scrupuleusement les droits. S’il fait un vœu à Allah, Allah l’accomplira. Si vous pouvez lui demander intercession pour
votre pardon, faite-le.
Plus de personnes entreront au Paradis, à cause de l’intercession d’un certain homme de ma communauté, qu’il y a de personnes dans les tribus de Rabi' et Moudar, Al-Hassan al-Basri dit:
«Cest Ouways al-Qarani.»[8]
A travers une graduelle
évolution et comme une réaction contre
l’emprise grandissante de l’appétit de la vie d’ici-bas, les Musulmans se
ruèrent vers ces saints et leurs disciples jusqu’à ce que leur régiment
s’acheva en école de pensée pratique et d’action morale dotée de sa prope
structure de règles et de principes. Ceci devint la base utilisée par les
maîtres Soufis pour guider les gens sur le droit chemin. En conséquence, le
monde fut témoin du développement d’une variété d’écoles de purification de
l’égo (tazkiyat an-nafs). La pensée
Soufie, comme elle se répendit partout, servit de force dynamique dans la
croissance et l’établissement de l’éducation Islamique. Cette spectaculaire
avancée s’étendit à partir du premier siècle de l’Hégire, en parallèle avec les
développements suivants:
·
Le développement des bases du fiqh (Loi et Jurisprudence), à travers les
Quatre Imams;
·
Le développement des bases de l’aqida (doctrine) à travers al-Ach`ari et
autres;
·
Le développement de la science du hadith (Les dires du Prophète), qui
déboucha en six authentiques collections et d’innombrables autres;
·
Le développement des arts de nahw et balagha (La
Langue et l’Ecriture Arabe).
Tariqa ou
«chemin» est un terme dérivé du verset Coranique suivant:
«Et s’ils se maintiennent dans la bonne voie (tariqa), Nous les aurions
abreuvés, certes d’une eau limpide (ou abondante)» (72:16 ).
Le sens de «voie» mentionné dans le verset ci-dessus est expliqué par le
hadith du Prophète relaté par Boukhari et Mouslim, ordonnant aux musulmans de
suivre sa Sunna et la Sunna de ses
successeurs. Comme le mot tariqa dans le verset ci-haut mentionné, le sens de
Sunna dans le hadith est «chemin» et «voie». Ainsi, tariqa devint un terme appliqué
aux groupes de gens appartenant à
l’école de pensée exercée par un maître ou “cheick”.
Quoique ces cheicks
appliquèrent différentes méthodes dans l’enseignement à leurs disciples, le
noyau de chaque discipline était identique. La situation n’était pas différente
de ce que nous avons aujourd’hui dans les facultés de médecine ou de droit.
L’approche des différentes facultés peut varier, mais le corps en droit, l’état
d’art en médecine, reste essentiellement le même en tout lieu. Les étudiants
diplômés de ces facultés portent chacun la marque de leur branche. Néanmoins,
aucun n’est considéré inférieur à l’autre parce qu’il est le produit d’une
faculté ou d’une autre; l’avocat n’est pas considéré supérieur au docteur ni le docteur à l’avocat.
Similairement, le
disciple d’un cheick portera le cachet de son enseignement. En
conséquence, les noms donnés aux différentes écoles Soufies diffèrent selon le
nom et les perspectives de leurs fondateurs. Cette variation se manisfeste
d’une façon plus concrète dans la
méthode de dévotions surérrogatoires connue sous l’appellation de awrad,
ahzab ou adhkar, utilisée comme la méthodologie pratique de la formation
spirituelle. Ces différences cependant
n’affectent pas les principes religieux. Dans les principes de base, les écoles
Soufies sont essentiellement les mêmes, puisque basées sur l’essence de la religion, qui est uniforme.
Le groupe Soufi sous lequel
chaque individue entreprit le chemin
vers Allah était un itinéraire finement aiguisé qui établit les disciplines du
progrès externe et interne dans la foi et la pratique religieuse. Suivant la
pratique des Compagnons du Prophète qui fréquentaient régulièrement le groupe
nommé Ahl al-Soufa («Les Gens du
Banc»), les pratiquants de ce groupe
menèrent une vie communautaire . Leurs habitations étaient les mosquées-écoles (zawiya), les forts frontaliers (ribat), et des maison-hôtes (khaniqa) où ils se réunissaient
régulièrement lors d’occasions dédiées
aux fêtes traditionnelles du calendrier musulman (‘id).
Ces structures avaient des
institutions éducationelles ; par exemple les deux forts frontaliers (ribat) fondés par le savant Soufi `Abd
Allah Ibn al-Moubarak en Merv, qui fonctionna pendant longtemps, et le Khaniqa baybarsiya du Caire. Cette école Soufie eu le grand savant de hadiths,
Ibn Hajar al-Asqalani comme recteur et maître de conférence pendant les
quarante dernières années de sa vie. Il
assuma en même temps la fonction de juge principal en Syrie et en
l’Egypte.
Les Soufis se réunissèrent
également en associations informelles appelées souhba autour du cheick pour acquérir la connaissance, et en
assemblée pour invoquer les noms d’Allah et
réciter les adhkar (pluriel de
dhikr, «le souvenir de Dieu») hérité
de la Tradition Prophétique. Encore, une autre raison de leur regroupement
était d’écouter les prêches inspirées et les exortations morales (wi’az). Les cheicks Soufis enseignèrent
à leurs disciples à répondre activement à l’appel d’Allah et de Son Messager,
de purifier leur cœur et leur âme de tous bas désirs incités par l’égo, de
corriger toutes les croyances éronnées et de parfaire leur croyance en
l’unicité d’Allah. On enseignait aux disciples à être honnête, loyal, digne de
foi, patient dans la crainte d’Allah, à aimer son prochain, à dépendre que
d’Allah et de s’en remettre à Lui tout au long de leur vie, et les autres
moralités enseignées par l’Islam. Tout ceci fut accompli en s’attachant à la
Sunna Prophétique. Les méthodes de souvenir d’Allah qu’ils inculquaient à leurs
disciples furent les mêmes méthodes enseignées par le Prophète. De cette
manière, ils propagèrent le caractère exemplaire du Prophète (saw) en paroles
et en actions, pendant qu’ils encouragèrent les croyants à se consacrer à Allah
de tout cœur. Le but de leur effort ne fut rien d’autre que d’obtenir la
satisfaction d’Allah et de leur inspirer l’amour pour Son Prophète. En d’autres
termes, ce qu’ils visaient était un état où Allah serait content d’eux comme
ils l’étaient avec Lui.
Ces cheicks, par conséquent, furent des flambeaux qui dissipèrent
les ténèbres de la voie du croyant aussi bien qu’ils illuminèrent les voies sur
lesquelles la Umma pourrait bâtir la fondation d’une société idéale. Cet idéal
était l’esprit de sacrifice et de dévouement qui caractérisait tous leurs
efforts. Ces valeurs, imprégnaient l’entière fabrique sociale de l’Islam. Les
couvents ou maisons-hôte (khaniqa),
étaient établis dans le voisinage des pauvres offrant gratuitement de la
nourriture et l’hospitalité. Ce fut
aussi un lieu et un moyen de communion entre le pauvre et le riche, entre le
blanc et le noir, entre l’arabe et non-arabe conformément aux dires du
Prophète: “Il n’y a pas de différence entre un arabe et un non-arabe sauf dans
les vertus.” Ces couvents furent des lieux de rencontres de toutes les races et
de toutes les nationalités et des remèdes pour plusieurs maux sociaux.
En conséquence à de tels
enseignements et formation, les disciples des cheicks Soufis, sortis de ces
écoles, étaient pleinement capables de supporter les fardeaux et les torts de
leurs contemporains dans leur effort à illuminer le chemin de la Vérité. En
outre, à travers leur formation et auto-discipline, ils avaient développé le
manifeste et la très ferme volonté de faire. Ces véritables et sincères savants
et maîtres de tariqa ne laissèrent
aucune pierre sans être tournée dans la conduite de leur jihad, un mot qui signifie à la fois la lutte physique contre les
non-croyants et la lutte spirituelle contre les attraits invisibles qui piègent
l’âme.
Il est bien connu de tous, qu’en notre temps les gens ont une mauvaise
compréhension du tassawwouf. Certains
affirment que c’est une science opposée à l’Islam qui n’est pas mentionnée dans
la Chari`a, le Coran ou la Sunna. D’autres, les adhérents aux écoles de pensée
des quatre Imams et les Imams qui les suivirent plus tard mentionnons Nawawi,
Ibn Hajar, al-Soubki, al-Souyouti, Ibn Hajar al-Haytami, et plusieurs autres,
même Ibn Taymiyya et Ibn Qayyim, quoique ces deux derniers furent opposés à la
doctrine de Ahl al-Sunna à plusieurs égards, l’acceptèrent et surent que le
tassawwouf a ses racines profondes dans le Coran, dans la Sunna et dans la
Char’ia. Ces savants acceptèrent le tassawwouf parce qu’ils connaissaient la
réalité et le sens de ce terme, et non pas à cause de la réputation ou l’âge du
terme en lui-même.
Il n’est pas rare d’entendre
de ceux qui s’opposent au tassawwouf qu’ils
rejètent tout ce qui ne figure pas dans le Coran et dans la Sunna». Avancer une
telle affirmation est faire preuve de manque d’esprit critique. Prenons par
exemple les Sciences Islamiques, notamment la science du hadith. Le sens du mot
«Hadith» dans le dictionnaire est défini comme «opposé à l’ancien (qadim), nouvelle (jadid) ou alternativement, quelque chose parlée.» Le sens commun qui lui est attribué est «la Tradition du
Prophète» ou «la science des Traditions du Prophète.» Lorsque le mot «hadith»
est mentionné, les savants savent qu’il sagit de «nouvelles.» Mais le sens
attribué à ce mot après la période du Prophète est tout ce que le Prophète a
dit et fait. Cependant, de son vivant, le
mot «hadith» était rarement utilisé comme il l’est aujourd’hui. Il prit
ce sens seulement lorsqu’il devint un terme technique pour décrire les dires,
les actions, du temps du Prophète (saw).
Dans Boukhari et Mouslim, le
Prophète (saw) dit: «Le meilleur siècle est mon siècle et celui qui le suit» et
dans un autre hadith il dit: «le premier siècle et le second et le troisième.»
Après les compagnons furent les Tabi`in et les Tabi Tabi`in. Tous les savants
de l’Islam affirment que la période des Tabi`in fut la fin de l’an 150 de
l’hégire et l’an 220 de l’hégire fut la fin du siècle des Tabi Tabi`in. C’est
deux périodes furent témoins de l’apparution successive de l’Imam Abou Hanifa,
l’Imam Malick, l’Imam Shafi`i, l’Imam Hanbal, fondateurs des quatre écoles
juridiques, et de celle de l’Imam Boukhari, l’Imam Mouslim, l’Imam Abou Dawoud,
l’Imam Abou Issa Tirmidhi, l’Imam An-Nissa`i et de l’Imam Ibn Majah, auteurs
des six livres cannoniques de hadiths.
Ces savants dévelopèrent une
vaste science à un moment où plusieurs non-arabes embrassèrent l’Islam et
mémorisèrent les hadiths; Ils trouvèrent nécessaire d’établir Ilm oul-Hadith ou
la science du hadith, science qui n’existait pas au temps du Prophète (saw), en
vue de préserver les dires, les pratiques, les anecdotes du Messager de Dieu et
de ses compagnons. Cette science dès lors devint partie intégrante à l’Islam.
Du temps du Messager (saw), la propagation et la vérification du hadith étaient
naturelles mais elles n’étaient pas formalisées. Cependant après cette période,
les savants ci-dessus cités développèrent des lois et des méthodes de classification,
d’enregistrement, de transmission et de formalisation des hadiths et y
ajoutèrent des structures formelles et une méthodologie de vérification au
méchanisme naturel de transmission qui incorpore toujours le sanad, chaîne vérifiable d’une
information au sujet des dires du Prophète (saw) ou de ses compagnons.
Ceci amena 35 classifications. De même,
les savants développèrent plusieurs sciences[9]
(`ouloum) mentionnons, la science de
la grammaire, la science de l’explication et de l’éloquence du Coran, la science
de l’Unicité de Dieu, la science de la croyance, la science du Coran, la
science de la jurisprudence, la science des traditions du Prophète (saw), la
science de la vie du Prophète (saw), la science de l’analyse linguistique, la
science de la clarification, la science de l’exégèse du Coran, la science de la
récitation harmonieuse, la science de la récitation fluide, la science de la
purification du Soi connue aussi comme la science de la perfection du caractère
, la science de l’héritage, etc… et plusieurs autres sciences dérivant toutes
du Saint Coran et des Hadiths du Messager (saw) de Dieu. Aucune de ces disciplines ni leur terminologie
n’existaient du temps du Prophète (saw). Pourtant leurs réalités existaient, puisque les Sahaba les
pratiquèrent mieux que tous ceux qui leur succédèrent.
Une question logique surgit à
ce point: Où dans le Coran et dans la Sunna figurent littéralement ces termes?
Ce qui suit logiquement est: D’où vint la permission de développer ces
classifications et terminologies dans la mesure où elles n’existaient pas du
temps du Prophète (saw)? Par conséquent, s’opposer à la science du Tassawwouf
ou la rejeter d’un trait parce qu’elle ne figure ni dans le Coran ni dans la
Sunna contredit l’entendement d’une personne dotée d’intelligence.
Le terme tassawwouf n’était
pas connu au temps du Prophète. Cependant, quoique le terme apparait nouveau,
son essence est une partie et une parcelle de la religion et ne peut pas y être
dissociée.
Une autre raison de la
mauvaise compréhension de la réalité du tassawwouf est que certaines personnes
confondent le vrai tassawwouf avec le pseudo-tassawwouf, ce dernier nie la nécessité de la char’ia et crée ses
propres règles, prétendant avoir une certaine autorité historique , mais plutôt
amorphe et qui n’a de racine dans aucun
précédent. Ils ne sont ni soufi ni moutassawwif
mais moustaswif ou «pseudo-soufi»
ainsi sont-ils défini par le grand maître `Ali al-Houwjiri (d.469?) dans son Kashf al-mahjoub[10].
Les ennemis du tassawwouf brouillent souvent l’information donnée sur les
Soufis et les moustaswifa dans leurs références au tassawwouf en vue de se
débarrasser à la fois des deux.
Un exemple est le cas de
l’aversion poussée de la secte Mou`tazila pour les soufis à un niveau tel
qu’ils refusèrent de reconnaître les karamat
ou miracles des saints, ils ne les considèrent pas comme un signe de vérité. De nos jours, nous trouvons encore des
gens similaires à ces Mou`tazila, qui veulent formuler leur propre définition
de l’Islam, avec ce qui y convient et ce qui n’y convient pas, en faisant un
mélange de vrai et de faux afin qu’ils puissent se débarrasser de l’essence des
enseignements de l’Islam qui exposent le caractère incomplet et les erreurs de
ce qu’ils ont hérité.
L’objectif du tassawwouf est de
purifier le cœur de toute sorte de mauvais désirs et penchants, des impuretés
qui s’y accumulent à cause des péchés et des mauvaises actions internes comme
externes, purifier le «soi» afin
d’orner et de décorer le cœur avec le bon modèle et la bonne manière qu’exigent
le Coran et la Sunna du Prophète (saw). Son but est de créer l’état d’ishan, la
perfection du caractère, qui fut celui du Prophète (saw) et l’état que tous ses
Compagnons qui s’efforcèrent d’atteindre cette perfection.
Pour prendre un exemple, au temps du Prophète (saw), il n’y avait pas la
nécessité d’enseigner ‘ilm al-nahou
(la science de la grammaire) même à un enfant. Dans le berceau de l’Islam,
ayant grandit dans le Hijaz, même un enfant pouvait lire un poème ou un texte
arabe sans avoir recours à aucun signe diacritique (tashkil). Cette connaissance leur était acquise naturellement au
fur et mesure qu’ils grandissaient.
Plus tard, lorsque plusieurs non-arabes commencèrent à embrasser
l’Islam, et que le Coran se lisait incorrectement, il devint nécessaire de
créer de nouvelles disciplines en vue d’assister les nouveaux Musulmans dans la
lecture du Coran. Ainsi la grammaire fut développée et les signes diacritiques
furent établis.
L’état de perfection (ihsan), l’état d’austérité (zouhd), l’état de la peur d’Allah (wara’) et l’état de la méfiance de Dieu (taqwa)
furent naturellement pratiqués par les Compagnons parce qu’ils étaient en compagnie du Prophète (saw) et ces états
furent un résultat direct de cette association. Ce fut la raison pour laquelle
ils furent appelés Compagnons, c’est cette association avec le Prophète (saw)
qui leur permit d’être purifié.
Après les compagnons, plusieurs gens n’eurent pas l’opportunité de rencontrer le Prophète (saw) ni
ses Compagnons mais acceptèrent l’Islam, et parce que plusieurs nouveaux
Musulmans, à cette époque, dévièrent du
vrai chemin de l’Islam, il devint nécessaire d’établir une école avec une
fondation, juste comme `ilm al-nahou fut établi avec ses écoles.
Il fut nécessaire de mettre en place des écoles à travers lesquelles furent
développées les disciplines spirituelles visant les états cités ci-dessus, et
elles furent combinées sous une science principale appelée `ilm al-tassawwouf.
Nous devons savoir que le
tassawwouf n’est pas une chose
nouvelle en Islam ni quelque chose d’inventée. Au contraire, c’est une science
héritée du Prophète (saw) et des Compagnons et ses racines sont dans l’Islam.
Elle n’est pas ce que les ennemis de l’Islam--Les Orientalistes et leurs
disciples--ont relaté. Ils ont innové et attribué plusieurs noms au tassawwouf
afin d’attaquer la science et l’état d’ihsan
que le Prophète (saw) mentionna dans son Saint Hadith. Ils tentèrent
d’appliquer le terme «superstition» (sha‘waza)
à la science de tassawwouf. Il est
bien su de tous que tout terme peut être employé pour nommer une science et
l’on est libre de définir ou d’utiliser tout terme que l’on désire. De même `ilm al-ihsan ne change pas en lui
attribuant un nom différent. Il est profondément espéré que personne ne soit
empêchée d’apprendre cette importante science citée dans le Coran et le hadith,
à cause du préjudice causé au tassawwouf.
Si le terme est problématique à quiconque, qu’il lui attribue un nom
différent, mais qu’il apprenne cette science par tout autre nom qui lui
conviendra.. Le terme tassawwouf qui
est utilisé pour se référer aux voies de la purification du cœur, dénote la
même chose que tazkiyat al-nafs dans
le Coran. Les deux termes ont la même définition comme étant les sciences de
«l’austérité» (zouhd) et celle de la
perfection du caractère (ihsan). Les
termes zouhd et ihsan furent
utilisés au temps du Prophète (saw). Plus tard, ces termes furent définis en
détails et redéfinis sous la direction du Coran et du hadith, comme furent les
autres sciences Islamiques déjà citées.
Il y a quatre racines données au mot tassawwouf. La première dérive du mot
Arabe safa ou safw qui signifie pureté comme du cristal et limpide comme de
l’eau. Le Prophète (saw) compara le monde à une petite eau de pluie sur un
plateau de montagne dont la limpidité (safw)
avait déjà été bue et dont la lie (kadar)
seulement restait[11];
et il appela la Syrie la plus pure des terres d’Allah[12]
après la Mecque et Madina. Ibn al-Athir défini le mot dans son dictionaire
al-Nihaya comme «le meilleur de tout sujet, sa quintessence, et sa partie la
plus pure.»[13]
Une autre racine dérive de Ahl al-Soufa, (les gens du Banc), qui
furent ceux qui vivaient dans la mosquée du Prophète (saw) de son vivant et qui
furent mentionnés dans le Coran au verset suivant:
«(O Mouhammad,) Résigne-toi à la compagnie de ceux qui invoquent leur
Seigneur matin et soir désirant Sa Face; et ne laisse pas tes yeux se détourner
d’eux, voulant le luxe de ce bas-monde; et n’obéis pas à celui dont nous avons
rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le
comportement est outrancier.» (.18:.28)
Ce verset insiste sur la
nécessité des croyants à se maintenir
dans un état permanent de dhikr, le Souvenir d’Allah avec la bouche (la
langue), dans l’esprit, et à travers le cœur. Cette racine est parfois comparée
à ahl al-Saff, ou «les Gens du Rang»,
dans le sens de «premier rang», comme le premier rang est béni et les soufis
sont l ‘élite de la communauté.
La troisième de ces racines
est al-souf ou laine, comme ce fut la
coutume des gens pieux de Koufa de s’en revêtir. La quatrième racine
linguistique dérive de souffat al-kaffa
ou éponge molle en référence au soufi dont le cœur est très mou à cause de sa pureté. Ceci est la raison
pour laquelle le Prophète (saw) montra toujours sa préoccupation pour ses
Compagnons, en vue de purifier leurs cœurs et de leur montrer que le progrès du
«soi» est basé sur un cœur débarrassé de toutes les imperfections internes et
externes.
Le cœur est le siège de la sincérité en une personne sans lequel aucune de
ses actions ne sont acceptées. Le Prophète (saw) dit dans Boukhari: «Sûrement
il y a dans le corps un petit morceau de chair; s’il est en bon état le corps entier est en bon état, et s’il est
corrompu le corps entier est corrompu et c’est le cœur»; et il dit dans deux
autres hadiths rapportés par Mouslim: «Sûrement Allah ne regarde pas vos corps
ni vos faces, mais Il régarde vos cœurs» et «N’entrera au paradis quiconque a même un atome
d’orgueil en son cœur.» Plusieurs autres hadiths citent explicitement la
primauté du cœur:
·
Abou Hourayra rapporte: «Je dis: O Messager
d’Allah! Qui sera le premier à
bénéficier de ton intercession au jour de la résurrection?» Le Messager d’Allah
dit: «O Abou Hourayra! Je savais que personne ne pouvait me demander cette
question avant toi à cause de ton grand désir pour la connaissance de hadiths.
Le premier à bénéficier de mon intercession
au jour de la résurrection est celui qui dit «Il n’y a de Dieu qu’Allah»
purement et sincèrement de son cœur (qalb)
ou de son âme (nafs).»[14]
Ibn Hajar dit dans son commentaire sur Boukhari:
Le Prophète (saw) mentionna le cœur pour
insister, comme Allah dit à propos du pécheur: «Certes, il a un cœur
pécheur» (2:283)… «Le Premier» fait allusion à leur différent ordre d’entrée au
paradis comme distinct dans leur rang de sincérité, cette dernière qualité
étant mise en valeur par son dire «de son cœur» quoiqu’il soit clair que le
siège de la sincérité est le cœur. Cependant, l’attribution de l’action à cet
organe est plus accentuée.[15]
·
L’un des Compagnons nommé Wabissa rapporte que les
gens avaient l’habitude de demander au Prophète (saw)des questions au sujet des
bonnes choses, mais lui se résolu de lui demander qu’au sujet de mauvaises
choses. Lorsqu’il vint au Messager de Dieu, celui-ci le tapota sur la poitrine
avec ses doigts et dit par trois fois: «O Wabissa, la peur d’Allah est là.»
Ensuite il dit: «Demande la réponse à ton coeur, peu importe celle des autres.
»[16]
·
De la part d’Oumar: Le Prophète (saw) dit: «Toute
chose a une cire, et la cire du cœur est dhikr
Allah. Rien ne sauve une personne de la punition plus que le dhikr Allah.» Ils dirent: «Même pas le
jihad pour l’amour d’Allah?» Il dit: «Non, même si vous combattez jusqu’à ce
que vos sabres se brisent.»[17]
·
Ibn `Oumar rapporte: J’étais assis avec le
Prophète (saw) lorsque Hamala ibn Zayd al-Ansari de la tribu des Banou Haritha
vint à lui. Il s’assit en face du Messager d’Allah (saw) et dit: «O Messager
d’Allah, la croyance est là» – et il montra sa langue du doigt – «et
l’hypocrisie est là» -- et il montra son coeur du doigt – «et je ne fais pas
assez de dhikr Allah à l’exception d’un petit nombre.» Le Messager d’Allah
demeura silencieux. Hamala répèta ses mots au cours desquels le Prophète(saw)
saisi sa langue par son extrémité et dit: «O Allah, donne lui une langue
véridique et un cœur reconnaissant, et fait qu’il m’aime et aime tous ceux qui
m’aiment, et dirige ses affaires vers le succès.» Hamala dit: «O Messager
d’Allah, j’ai deux frères qui sont hypocrites; j’étais juste avec eux. Ne
dois-je pas les conduire à toi (afin que tu pries pour eux)?» Le Prophète (saw)
dit: «(oui), quiconque vient à nous de la manière dont tu es venu, nous
demanderons le pardon pour eux comme nous avons demandé le pardon pour toi; et
quiconque maintien cette voie, Allah devient son protecteur.»[18]
·
De Ibn `Oumar aussi: le Prophète (saw) dit: «Ne
parlez pas beaucoup, faites le dhikr Allah; parler beaucoup sans faire le dhikr
Allah endurci le cœur, et personne n’est plus éloigné d’Allah que celui qui a
un cœur dur.»[19]
Nous voyons que le
Prophète(saw) liait toute chose à la condition du cœur. Lorsque nous éliminons
nos mauvais caractères et que nous endossons les bonnes manières, nous aurons
un cœur parfait et sain; Ceci est la raison pour laquelle Allah mentionne dans le Coran: «Le jour où ni les
biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah
avec un cœur saint.» (26:88-89). Et Allah mentionne les cœurs de Ses vrais
savants (`oulama) lorqu’Il dit: «Il consiste plutôt en des versets évidents,
(préservés) dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné. Et seul les
injustes renient nos versets.»
Quelles sont les maladies du
cœur? L’Imam Souyouti dit dans son livre sur la tariqa Chadhili: «La science
des cœurs, la connaissance de ses maladies comme la jalousie, l’arrogance et la vanité, est une obligation pour
tout Musulman de s’en débarrasser.»[20] Les exégètes disent que la jalousie (hassad), l’ostentation (al-riya’), l’hypocrisie (al-nifaq) et la haine (al-hiqd) sont les caractères les plus
communs auquels Allah fait référence lorsqu’Il dit: «Dis: Mon Seigneur m’a
interdit les turpitudes tant apparentes que secrètes» (7:33). Allah mentionnant
«tant apparent que secret» est l’évidence de la nécessité pour toute personne
de ne pas seulement corriger et parfaire les actions extérieures, mais de
purifier celles qui sont cachées en son cœur et qui sont seulement connues de
son Seigneur.
Le tassawwouf est la science et
la connaissance par laquelle on apprend à
purifier le moi des mauvais désirs de l’égo, comme la jalousie, la
tricherie, l’ostentation, l’amour des éloges, la vanité, l’arrogance, la
colère, l’avidité, la radinerie, le respect du riche au dépend du pauvre, tout
comme on doit purifier son aspect externe. La science de tassawwouf enseigne la
purification selon le Saint Coran et la Sunna du Prophète (saw) et enseigne à
se vêtir des attributs parfaits (al-sifat
oul-kamila) dont la repentance (tawba),
la peur de Dieu (taqwa), se maintenir
dans le droit chemin (istiqama), la
franchise (sidq), la sincérité (ikhlas), l’abstentation (zouhd), la grande piété (wara’), se remettre à Allah (tawakkul), accepter le Destin (rida), s’abandonner à Allah (taslim), les bonnes manières (adab), l’amour (mahabba), le souvenir (dhikr),
la méditation (mouraqaba), et
plusieurs autres qualités trop nombreuses pour être énumérées ici.
Tout comme la science du hadith a des douzaines de classifications, de même
la science de tassawwouf a plusieurs classifications à savoir, les bonnes
caractéristiques (akhlaq hassana) que
le croyant doit obligatoirement développer, et les mauvaises (akhlaq dhamina) qu’il doit
obligatoirement éliminer, en vue d’atteindre l’état d’ihsan. Les bénéfices et
les buts de la science de tassawwouf rendent manifestes en nous le coeur de
l’Islam, sa précieuse essence et sa force. En effet, l’Islam n’est pas
seulement une pratique externe, mais il a aussi une vie interne. Ceci est la
raison pour laquelle Allah dit: «Evitez le péché apparent ou caché» (6:120) et
«Il y a parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur
engagement envers Allah» (33:23). Ceci signifie que tous les croyants ne sont
pas inclus dans ce groupe sélectionné de «ceux qui ont tenu leur engagement
envers Allah.» En d’autres termes l’on peut être croyant, mais ne pas être
parmi ceux qui ont tenu leur engagement à moins que l’on est atteint l’état de
la purification de soi, l’état d’ihsan, la perfection du caractère, que le
Saint Prophète (saw) mentionna dans le Saint Hadith. Et ceci, comme nous
l’avons maintenant rendu clair, est ce qui fut connu plus tard comme étant la science du tassawwouf.
Comme mentionné précédemment, l’évidence du tassawwouf à partir du Coran
est la même que l’évidence pour tazkiyat al-nafs ou la purification du soi, qui
a été établie dans les paragraphes antérieurs comme la définition du
tassawwouf. Allah dit: «C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre un
Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le
Livre et le Sagesse, car ils étaient auparavant dans un égarement évident»
(62:2). Le terme utilisé ici est wa
youzakkihim (les purifie). Les différents sens des différentes racines du
mot tazkiya en arabe sont:
·
zaka: «il nettoya» ou «il fut propre»
·
youzakki «netttoyer» et «être purifier»
·
tazkiya «purification»
·
zakat «la taxe Islamique pour le
nécessiteux,» «charité» «pureté»
·
azka «la plus pure»
·
zaki «pur, innocent»
Allah dit dans un autre verset: «Et par l’âme et Celui qui l’a
harmonieusement façonnée et lui a alors inspiré son immortalité, de même que sa
piété! A réussi, certes, celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui
la corrompt.» (91:7-10) Ce verset du Coran fait état de la nécessité de
purifier et de maintenir propre le nafs en vue de réussir dans cette vie et
dans l’au-delà: et ceci est précisément le but du tassawwouf. Les versets
suivants sont rélatés pour une telle auto-purification.
Des versets se référant à la purification et à la purification du soi dans
le Coran ont été déjà mentionnés. Allah dit:
·
«Notre Seigneur! Envoie l’un des leurs comme
messager parmi eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et
la Sagesse, et les purifier.» (2:129)
·
«Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager
de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie…» (2:151)
·
«Réussit, certes, celui qui se purifie, et se
rappele le nom de son Seigneur, puis prie.» (87:14-15)
·
«Et quiconque se purifie, ne se purifie que pour
lui-même, et vers Allah est la Destination.» (35:18)
Dans tous ces versets Allah
Tout-Puissant fait état des mutassawif,
ou ceux qui sont préoccupés à se purifier. Ils se souviennent de leur Seigneur
en tout lieu et en tout moment en invocant Ses Noms et Attributs, et ils sont
attentifs dans leurs prières. Ceci est l’essence du tassawwouf, et aussi
l’essence de l’Islam. Nous rappelons encore au lecteur que ceci n’est qu’un
terme technique, qui peut être remplacé par tout autre synonyme. Pour quiconque
prétend suivre ou pratiquer l’Islam, alors ce combat pour la purification du
soi est obligatoire, comme il est clairement ordonné dans ces versets. En
vérité, il est sans importance de prétendre qu’il puisse avoir une soumission
totale à Allah sans se purifier soi-même et voici pourquoi certains savants,
parmi lesquels l’Imam Ghazali et l’Iman Souyouti, ont considéré le tassawouf
comme une obligation religieuse (wajib).[21]
Que l’on réussisse ou non dans cette poursuite dépend d’Allah, mais quoiqu’il en
soit sa nécessité incombe à tous les Musulmans, hommes et femmes.
Il
Promet De Guider Les Mouhsinin
Allah ordonne: «O vous qui croyez! Craignez Allah, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui
et luttez pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent!» (5:35).
Ce verset ordonne de se battre dans la voie d’Allah – et non dans celle de
l’égo et vers ses désirs – si l’on souhaite être victorieux. Et il indique la
nécessité de suivre les pas du Prophète comme un moyen pour s’approcher d’Allah
Tout-Puissant, et le prendre ainsi que ceux qui le connaissent comme guides.
Allah dit aussi: «O vous qui
croyez! Craignez Allah et soyez avec les véridiques.» (9:119). Le verset montre
une évidence de la nécessité de tenir compagnie et de s’associer avec les
meilleurs serviteurs d’Allah. Les Sadiqin
sont ceux qui ont atteint les plus hauts niveaux de la foi selon le verset déjà
mentionné: “Il est parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans
leur engagement envers Allah. Certains d’entre eux sont morts, et d’autres
attendent encore; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement).
(33:23). Ceci signifie qu’en tout temps il y a des gens qui tiennent solidement
à leur engagement envers Allah. Ceux-là sont les amis d’Allah mentionnés dans
d’autres versets, parmi lesquels: «En vérité, les bien-aimés d’Allah seront à
l’abri de toute crainte, et ils ne sont point affligés» (10:62). L’un de ces
Amis d’Allah est al-Khidr. On ordonna au prophète Moise de l’accompagner afin
d’apprendre une partie de sa sagesse.
Allah dit: «Quant à ceux qui
luttent pour notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est
en vérité avec les bienfaisants» (29:62). La plupart des savants de l’Islam
pratiquèrent tazkiyat al-nafs et
essayèrent d’atteindre l’état d’ihsan
illustré par le haut calibre des saints auquel le verset ci-dessus fait
allusion. Ils sont les pieux exemples de ceux qui répendirent l’Islam en Asie
Centrale, en Inde, au Pakistan, en Turquie, en Bosnie, en Indonésie, en
Malaisie, en Chine, en Indochine, en Espagne, et en Afrique. Tous ces savants
pratiquèrent le tassawwouf et utilisèrent ses métodes pour propager l’Islam
dans ces pays, à travers leurs états de zouhd,
wara', taqwa et tazkiya, ce qui
les rendit comme des aimants pour les masses des gens qui se virent attirés à
l’Islam par leur canal.
Allah décrit éloquemment la
rencontre de Sayiddina Moussa avec Sayiddina Khidr dans les versets suivants:
«Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avons donné une grâce de
Notre part, et à qui Nous avons enseigné une science émanant de Nous. Moïse lui
dit: «Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes ce qu’on t’a appris
concernant une bonne direction?» L’autre dit: Sûrement, tu ne pourras pas être
patient avec moi.» (18:65-67). De ces versets, nous voyons que quoique Sayiddina Moussa fut un prophète et de
surcroit le seul prophète à parler directement à Allah (kalimoullah), Sayiddina Khidr possédait une connaissance que Moise
n’avait pas, et qu’il cherchait à obtenir de lui. Khidr recevait son savoir
directement de la Présence d’Allah (`ilm
ladounni) car il était , comme nous l’avons dit, l’un des Amis d’Allah.
Allah dit aussi: «Et suis le
chemin de celui qui se tourne vers Moi» (31:15). Youssouf `Ali commente
convenablement ce verset en ces termes: «Ceci est le chemin de ceux qui aiment
Allah.» Ceci est en effet un état d’amour qui est lié au coeur, non à l’esprit.
A partir de l’ordre de tenir compagnie avec les Véridiques, à partir des
versets de la rencontre de Moise avec al-Khidr, et à partir de l’ordre de
suivre la voie des vrais Amoureux d’Allah, nous dérivons trois des nombreuses
preuves de l’obligation de suivre un guide ou «maître d’éducation» (cheick al-tarbiya) dans la terminologie
technique du tassawwouf.
Dans son livre intitulé Rawdat
al-mouhibbin wa nouzhat la-moushtaqin
(Le jardin des amoureux et la promenade des aspirants), Ibn Qayyim al-Jawziyya assembla quelques dires des grands Soufis
sur l’amour et sa priorité dans l’adoration[22]:
·
Jounayd dit, «j’entendis al-harith al-Mouhassabi dire,
l’amour est quand tu t’inclines complètement envers quelque chose, ensuite la
préférence de cette chose sur soi-même et sur ton esprit et tes possessions,
ensuite la conformité avec cette chose intérieurement et extérieurement, et la
réalisation de ta faiblesse dans ton amour pour Lui.»
·
Abdoullah ibn al-Moubarak dit: «Quiconque auquel
est donné une portion d’amour et auquel il n’est pas donné une équivalence de
piété, a été lésé.»
·
Yahya bin al-Mouadh al-Razi dit: «Un amour du
poids d’un atome est préférable pour
moi que d’adorer plus de soixante-dix années sans amour.»
·
Abou Bakrah al-Qattani dit: «Il y avait une
discussion au sujet de l’amour (de Dieu)
à la Mecque au cours du pèlerinage et les cheicks en parlèrent. Jounayd
était le moins âgé d’entre eux et ils dirent: Dit ce que tu possèdes O Iraqi.
Il baissa sa tête par déférence et ses yeux se remplirent de larmes ensuite il
dit: Un esclave se laissant lui-même, connecté avec le souvenir de son
Seigneur, debout avec l’accomplissement de ses obligations, Le regardant avec
son cœur, lequel cœur est consumé par la lumière de son Essence, sa soif est
satisfaite du verre de Son amour, et s’il parle c’est par Allah, et s’il met en
garde c’est d’Allah, et s’il se déplace c’est sur l’ordre d’Allah, et s’il est
silencieux c’est qu’il est avec Lui, et il est par Allah, il est pour Allah, il
est avec Allah (fa houwa billahi wa
lillahi wa’allahi). Les cheicks s’esclamèrent et dirent: Il n’y a rien
au-dessus de ceci, qu’Allah te renforce, couronne des Connaisseurs!»
Ces mots de Jounayd sont liés
à l’un des textes fondamentaux montrant l’évidence du miracle ou karamat des
saints, le hadith qoudsi (dire
inspiré) rapporté dans Boukhari par Abu Hourayra, le Messager d’Allah dit:
«Allah dit»:
Quiconque nuit à celui qui s’est consacré à Moi, Je lui déclarerai la
guerre. Mon serviteur ne se rapproche de Moi par rien qui M’est agréable que
l’accomplissement des obligations que Je lui ai imposées. Mon serviteur ne
cessera de se rapprocher de Moi par des pratiques surérogatoires jusqu’à ce que
Je l’aime, et quand Je l’aime, Je deviens l’oreille par laquelle il entend, les
yeux par lesquels il voit, la main par laquelle il empoigne, son pied par
lequel il marche. S’il Me sollicite quelque chose, certes, Je la lui accorderai,
et s’il sollicite Ma protection, certes, Je la lui accorderai …
·
L’amour d’Allah fut mentionné par Dhoul-Noun et il
dit: «Assez, ne discutez pas de cette question car le nafs l’entendra et il le
réclamera.» Et il continua:
«En ce qui concerne le
rebel, la peur et le remord sont meilleurs! L’amour d’Allah est pour celui qui
a déjà peur et est purifié de toute vulgarité.»
·
Dhoul-Noun dit aussi: «Pour toute chose il y a une
punition, et la punition pour le Connaisseur d’Allah est lorsqu’il est détaché
du souvenir d’Allah (dhikroullah).»
·
Jounayd fit allusion à cette différence de niveaux
dans sa réponse lorsqu’il fut questionné: «Par dessus tout, il y a des gens qui
disent que définitivement ils atteignent le niveau de la bonté en ne faisant
aucune action.» Il dit: «Parlent-ils de la suppression des actes (obligatoires
et autres)? Non, quiconque commet l’adultère et vole est mieux que celui qui
tient un tel propos. Car sûrement les connaisseurs d’Allah (al `arifina billah) prennent les actions
dictées par Allah et retournent à Lui avec ces actions, et si j’avais à vivre
mille années je ne diminuerais jamais de faire de bonnes actions.»
·
Jounayd dit aussi: «Le connaisseur d’Allah n’est
pas considéré comme connaisseur jusqu’à ce qu’il ne devienne comme la terre; ça
lui est égal qu’une bonne ou une mauvaise personne le piétine; ou comme la
pluie, elle tombe sans discrimination sur ceux qu’elle aime ou ceux qu’elle
n’aime pas.»
·
Soummoun dit: «Les amoureux d’Allah ont obtenu
l’honneur des deux mondes, celui-ci et celui de l’au-delà. Le Prophète dit:
«L’être humain est avec celui qu’il aime.» Ils sont avec Allah dans la dunya et
dans l’au-delà.»
·
Yahya ibn Mou’adh dit aussi: «Il n’est pas
véridique celui qui prétend qu’il L’aime et trépasse Ses limites.»
·
Et il dit: «Le connaisseur d’Allah abandonne cette
vie mondaine et il n’a pas assez de deux choses: pleurer sur son propre soi, et
son grand désir pour son Seigneur.»
·
Et quelqu’un dit: «Le connaisseur d’Allah ne
devient un connaisseur jusqu’à ce que lui soit offert les trésors de Soulayman,
cela ne l’intéressera pas, même pas le temps d’un clignement de paupières.»
Après les versets qui s’adressent à l’auto-purification, citons maintenant
des versets qui évoquent l’état d’ihsan ou l’excellence du caractère. Allah
dit:
·
«La Miséricorde d’Allah est proche des
bienfaisants.» (7:56)
·
«Certes, Allah est avec ceux qui L’ont craint avec
piété et ceux qui sont bienfaisants.» (16:128)
·
«Y a-t-il d’autre récompense pour l’Excellence que
l’excellence ?» (55:60)
·
«Et il récompense ceux qui font le bien par la
meilleure récompense.» (53:31)
·
«Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance
(ihsan) et l’assistance aux proches.
Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous
exhorte afin que vous vous souveniez.» (16:90)
·
«Non, mais quiconque soumet à Allah son être entier tout en faisant du bien ( dans
l’état d’ihsan), aura sa rétribution
auprès de son Seigneur. Pour eux nulle crainte, et ils ne serons point
attristés.» (2:112)
·
«Et quiconque soumet son être entier à Allah tout
en étant bienfaisant (ihsan),
s’accroche réellement à l’anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient
à Allah» (31:22)
·
«Qui est meilleur en religion que celui qui soumet
son être entier à Allah tout en oeuvrant bien dans la voie qu’Allah aime…»
(4:125).
Les versets au sujet de l’état
d’ihsan sont très nombreux , mais ce
qui a été cité est suffisant. Le sens de ihsan, comme le Prophète l’a défini,
c’est prier avec humilité et soumission (khoudou'
et khouchou') comme si l’on voyait Allah et être conscient qu’Il nous voit.
Dans son livre «Livre de Définitions» (Kitab
al-ta’rifat), al-Jourjani (d. 816) dit:
al-ihsan: nom verbal dénotant ce que l’on doit faire dans la voie du bien. Dans la
Chari`a cela signifie adorer Allah comme si tu Le vois, et si tu ne Le vois
pas, Il te voit. C’est le degré de la vraie adoration dans la servitude prédit
dans la vue de la divinité avec la lumière de la vision spirituelle (al-tahaqqouq bi al-`ouboudiyya `ala
moushahadat hadrat al-rouboubiyya bi nour al-basira). Ceci est: la vue d’Allah comme Il est décrit par Ses
attributs et à travers Son réel atttribut, afin que l’on puisse Le voir avec
certitude, non littéralement (fa houwa
yaqinan wa la yarahou haqiqatan).
C’est la raison pour laquelle le Prophète dit: «Comme si tu Le voyais.» Car on
Le voit derrière le voile de Ses attributs.[23]
Le mot ihsan et ses dérivés
ont les sens suivants dans le dictionnaire:
hassouna: “devenir, sembler, rendre excellent, beau”
ihsanan: “faire excellemment”
ahsana: “il fit une bonne action”
ihsan: “gentillesse”
housna: “récompense”
hassan: “excellent, beau”
hissanoun: “beaux”
«Devenir beau» dans le premier sens de ces définitions signifie se décorer
avec de bons attributs, embellir intérieurement et extérieurement. Utiliser
comme adjectif, il signifie gentillesse comme une caractéristique ou une
attitude interne aussi bien que tranquilité.
Il apparait évident que l’état d’ihsan cité dans le Saint Coran est un état très important, état que
l’ange Jibril dé- montra comme partie intrinsèque de la religion, et qu’il plaça au même niveau que les états de
l’Islam et de la foi. La religion consiste en trois états , l’Islam, l’Iman et
l’Ihsan, chacun avec sa définition. Ceci est la raison pour laquelle il est
mentionné en plusieurs lieux dans le Saint Coran et la raison pour laquelle
lorsque le Prophète fut questionné à ce sujet par Jibril, il lui donna la même
importance que l’Islam et l’Iman.
Ceci est le sens de la science
entière du tassawwouf. A ceux qui s’y opposent nous disons: Vous pouvez changer
ce terme si vous ne l’aimez pas, mais nous l’aimons ainsi parce que c’est un
terme bien connu, bien utilisé. Les termes ne changent pas la nature ou la
réalité fondamentale d’une chose. Comme l’adage le dit, «une rose quelque
soit le nom qu’on lui donnera aura toujours une bonne odeur.»
Comme nous l’avons dit dans les paragraphes antérieurs, le terme tassawwouf
est un terme technique qui a pris ses origines à travers les sens variés que
nous avons cités dans la première et seconde réponse. Il a ses racines
profondes dans la Sunna du Prophète, dans la mesure où son origine est l’ihsan,
l’état d’Excellence qui est mentionné dans le hadith de Jibril, hadith qui est
connu par tous les savants comme «la source de la Sunna et de tous les hadiths»
(oumm al-Sunna wa oumm al-ahadith).
Oumar – qu’Allah lui accorde Sa
satisfaction – dit aussi: «Pendant que nous étions assis un jour avec le
Messager d’Allah – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – soudain un
homme vint à nous. Il était habillé d’un vêtement excessivement blanc. Ses
cheveux étaient très noir. Il n’y avait pas de signe de voyage sur cette
personne. Aucun d’entre nous ne le connaissait. Il alla s’asseoir en face du
Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – appuyant ses genoux
contre les genoux du Prophète et ses mains sur ses jambes.
Il dit: «O Muhammad!
Informe-moi au sujet de l’Islam.» Le Messager d’Allah – la bénédiction et le
salut d’Allah sur lui – dit: «L’Islam est le témoignage qu’il y n’a de Dieu qu’Allah,
et que Muhammad est le Messager d’Allah; de faire la prière; de payer la zakat;
de jeûner pendant le mois du Ramadan; et d’effectuer le pèlerinage à la (maison
d’Allah) si tu as les moyens de t’y rendre.» L’homme dit: «Tu as dit la
vérité.» Nous étions surpris de lui: comment peut-il être en train de poser des
questions au Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – et en même
temps confirmer ses réponses? Ensuite il dit: «Parle-moi au sujet de la Foi.»
Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «La Foi est de
croire en Allah, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, au Jour du Jugement, et
de croire en la prédestination, le bon et le mal.» L’homme dit: «Tu as dit la
vérité. Maintenant, parle-moi au sujet de l’Ihsan.» Le Prophète – la
bénédiction et le salut d’Allah sur lui – répondit: «L’Ihsan est d’adorer Allah
comme si tu Le vois, car si tu ne Le vois pas, certainement Il te voit.»
L’homme dit: «Maintenant
informe-moi au sujet de l’Heure.» Le Prophète – la bénédiction et le salut
d’Allah sur lui – dit: «Celui qui est questionné n’en sait pas plus que celui
qui questionne.» Il dit: «Ainsi parle-moi au sujet de ses signes.» Il répondit:
«La fille-esclave donnera naissance à ses maîtresses, et tu verras les va-nu-pieds,
pauvres bergers construire de grands buildings.» Alors il s’en alla et le temps
s’écoula. Longtemps après il me dit: «O `Oumar, sais-tu qui posait ces
questions?» Je dis: «Allah et Son Messager savent mieux.» Il dit: «Il n’était
rien d’autre que Gabriel. Il était venu vous enseigner votre religion.»
Rapporté par Mouslim.
Dans cet hadith, Jibril a
divisé la Religion en trois catégories ou branches, à partir desquelles toute
la religion, tous les hadiths et toute la Sunna dérivent. Et, il précisa chaque
branche en posant chaque question séparément. La première branche était au
sujet de la question «Qu’est-ce l’Islam?»,
la seconde était au sujet de la question «Qu’est-ce l’Iman?», et la troisième était au sujet «Qu’est-ce l’Ihsan?» Nous ne pouvons pas dire que la
Religion est seulement l’Islam, ou seulement l’Iman ou seulement l’Ihsan. Nous
disons que chaque branche est essentielle à la Religion, et ne peut pas être séparée. Le Prophète, dans ses réponses
à ces questions confirma ceci et dit à ses Compagnons après que Jibril soit
parti, «Jibril était venu vous enseigner votre religion.»
Nous voyons à partir de ce
hadith de Jibril qu’il catégorisa la religion en trois piliers ou composantes
essentielles. Le premier est le pilier de l’Islam.
Le deuxième est le pilier de l’Iman
et le troisième est le pilier d’Ihsan.
Le premier pilier est le côté pratique de la religion, comprenant l’adoration,
les actions et autres obligations. L’état de ce pilier est le côté externe du
soi, qui a attrait au corps et à la communauté. Les savants appellent celui-ci
la Chari`a. Les savants sont spécialisés en cette science et elle fut nommée
«Science de la Jurisprudence» (`ilm
al-fiqh). Le second pilier consiste en la croyance à travers l’esprit et le
cœur. Cela signifie croire en Allah, en Ses Messagers, Ses Livres, les Anges,
le Jour du Jugement, et le Destin. Et ceci fut connu par les savants comme `ilm al-tawhid. Le troisième pilier est
le principal sujet du tassawwouf.
Ihsan (La Perfection Du Caractère)
Le troisième aspect de la Religion est connu comme l’aspect spirituel du
cœur, qui combine avec le premier pilier, l’adoration, et le deuxième pilier,
la croyance, amène l’individu à être conscient d’être en présence d’Allah dans
toutes ses actions et pensées comme s’il Le voyait. Et s’il ne peut Le voir – parce que personne ne peut Le
voir dans cette vie -- alors, il doit garder la permanence de la présence d’Allah dans son cœur, sachant
qu’Il est présent dans chaque atome et chaque particule de son adoration et de
sa croyance – voilà, les états et
qualités de son adoration et sa croyance. En conséquence, cela produira en lui
un état d’excellence, un état de haute qualité, en ayant à l’esprit la présence
de la vision d’Allah sur lui et en
ressentant le plaisir spirituel et la lumière de la connaissance
qu’Allah dirigera à son cœur en guise de Sa faveur et de Sa gratitude. Voilà ce
que les savants ont nommé la Science de la Vérité ou `ilm al-haqiqa, connue dans le temps des Compagnons comme al-siddiqiyya ou la voie des saints
véridiques. C’est plus tard qu’il fut
connu sous le nom de tassawwouf.
Nous pouvons résumer les
définitions précédentes en disant que l’islam
prescrit les comportements du Musulman, l’iman
décrit ses croyances et les définit, et l’ihsan se réfère à l’état du coeur qui détermine si l’Islam et
l’Ihsan de l’un portera fruit dans cette vie ou dans celle de l’au-delà.
L’évidence de ceci est rapporté dans Boukhari dans le hadith mentionné dans les
paragraphes précédents: «Sûrement il y a un morceau de chair dans le corps,
s’il est bon tout le corps est bon et s’il est corrompu tout le corps est
corrompu et c’est le cœur.»
{ chahada
{ salat
{ islam { zakat
{ { sawm
{ { hajj
{
{ { billah
DIN
{ { wa mala'ikatihi
{ { wa koutoubihi
AL-
{ iman { wa roussoulihi
{ { wa al-qadar khayrihi
ISLAM { { wa charrihi
{ { wa al-yawmi al-qkhir
{
{ { taqwa
{ an ta`bouda Allah { wara’
{ ka’annaka tarah
{ zouhd
{ (adorer Allah comme { khouchou
{ si tu Le vois)
{ khoudou
{ ihsan { sabr
{ { tawba
{ { rahma
{ karam
{ hilm
…
Ihsan est divisé en plusieurs parties comprenant toutes les bonnes
caractéristiques et qualités du croyant telles
que taqwa (la crainte
d’Allah), wara' (la peur scrupuleuse
d’Allah), zouhd (l’ascétisme), khoushou (la révérence), khoudou (l’humilité), sabr (la patience), sidq (la franchise), tawakkoul
(la confiance), adab (les bonnes
manières), tawba (le repentir), inaba (le retour à Allah), hilm
(l’indulgence), rahma (la
compassion), karam (la générosité), tawadou' (l’humilité), haya (la modestie), chaja`a (le courage), etc..
Toutes ces qualités sont
celles du Prophète, et le caractère du Prophète est le Coran , selon le dire
d’Aïcha «Son caractère était le Coran.»[24]
Le Prophète à son tour revêtit ses Compagnons avec ces qualités si bien qu’ils
devinrent de parfaits et de brillants exemples pour l’humanité à savoir comment
les êtres humains devraient vivre en parfaite harmonie avec le Créateur et
entre eux.
Dans son explication de cet
hadith, l’Imam Nawawi parle de l’Ihsan
sous les termes de maqam al-mouchahada
(la station de l’expérience) et maqam
al-siddiqin (la station des Saints les plus véridiques) qui sont des branches
du tassawwouf. Le texte complet du commentaire sur le hadith de Jibril par
l’Imam Nawawi est le suivant.
«Parle-moi au sujet de la foi (iman).»
L’Iman, lexiquemment parlé,
signifie une conviction de nature générale. Légalement, c’est une expression
pour une conviction spécifique dans la croyance en Allah, Ses anges, Ses
livres, Ses messagers, le jour dernier, et tout ce qui est décrété, le bon et
le mal. Islam est un mot signifiant
la performance des obligations légales. Celles-là sont les actions externes que
l’on applique à soi-même.
Allah Le plus Exalté a fait
une différence entre la foi (iman) et
la soumission et ceci est aussi mentionné dans le hadith. Il dit: «Les Arabes
disent: «Nous avons la foi.» Dit: «Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt:
Nous sommes simplement soumis» (49:14). Ceci est parce que les hypocrites
priaient, jeûnaient, et payaient l’aumône légale cependant ils niaient dans
leur cœur. Lorsqu’ils prétendaient avoir la foi, Allah déclara leur
revendication de mensonge à cause du refus dans leur cœur, mais Il confirma
leur revendication de soumission à cause de leur performance des devoirs.
Allah dit: «Quand les
hypocrites viennent à toi, ils disent: «Nous attestons que tu es certes le
Messager d’Allah,» Allah sait que tu es vraiment Son Messager, et Allah atteste
que les hypocrites sont assurément des menteurs» (63:1). Ils sont menteurs dans
leur revendication d’attestation au message puisque leurs cœurs le nient. Les
mots de leur bouche ne sont pas en accord avec le contenu de leurs cœurs, alors
que la condition de l’attestation au message est que la langue confirme ce que
contient le cœur. Lorsqu’ils mentaient dans leur revendication, Allah exposait
leur mensonge.
Puisque la foi est aussi une
condition pour la validité de la soumision, Allah l’Exalté différencie le
soumis (musulman) du croyant (mou'min) en disant: «Nous avons donc
fait sortir ce qu’il y avait comme croyants, mais Nous n’y avons trouvé qu’une
maison de gens soumis» (51:35-36). Cette distinction lie la croyance et la
soumission comme étant une condition et son exécution.
Pour finir, Allah désigna la
prière par le nom de "foi" lorqu’Il dit: «Et ce n’est pas l’objectif
d’Allah de vous faire perdre votre foi» (2:143) et «Tu n’avais aucune
connaissance du Livre ni de la Foi» (42:52). Il parle de la prière.
«Et de croire en ce qui a été décrété (qadar),
le bien et le mal.»
Le mot est prononcé de deux manière; qadar
et qadr.
La voie des Gens de La Vérité
(c’est-à-dire Ahl al-Sunna wa al-Jama`a) est de fermement croire au décret
d’Allah. Le sens de ceci est qu’Allah – Glorifié et Exalté soit-Il – a décrété
les choses depuis la pré-éternité et qu’Il – Glorifié et Exalté soit-Il – sait
qu’elles se manifesteront aux temps qui sont connus de Lui; et elles se
dérouleront exactement selon ce qu’Il a décrété – Gorifié et Exalté soit-Il!
Sache qu’il y a quatre sortes
de décrets:
1. Le décret dans la Prescience Divine. Il est dit à son sujet: L’affection (`inaya) devant l’amitié (milaya), le plaisir avant la naissance,
et la moisson se poursuit dès les
premiers fruits. Allah l’Exalté dit: «Est détourné de lui quiconque a été fait
pour être détourné» (51:9). En d’autres mots, l’un est détourné d’entendre le
Coran et de croire dans ce monde celui qui a été détourné d’eux dans la
pré-éternité.»[25]
2. Le décret sur la Tablette Protégée. Un tel décret peut être changé. Allah:
«Allah efface ce qu’Il veut, et Il confirme ce qu’Il veut, et l’Ecriture Mère
est auprès de Lui» (13:39). Nous savons qu’Ibn `Oumar avait l’habitude de dire
dans ses invocations: «O Allah, si Tu as prédestiné des difficultés pour moi,
efface-les et écrit de la félicité pour moi.»
3. Le décret dans la matrice concernant ce que l’ange est ordonné d’écrire au
sujet de la subsistance et le terme de la vie de l’un, et s’il sera malheureux
ou prospère.
4. Le décret qui consiste à rejoindre des choses spécifiques pré-établies au
moment où elles doivent se dérouler, car Allah l’Exalté a créé à la fois le
bien et le mal et a ordonné qu’ils atteignent Ses serviteurs au temps désigné
par Lui.
Il est évident qu’Allah Tout
-Puissant créa à la fois le bien et le mal puisqu’Il dit: «Les criminels sont
certes dans l’égarement et la folie. Le jour où on les traînera dans le feu sur
leur visage on leur dira: "Goûtez au contact de l’enfer Sakar." Oui!
Nous avons créé toute chose avec mesure (qadar)»
(54:47-49). Ce verset fut révélé concernant les partisants du libre arbitre
absolu ou Qadariyya à qui on a dit: «Votre croyance est en enfer.»
Comme évidence supplémentaire
de ce qui a été décrété , l’Exalté dit: «Dit: Je cherche refuge auprès du
Seigneur du couperet contre le mal qu’Il a créé» (113:1-2). La lecture de ce
serment au moment où quelque chose de bien arrive au serviteur d’Allah
repoussera le mal avant qu’il l’atteigne. Il y a aussi dans le hadith: «Les
bonnes actions et renforcer les liens familiaux évitent une mort terrible et
éventuellement la change en une bonne»[26];
«L’invocation et l’affliction sont suspendues entre le ciel et la terre,
vivante, et l’invocation repousse l’affliction avant qu’elle ne descende.»[27]
Les partisans du libre arbitre
absolu [les Mou`tazila] prétendent qu’Allah l’Exalté n’a prédestiné aucune
chose, que Sa connaissance ne les précède pas, qu’elles commencent à exister
seulement lorsqu’elles se déroulent et que c’est à ce moment seulement qu’Il –
Exalté soit-Il – les connait. Ils mentent au sujet d’Allah. -Exalté soit-Il -Il
est très haut, au-dessus de leur propos mensonger. Ils rentrèrent dans
l’obscurantisme.
Plus tard les Qadariyya disent que le bien provient
d’Allah pendant que le mal provient de quelqu’un d ‘autre que Lui. Allah
est aussi Exalté haut au-dessus d’une telle déclaration. Dans un hadith
authentiquement rigoureux, le Prophète dit: «Les croyants au libre arbitre
absolu sont les Zoroastriens de cette Communauté.»[28]
Il les nomma Zoroastriens parce que leur école de pensée ressemble à celle du
dualisme Zoroastrien. Les Dualistes prétendent que le bien est effectué par la
lumière et le mal par l’obscurité, et c’est ainsi qu’ils méritèrent ce nom.
Similairement, les partisants du libre arbitre absolu attribuent le bien à
Allah et le mal à quelqu ‘un d’autre que Lui,– Exalté soit- Il –Il est le
Créateur à la fois du bien et du mal.
L’Imam des Deux Sanctuaires[29]
dit dans le "Livre de Guidance aux Preuves Définitives Concernant les
Fondations de la Coyance"[30]
que certains des Qadariyya disent:
«Ce n’est pas nous, mais vous (Ahl al-Sunna) qui êtes les Qadariyya à cause de
votre croyance au soit disant Décret.» Jouwayni répondit à ces ignares qu’ils
se sont attribués le pouvoir du décret, et quiconque revendique, par exemple,
le pouvoir du mal et se l’attribue, mérite son attribu, plutôt que celui qui
l’attribue à d’autres qu’à lui-même et nie toute paternité à son sujet.
«Informe-moi au sujet de l’ihsan.»
Il dit: «L’ihsan c’est l ‘adoration
d’ Allah comme si tu Le voyais.»
Ceci est la station de la Vrai Vision ( maqam al-mouchahada). Quiconque est
capable de voir directement le Roi répugne à se tourner vers d’autres que Lui
dans la prière et à affairer son cœur avec d’autres que Lui.
La Station d’ihsan est la
Station des Saints les Plus Véridiques (maqam
al-siddiqin) à laquelle nous avons fait référence dans notre commentaire
sur le hadith de l’intention (Les actions sont selon leurs intentions):
[Al-Mouhassibi dit: «La
véracité (sidq) en tant qu’attribut
d’un serviteur d’Allah, signifie la constance dans le comportement visible et
caché d’une personne, en privé comme en public. La véracité est réalisée après
la réalisation de toutes les stations (maqamat)
et états (ahwal). Même la sincérité (ikhlas) a besoin de la véracité, alors
que la véracité n’a besoin de rien, parce que quoique la réelle sincérité est
de chercher Allah à travers l’obéissance, on peut chercher Allah en priant et
toujours être insouciant ou absent en son propre cœur en cours de prière. La
véracité est ainsi chercher Allah au moyen de l’adoration avec une complète
présence du cœur devant Lui. En vérité tout véridique (sadiq) est sincère (moukhlis),
pendant que tout sincère n’est pas véridique. Ceci est la signification de
connection (ittissal) et déconnection
(infissil): le véridique s’est
déconnecté de tout ce qui est autre qu’Allah (ma siwa Allah) et il
s’est empressé en la présence auprès d’Allah (al-houdour billah). Ceci est aussi le sens de la renonciation (takhalli) de tout ce qui est autre
qu’Allah et l’auto-revêtement (tahalli)
avec la présence auprès d’Allah, Le Glorifié, L’Exalté.»]
«Il te voit certainement».
Il voit ton insouciance si tu
es insouciant pendant la prière et que tu converses avec ton moi.
«Informe-moi au sujet de l’Heure.» Il répondit: «Celui qui est interrogé n’en sait pas plus sur elle que celui qui
l’interroge.»
Cette question indique que le
Prophète – le salut et la paix d’Allah sur lui – ne connaissait pas l’Heure. La
connaissance de l’Heure est parmi les choses dont Allah s’est réservé la
connaissance. Il dit: «La connaissance de l’Heure est auprès d’Allah» et «C’est
lourd dans les cieux et sur la terre, et elle ne viendra à vous que
soudainement» (7:187) et «Qu’en sais-tu? Il se peut que l’Heure soit proche»
(33:63, 42:17).
En ce qui concerne ceux qui prétendent
que l’âge de ce monde est de 70000 ans et qu’il en reste 63000, c’est une
fausse déclaration rapportée par al-Tawkhani dans les «Causes de la Révélation»
par certains astrologues et mathématiciens. Encore, quiconque prétend que le
terme du monde est de 7000 années, fait une affirmaton audacieuse au sujet de
l’Inconnu, et ce n’est pas permis d’y croire.
«Informe-moi au sujet de ses signes.» Il répondit: «Quand la fille-esclave donnera naissance à sa propre maîtresse.»
Une autre version dit: «à son
maître.» La plupart des commentateurs disent que ceci est un signe de
multiplicité des filles-esclaves et leurs progénitures. Un enfant né d’un
maître de fille-esclave est comme son maître, parce que les possessions du
proprétaire vont à ses enfants. Certains disent que la signification se réfère
aux filles-esclaves donnant naissance à des rois. La mère tombera alors sous la
souveraineté de son fils. Une autre signification est qu’une personne peut
avoir un fils avec une fille-esclave avant de la vendre; ensuite le fils
grandit et achète sa propre mère. Ceci est une des conditions de l’Heure.
«Quand tu verras les
va-nu-pieds, les déguenillés, les pauvres gardiens de bêtes rivalisant les uns
les autres dans la construction de grands buildings.»
Cela signifie que les Bédoins qui vivent dans le désert et leurs
semblables parmi les parvenus et les pauvres deviendront des experts dans
l’érection de grandes structures. Le monde leur sera généreux et ils finiront
par vivre dans le luxe avec leurs buildings.
«Et il (le Prophète) attendit [labitha] longtemps.»
Les rapports disent aussi:
«J’attendis [labithou] longtemps.»
Les deux sont fiables. Dans la narration d’Abou Dawoud et de Timidhi, `Oumar
dit: «Après trois jours.» Dans le Charh
al-Tanbih de Baghawi, il est rapporté: «Après trois jours ou plus,» ce qui
apparemment signifie après que trois nuits soient passées. Tout ceci
apparemment contredit la version d’Abou Hourayra dans sa narration (dans
Boukhari): «L’homme se leva et parti, après lequel le Messager d’Allah dit – la
paix et le salut d’Allah sur lui: «Ramenez-moi cette personne» et ils le
cherchèrent pour le ramener, mais ils ne trouvèrent personne. Alors il dit—la
paix et le salut d’Allah sur lui: «C’était Gabriel.»»
Il est possible de
réconcillier les deux versions de l’évènement en considérant qu’Oumar n’a peut
être pas été présent au moment de la révélation du Prophète – la paix et le
salut d’Allah sur lui –qu’il s’était levé et avait pris congé du groupe à ce
moment-là. Ainsi le Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui – fit juste
sa révélation à ceux qui furent présents, et ils informèrent `Oumar à leur tour
après trois jours, puisqu’il n’avait pas été présent au moment où le reste des
Compagnons avaient été informés.
«C’était Gabriel. Il était venu
vous enseigner les prescriptions de votre religion.»
Il y a une indication dans
cette déclaration que l’islam, l’iman, et l’ihsan sont ensembles nommés «religion» (din).
Le hadith démontre que la
croyance au décret d’Allah est une obligation, et que l’on doit éviter les
choses interdites, et que le contentement avec ce qui advient est une
obligation.
Un homme vint à Ahmad ibn
Hanbal – qu’Allah soit satisfait de lui – et dit: «Donne-moi des conseils»: Il
lui dit:
«Si Allah l’Exalté S’est
approprié la provision de toutes les subsistances, pourquoi t’inquiètes-tu? Si
en vérité la compensation pour toutes les choses appartiennent à Allah,
pourquoi être mesquin? Si en vérité il y a un Paradis, pourquoi ne pas
s’appaiser maintenant? Si en vérité il y a un Feu, pourquoi désobéir? Si le
questionnement de Mounkar et de Nakir est vrai, qu’est-ce qui est bon de se
tenir en compagnie des humains?[31]
Si le monde est destiné à une instinction, quelle paix d’esprit y a-t’il? Si en
vérité il y a un compte à rendre, à quoi servent les possessions? Et si toutes
les choses sont mesurées et décrétées à passer, pourquoi avoir peur?»
L’auteur de Maqamat al-`oulama (Les stations des
érudits)[32] mentionne
que le monde est divisé en 25 parties:
·
Cinq ont rapport à ce qui est mesuré et décrété à
se produire: la subsistance, les enfants, les parents, le pouvoir, et l’âge;
·
Cinq ont rapport à l’effort personnel (ijtihad):
le paradis, l’enfer, la décence, la galanterie, et l’écriture;
·
Cinq ont rapport à l’habitude: manger, dormir,
marcher, l’accouplement, et se soulager des excréments;
·
Cinq ont rapport à la constitution naturelle:
l’abstinence, la pureté, l’altruisme, la beauté, et la dignité;
·
Cinq ont rapport à l’héritage: la richesse, les
relations, l’indulgence, la vérité, et la loyauté.
Aucun des éléments ci-dessus
cités ne contredit le dire du Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui –
où il dit «Toute chose est mesurée et destinée à passer.»[33]
Au contraire, cela veut dire que certaines de ces choses sont déterminées par
des causes (secondaires), tandis que d’autres ne le sont pas, et toute chose
est destinée mesurée et destinée à passer.
L’école à laquelle les Compagnons furent formés
n’a pas péri après la mort du Prophète. Au contraire, les méthodes et la
connaissance, dont Il était doté, furent transmises à ses Compagnons – qu’Allah
soit satisfait d’eux – et chacune était une école à partir de laquelle la Umma
dériva ses enseignements. Avec le passage du temps, ces écoles
développèrent et formalisèrent leurs
méthodes et créèrent une science distincte nommée la Science de tassawwouf. Tout comme les écoles de Chari`a se
formèrent au cours des trois premiers siècles de l’Islam, de même de distinctes
et visibles écoles de tassawwouf passèrent la connaisance et science aux
générations successives de Musulmans. Et comme la Chari`a ne se développa pas
en dehors du cadre de l’Islam, du Coran et de la Sunna, même si ses branches et
son contenu couvrent plusieurs éléments non mentionnés verbalement dans ces
sources, de même le tassawwouf se
développa basé sur la structure établie par le Livre et la Sunna et jamais ne
déborda des limites de ces paramètres.
Le nom de «Science de Réalité» ou `ilm
al-haqiqa est souvent attribué au tassawwouf. L’Imam Ahmad dit après avoir
entendu al-Harith al-Mouhassibi parlé: «Je n’ai jamais entendu à propos de la
Science des Réalités (`ilm al-haqa`iq)
des mots comme ceux prononcés par cet homme.»[34]
Le sens de cette expression est que la réalité de l’adoration du servant
consiste en la condition spirituelle du cœur, pendant que la performance de son
adoration consiste à remplir légalement ses obligations externes. Cette
dernière, l’ensemble des obligations externes, est l’objet de la Chari`a et ses
ramifications sont nombreuses tandis que la première, la réalité de
l’adoration, est le sujet du haqiqa dont les ramifications sont très peu
nombreuses.
Un exemple de ces deux aspects
est illustré par la prière. Il est obligatoire de performer la prière avec tous
ses mouvements, ses règles essentielles, selon les stipulations de la Chari`a.
Ceci est connu comme jassad al-salat
ou le «corps de la prière.» Cependant, l’un des principes essentiels de la
prière est de garder son cœur en la présence Divine d’Allah et de savoir qu’Il
nous observe au cours de la prière. Ceci nous donne la Réalité et l’Essence de
la prière. Nous savons que les gens peuvent exercer toutes les actions extérieurs
essentielles (visibles) de la prière, mais leur cœur peut ne pas y être
présent. Ce que l’état d’ihsan défini
est de garder le cœur pur et propre de toute sorte de mauvaises pensées et
attachements aux distractions de ce monde. Ceci fut la pratique du Prophète
parce qu’il dit qu’il était venu pour détourner les gens de l’attraction de ce
monde et de ses distractions.
Nous voyons dans cette
comparaison que la forme de la salat
est son corps, pendant que l’humilité et l’auto-effacement (khouchou') est son âme. Quel est ainsi
le bénéfice du corps sans son âme? Si la prière est un mouvement sans présence
d’esprit, alors l’action est similaire à celle d’un robot. Autant l’âme a
besoin d’un corps pour y vivre, autant le corps a besoin d’une âme pour lui
donner vie. Similairement la relation entre Chari`a
et Haqiqa est comme la relation entre
le corps et l’âme. Le croyant parfait
qui a atteind l’état d’ihsan est
celui qui peut joindre les deux.
Une autre expression pour
cette distinction fût donné par le Prophète dans l’un de ses hadiths:
La connaissance est de deux sortes: la connaissance établie dans le cœur et
la connaissance établie sur la langue.[35]
Al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Maqdissi (à ne pas confondre à Cheick al-Islam
al-Soulami) expliqua cette différence entre Chari`a et Haqiqa dans son essai
sur le tassawwouf intitulé Hall
al-roumouz wa mafatih al-koumouz (Le dévoilement des symboles et les clefs
des trésors):
La connaissance est de deux sortes: la connaissance extérieure (`ilm al-zahir) qui s’applique à la
Chari`a, et la connaissance intérieure (`ilm
al-batin) qui s’applique au Haqiqa. Le Prophète dit: La connaissance est de
deux sortes…[36]
L’Imam al-Shafi`i fit allusion
à la même distinction dans son dire: «La connaissance est de deux sortes: la
connaissance des croyances et la connaissance des corps.» Souyouti le relata
dans l’introduction de son livre al-Tibb
al-nabawi.[37]
Ceci est la compréhension
essentielle du tassawwuf – combiner Chari`a et Haqiqa, l’âme et le corps,
l’externe et l’interne. A cause de la grande difficulté d’accomplir cet
objectif, les méthodes du tassawwuf sont souvent appelées guerre spirituelle ou jihad al-nafs.
(Jihad Al-Nafs)
Allah déclare dans le Coran qu’Il accepte les actions de dévotions
seulement de ceux qui se purifient (qad
aflaha man zakkaha 91:9 ), qui
ont un cœur sain (illa man ata Allaha bi
qalbin salim 26:89), et qui montre un esprit humble (innaha lakabiratoun illa `ala al-khchi`in
2:45). La purification de l’Intention est l’idée majeure de ces versets. Ceci
est la raison pour laquelle les grands savants tels que Boukhari, Chafi`i,
Nawawi et autres, commencèrent leurs livres de fiqh avec le hadith de
l’intention: «Les actions sont jugées selon l’intention.»
Un acte considéré du point de
vue externe comme un acte d’adoration mais performé sans une pure intention
n’est pas considéré comme une adoration, même combattre et mourir pour la
défense des Musulmans. Le Prophète dit au sujet d’un tel combattant, «c’est un
compagnon du feu», et ils sont appelés dans la Chari`a: chahid al-fassad (martyr corrompu). C’était un mounafiq (quelqu’un qui dissimule la croyance) de Madina. Ainsi la
purification de l’intention est nécessaire pour les cinq piliers de l’Islam.
C’est dans ce sens – la purification de l’intention – que l’expression jihad al-akbar (la plus grande jihad)
est souvent utilisée en référence à l’auto-purification et c’est aussi dans ce
sens que sa supériorité s’affirme.
Ibn Qayyim al-Jawziyya dit dans al-Fawa`id:
Allah dit: «Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les
guiderons certes sur Nos sentiers» (29:69). Il a ainsi défini la direction du
jihad. Partant de là, les meilleurs sont ceux qui luttent le plus pour Sa cause,
et la jihad la plus importante est la jihad (afrad al-jihad) contre l’égo, la jihad contre les désirs, la jihad
contre satan et la jihad contre le bas-monde (jihad al-nafs wa jihad al-hawa wa jihad al-satan wa jihad al-dunya).
Quiconque lutte contre ces quatre jihads, Allah les guidera aux voies de Son
bon plaisir qui conduit à Son Paradis, et quiconque abandonne la jihad, alors
il renonce à être guidé en proportion de son abandon à la jihad.
Al-Jounayd dit: «Ceux qui
luttent contre leurs désirs et se repentent par notre amour, nous les guiderons
sur la voie de la sincérité, et on ne peut
lutter contre son ennemi extérieurement (c’est-à-dire avec le sabre)
sauf celui qui lutte contre ses ennemis internes. Ainsi quiconque a la victoire
sur eux (le moi) sera victorieux sur ses ennemis, et quiconque est défait par
eux (le moi) sera défait par son ennemi.»[38]
La concurrence et la rivalité
sont permises dans l’excellence de l’adoration. Dans ce respect, Allah établit
dans Son Livre des niveaux entre les croyants, et ceci est aussi clarifié par
d’innombrables hadiths. La récompense de la jihad est immense comme cela est
prouvé par le hadith du Prophète lorsqu’il dit que s’il pouvait , il aurait
demandé à Allah de le ramener en vie afin qu’il puisse retourner combattre et
mourir plusieurs fois en chahid ou
martyr. Mais toujours est-il qu’avec respect pour la présente issue, ceux qui
se souviennent d’Allah – y compris les parfaits savants qui sont les réels
connaisseurs d’Allah – sont supérieurs au moujahidin. Par exemple, quoique Zayd
ibn Haritha et Khalid ibn Walid furent de grands généraux, leur disparution fut
moins lourde, en terme de perte pour les Musulmans, que celle d’Abou Moussa
al-Ach`ari ou d’Ibn `Abbas. Pour cette raison, le Prophète déclara
explicitement la supériorité de ceux qui se souviennent d’Allah dans les deux
authentiques hadiths suivants.
Le Prophète dit: «Voulez-vous que je vous dise quelles sont vos meilleures
œuvres, quelles sont celles qui sont les plus pures et les plus cotées auprès
de votre Seigneur, celles qui élèvent très haut votre degré, celles qui vous
rapportent plus de salaire que de dépenser votre or et votre argent au service
d’Allah ou prendre part à la jihad en tuant ou en se faisant tuer dans la voie
d’Allah?» Ils dirent: «Nous voulons bien.» Il dit: «C’est l’invocation
d’Allah.»[39]
Il dit aussi: «Même si
quelqu’un frappe les mécréants et les idolâtres avec son sabre jusqu’à ce qu’il
les brise, et meurt teinté complètement par leur sang, les invocateurs d’Allah
lui sont supérieurs d’un degré.»[40]
Le savant de hadiths Moulla `Ali al-Qari dans son livre al-Mawdou`at al-koubra connu aussi sous
le nom al-Asrar al-marfou`a dit:
Souyouti dit: al-Khatib al-Baghdadi rapporte dans son livre «Histoire» sur
l’autorité de Jabir: Le Prophète revint de l’une de ses batailles et dit: «Vous
avez avancé de la meilleure manière: vous êtes revenu de la plus petite jihad à
la plus grande jihad.» Ils disent: «Et quelle est la plus grande jihad?» Il
répondit: «Le combat (moujahadat) des
serviteurs d’Allah contre leurs vains désirs.»
Ibn Hajar al-`Asqalani dit
dans Tasdid al-qaws: «Ce dire est
répandu et c’est un dire rapporté par ibn Ablah selon Nisa`i dans al-Kouna. Ghazali le mentionne dans le Ihya' et al-`Iraqi dit que Bayhaqi le
rapporte sur l’autorité de jabir et dit: Il y a une faiblesse dans sa
transmission.»[41]
Le hafiz Ibn Abou Jammal al-Azdi al-Andalousi (d.695) dit dans son
commentaire sur Boukhari intitulé Bahjat
al-noufous:
`Oumar rapporte qu’un homme vint au Prophète lui demander la permission
d’aller en jihad. Le prophète lui demanda: «Tes parents sont-ils en vie?» Il
dit qu’ils le sont. Le Prophète répliqua: « Alors force toi à respecter leurs
droits» (fihima fa jahid)… Il y a
dans ce hadith l’évidence que la Sunna pour entrer dans la voie et
d’entreprendre l’auto-discipline est d’agir sous la direction d’un expert, afin
qu’il nous soit montré la meilleure voie celle qui nous convient, et la plus
fiable pour l ‘aspirant. Car lorsque ce Compagnon désira aller en jihad,
il ne se contenta pas de sa propre opinion sur le sujet, mais il chercha le
conseil de quelqu’un plus savant et de plus expert que lui. Si ceci est le cas
pour la Petite jihad, qu’en est-il alors pour la Grande jihad?[42]
Ibn Hibban rapporte dans son Sahih
de la part de Fadala ibn Oubayd:
Le Prophète dit dans son dernier pèlerinage: «… Le moujahid est celui qui est en jihad contre lui-même (jahada nafsah) afin d ‘obéir à
Allah par amour.»[43]
Al-Haytami relata la version suivante dans le chapitre sur la Jihad al-nafs dans son Majma' al-zawa`id et la déclara fiable:
Le plus fort n’est pas celui qui triomphe des autres, le plus fort est
celui qui triomphe de son égo (ghalaba
nafsah).
Les livres d’histoires sont remplis
de noms de Soufis moujahidin (Les
Gens qui Combattent) et de chouhada' (Martyrs)
qui ont consacré leur vie en confrontant les ennemis de la foi et en appelant
l’humanité en la présence divine d’Allah, de même que rappelant ceux qui ont
dévié de la vraie voie et de la Sunna du Prophète. Ils accomplirent ceci avec
sagesse et ils furent efficaces. Leurs noms et leurs récits sont trop nombreux
pour être énumérés dans ce livre, cela devrait couvrir plusieurs centaines de
volumes. Il est suffisant de mentionner quelques exemples de l’histoire moderne
cités par l’auteur de The Reliance of the
Traveller (`Oumdat al-Salik ou La dépendance du Voyageur):
Parmi les Soufis qui aidèrent l’Islam aussi bien avec le sabre qu’avec la
plume, selon B.G. Martin dans Muslim Brotherhoods in Nineteenth Century Africa
(les confrèreries Musulmanes dans l’Afrique du 19ième siècle), il y a des
hommes dont le cheick Naqshbandi Chamil Daghestani, qui mena une guerre
prolongée contre les Russes dans le Caucasse au cours du 19ième
siècle; Sayyid Mouhammad `Abdullah al-Somalie, un cheick de l’ordre Salihiyya
qui conduisit les musulmans contre les Britanniques et les Italiens en Somalie
de 1899 à 1920; le cheick Qadiri `Outhman ibn Fodio, qui mena jihad au nord du
Nigéria de 1804 à 1808 pour établir une régulation Islamique; le cheick Qadiri
`Abd al-Qadir al-Jaza`iri, qui conduisit les Algériens contre les Français de 1832
à 1847; le faqir Darqawi al-Hajj Mouhammad al-Ahrach, qui combattit les
Français en Egypte en 1799; le cheick Tijani al-Hajj `Oumar Tal, qui mena une
jihad Islamique en Guinée, au Sénégal, et au Mali de 1852 à 1864; et le cheick
Qadiri Ma' al-`Aynayn al-Qalqami, qui aida à rassembler la résistance Musulmane
contre les Français au Nord de la Mauritanie et au sud du Maroc de 1905 à1909.
Parmi les Soufis dont les travaux missionnaires Islamisèrent des régions
entières sont des hommes tels que le fondateur de l’ordre Sanousiyya, Mouhammad
`Ali Sanousi, dont l’effort et la jihad de 1807 à 1859 consolida l’Islam comme
religion chez les habitants du désert Libyen de l’Afrique du sud-sahara; le
cheick Chadhili Mouhammad Ma`rouf et le cheick Qadiri Ouzaous al-Barawi, dont
les efforts propagèrent l’Islam à l’Ouest et à l’intérieur à partir des côtes
de l’Afrique de l’Est; et les centaines de cheicks anonymes Naqshbandi qui
enseignèrent et préservèrent l’Islam au sein des gens de ce qui est appelé
maintenant le sud de l’Union Soviétique et qui continuent encore de nos jours à
servir la religion malgré la pression officielle. Il est évident que
l’attachement du cœur à Allah, est l’aspect sur lequel le Soufisme met
l’accent, cela ne gêne aucunement les travaux spirituels quelqu’ils soient,
mais au contraire fourni une base réelle. Et seul Allah donne le succès.[44]
Nous référons aussi le lecteur
au Mystics and Commissars de Benningsen pour le rôle des Soufis dans la
préservation de l’Islam en Union Soviétique, et Lion of Daghestan pour leur jihad contre les Tsars et leur
dynastie. Nous rappellons aussi que ce sont les Naqshbandis qui préservèrent
l’Islam en Chine dans le passé – à partir duquel pays, l’Islam se répendit
jusqu’à la péninsule Malay – et sous les sombres jours de la soit-disant
«Révolution Culturelle» de Mao Tsé-Toung. Dans tout ce qui a été énuméré
ci-dessus, il y a une évidence que le tassawuf, loin d’encourager l’évasion et
l’immobilisme qui retarde le progrès social, soutena les plus hautes valeurs de
la conscience sociale aussi bien que la recherche religieuse et la science. En
fait, ils fournissent un témoignage adéquat à une inlassable jihad et lutte
contre les injustices sociales et l’inaction qui prit place au fil des siècles.
L’un des premiers Soufis formels dans le sens littéraire et général,
puisqu’il vêtit toute sa vie un manteau de laine (souf). Le fils d’une esclave libérée de Oumm Salama (la femme du
Prophète), et d’un esclave affranchi de Zayd ibn Thabit (le fils adoptif du
Prophète), ce grand Imam de Basra, le leader des saints et des savants de son
temps, était connu pour sa stricte observance de la Sunna du Prophète. Il fut
aussi fameux pour son immense savoir, son austérité et son ascétisme, ses
intréprides reproches aux autorités, son pouvoir d’attraction par la parole et
par ses apparitions.
Ibn al-Jawzi écrit un livre de
100 pages sur sa vie et ses caractères intitulé Adab al-Chaykh al-Hassan ibn al-Hassan
al-Basri. Dans son chapitre sur al-Hassan dans Sifat al-safwa, il mentionne qu’al-Hassan laissa un manteau blanc (joubba) en laine, c’est le seul vêtement
qu’il avait revêti au cours des
vingt-cinq dernières années de sa vie, en été comme en hiver, et que
lorsqu’il mouru, il était d’une impeccable beauté, propre, et de bonne qualité.[45]
Dans le livre qu’il consacra
aux dires et aux actions des Soufis, Rawdat
al-mihibbin wa nouzhat al-moushtaqin (Le jardin des amoureux et l’excursion
des nostalgiques), Ibn Qayyim rapporte:
Un groupe de femmes sortirent le jour de la `Id et regardèrent les gens. On
leur demanda: «Quelle est la personne la plus belle que vous avez vue
aujourd’hui?» Elles répondirent: «C’est un cheick portant un turban noir.»
Elles voulaient dire Hassan al-Basri.[46]
Le maître de hadiths Abou
Nou`aym al-Isfanahi (d.430) mentionne dans ses biographies de Soufis intitulées
Hilyat al-awliya' (L’ornement des
saints) que c’est le disciple de Hassan al-Basri, `Abd al-Wahid ibn Zayd
(d.177) qui fut la première personne à construire un hospice spirituel (khaniqa
soufi) ou maison de l’hôte et une école
à Abadan qui de nos jours fait frontière entre l’Iran et l’Iraq.[47]
Ce fut sur les bases de Hassan
al-Basri et sur la renommée de ses disciples reconnus comme Soufis qu’Ibn
Taymiyya dit dans son essai al-Soufiyya
wa al-fouqara: «L’origine du tassawwouf est Basra».[48]
Ceci une est déclaration trompeuse qui équivaut à accuser al-Hassan d’avoir
inventé le tassawwouf. Au contraire, Basra est en tête parmi les places
renommées pour le développement officiel des écoles de purification qui vinrent
à être connues comme tassawwouf et dont les principes ne sont rien d’autre que
le Coran et la Sunna comme nous l’avons déjà démontrer abondamment.
.
Ghazali rapporte les dires de
al-Hassan sur la jihad al-nafs dans la section de son Ihya' intitulé Kitab riyadat al-nafs wa tahdhib al-akhlaq
wa mou'alajat amrad al-qalb (Le
livre du dressage de l’égo et la discipline des comportements et la guérison
des maladies du cœur):
Deux pensées parcourent l’esprit, une provenant d’Allah, une provenant de
l’ennemi. Allah couvre de miséricorde un serviteur qui s’installe dans la
pensée qui vient de Lui. Il étreind la pensée qui vient d’Allah, tandis qu’il
lutte contre celle qui vient de l’ennemi. Pour illustrer l’attraction mutuelle
du cœur entre ces deux pouvoirs, le Prophète dit: «Le cœur du croyant repose
entre deux doigts du Miséricordieux»[49]…
Les doigts signifient le bouleversement et l’hésitation dans le cœur… Si
l’Homme suit les ordres de la colère et de l’appétit, la domination de satan
apparaît en lui à travers les passions oisives (hawa) et son cœur devient le nid et le contenant de satan, qui se
nourrit de passions. S’il combat ses
passions et ne les laissent pas dominer son ego, imitant en ceci le caractère
des anges, à ce moment son cœur devient le lieu de quiétude des anges et ils
s’y posent.
Une mesure de la dimension du
scrupule (wara') et de la peur de
Hasan Al-Basri envers Allah est illustrée par sa déclaration suivante, citée
aussi par Ghazali:
L’oubli et l’espoir sont deux
puissantes bénédictions sur les descendants d’Adam; mais pour cela les
Musulmans ne devraient pas marcher dans les rues.[50]
Ibn `Abidin rapporte dans son al-Dourr
al-moulkhtar que l’Imam Abou Hanifa dit: «Si ce ne fut pas pour deux
années, j’aurais péri.»
Ibn `Abidin commente:
Pendant deux années, il accompagna Sayyidina Ja`far al-Sadiq et il acquit
la connaissance spirituelle qui fit de lui un gnostique dans la Voie… Abou `Ali
Daqqa (le cheick de l’Imam Qouchayri) reçu l’initiation d’Abou al-Qasim
al-Nasiribadi, qui la reçu d’al-Chibli, qui la reçu de Sari al-Saqati qui la
reçu d’al-Ma`rouf al-Karkhi, qui la reçu de Dawoud at-Ta`i, qui reçu les deux
connaissances, l’interne et l’externe de l’Imam Abou Hanifa.[51]
Ibn Qayyim al-Jawziyya rapporte dans Madarij
al-salikin, et Ibn al-Jawzi dans le chapitre intitulé «Abou hashim al-Zahid»
dans son Sifat al-safwa après le
maître de hadiths Abou Nou`aym dans son Hilyat
al-awliya', que Soufyan al-Thawri dit:
Si ce n’était pas à cause d’Abou Hachim al-Soufi (d.115), je n’aurais
jamais perçu la présence des plus subtiles formes d’hypocrisie en moi … Le
meilleur est le Soufi érudit en
jurisprudence.[52]
Ibn al-Jawzi rapporte aussi le passage suivant:
Abou Hachim al-Zahid dit: «Allah a marqué l’aliénation sur le monde afin
que la compagnie fraternelle des mouridin
(les aspirants) ne consiste qu’à être uniquement avec Lui et non avec le monde,
et afin que ceux qui Lui obéissent viennent à Lui en négligeant le monde. Le
Groupe des connaisseurs d’Allah (ahl
al-ma`rifa billah) sont étrangers dans le monde et ont très envie de
l’au-delà.»[53]
Un savant de Madina, fut connu pour
sa grande piété et son amour pour le Prophète, qu’il aimait et vénérait à tel
point qu’il ne montait jamais à dos de son cheval dans les limites de Madina en
guise de respect à la terre qui contenait le corps du Prophète, il ne rapportait aucun hadith sans avoir
performer d’abord son ablution. Ibn al-Jawzi rapporte dans le chapitre intitulé
«La couche 6 des gens de Madina» dans son livre Sifat al-sawfa:
Abou Mous`ab dit: J’entrai pour voir Malik ibn Nas. Il me dit: Regarde à ma
place de prière ou sous ma natte de prière voit ce qu’il y a. Je regardai et
j’y trouvai une certaine écriture. Il me dit : Lit la! Je constatai qu’elle
contenait le récit d’un rêve que l’un de ses frères avait fait et qui le
concernait. Il dit (lisant ce qui était écrit): «Je vis le Prophète dans mon
sommeil. Il était dans sa mosquée et les gens étaient autour de lui, et il dit:
J’ai caché sous ma chaire (minbar)
une bonne chose – ou une connaissance – et j’ai ordonné à Malik de vous la
distribuer.» Malik alors pleura, je me levai et pris congé de lui.[54]
Juste comme Abou Hanifa et
Soufyan al-Thawri implicitement affirmèrent la nécessité de suivre la voie
soufie afin d’acquérir la perfection, l’Imam Malik ordonna explicitement la
pratique du tassawwouf dans sa
déclaration suivante comme un devoir des savants:
Quiconque pratique le Tassawwouf
sans étudier la Loi Sacrée (la jurisprudence) corrompt sa foi, alors que
quiconque étudie la Loi Sacrée (la jurisprudence) sans pratiquer le Tassawwouf est un hérétique. Seulement
celui qui combine les deux atteindra la vérité.
Cette déclaration est rapportée par le mouhaddith Ahmad Zarrouq (d.899), le
hafiz `Ali al-Qari al-Harawi (d.1014), les mouhaddiths `Ali ibn Ahmad al-`Adawi
(d.1190) et Ibn `Ajiba (d.1224) et autres.[55]
Ibn `Ajiba explique:
Cheick Ahmad Zarrouq dit: «Le tassawwouf a plus de deux milles définitions,
qui vont toutes dans le sens de la sincérité et de la dévotion à Allah … Chaque
définition correspond à l’état et l’étendue de l’expérience de celui qui le
pratique, ce qui lui fera dire: «Le Tassawwouf est ceci ou cela.»
Il s’en suit que chacun des
saints cités (dans le Hilyat al-awliya'
d’Abou Nou'aym) qui ont une part de
détermination sincère (sidq tawajjouh)
ont une part dans le tassawwouf, et le tassawwouf de chacun consiste dans sa
sincère détermination. En tant que règle, la sincère détermination est une
nécessité de la religion dans la mesure où elle forme à la fois la manière et
le contenu des actions qu’Allah accepte. La manière et le contenu ne sont pas
fiables à moins que la sincérité de la détermination soit fiable. «Il
n’approuve pas la non reconnaissance en Ses serviteurs, mais si vous êtes
reconnaissant, Il l’agrée pour vous» (39:7).
Ainsi l’Islam exige des
actions, et il n’y a pas d’auto-purification (tassawwouf) sans la connaissance
de la Loi (fiqh), car les commandes
externes d’Allah ne sont connues que par la connaissance de la Loi; et il n’y a
pas de connaissance de la Loi sans l’auto-purification, comme il n’y a pas
d’action sans sincérité dans la détermination, et il n’y a rien sans croyance.
Ainsi , par définition la Loi les exige toutes, juste comme le corps et
l’esprit ont besoin l’un de l’autre, aussi comme l’on ne peut exister ou être
complet dans le monde qu’en étant en conjonction avec les autres. Ceci est la
définition de la déclaration de l’Imam Malik: «Celui qui pratique le Tassawwouf
sans avoir appris la Loi Sacrée … » [56]
Al-hafiz al-Souyouti rapporte dans Ta'yid
al-haqiqa al-`aliyya que l’Imam Chafi`i dit:
J’accompagnai les soufis et reçu d’eux trois mots: leur déclaration que le
temps est un sabre: si tu ne le coupe pas, il te coupe; leur déclaration que si
tu ne te préoccupe pas ton égo avec la vérité, il te préoccupera avec le
mensonge; leur déclaration que la déprivation est une immunité.[57]
Le mouhaddith al-`Ajlouni
rapporte aussi dans son livre Kachf
al-Khafa wa mouzil al-albas que l’Imam Chafi`i dit:
Trois choses m’ont plu dans ce monde: éviter l’affection, traiter les gens
avec indulgence et suivre la voie du tassawwouf.[58]
Mouhammad ibn Ahmad al-Saffarini al-Hanbali (d.1188) rapporte dans son Ghidha' al-albab li-charh manzoumat al-adab
de la part d’Ibrahim ibn `Abd Allah al-Qalanassi que l’Imam Ahmad dit au sujet
des soufis:
«Je ne connais pas de gens meilleurs qu’eux.» Quelqu’un lui dit: «Ils
écoutent la musique et ils atteignent des états extatiques.» Il dit: «Est-ce
que tu les empêches de se réjouir
quelque temps avec Allah?»[59]
Cheick Amin al-Kourdi dit: l’Imam Ahmad conseillant son fils dit:
«O fils, tu dois tenir compagnie avec les gens qui pratique le soufisme
parce qu’ils sont une fontaine de savoir et leurs cœurs sont en constante
invocation. Ils sont les ascétiques, et ils ont le plus puissant pouvoir
spirituel.»[60]
L’Admiration des Soufis par
l’Imam Ahmad est confirmée par son respect vis-à-vis de al-Harith
al-Mouhassibi, quoiqu’il exprima un avertissement au sujet des difficultés de la
voie Soufie pour ceux qui ne sont pas préparés à la suivre, dans la mesure où
cela peut ne pas être facile pour la majorité des gens de suivre la voie de
ceux au sujet desquels Allah dit au Prophète: «Et résigne-toi à la compagnie de
ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face …» (18:28).
Il fut l’un des premiers auteurs de traité de Soufis et maître de
al-Jounayd. `Abd al-Qahir al-Baghdadi, Taj al-Din al-Soubki, et Jamal al-Din
al-Isnawi, tous reconnaissent et réitèrent que «Sur les livres de al-Harith ibn
Assad al-Mouhassabi sur le kalam, le fiqh, et le hadith reposent ceux parmi
nous qui sont moutakallim
(théologiens), faqih (juristes), et
Soufis»[61]
Ses livres encore existants sont:
·
Kitab
al-ri`aya li houqouq Allah (Le livre d’observance des
droits d’Allah; Cheick al-Islam al-`Izz ibn `Abd al-Salam en écrivit une
version abrégée.[62]
·
Kitab
al-tawahhoum (Le livre d’imagination), une description du jour
du Jugement;
·
Kitab
al-Khalwa (Le livre de la retraite spirituelle);
·
Rissalat
al-moustarshidin (Traité pour ceux qui demandent à être guidé);
·
Kitab
al-Coran (Le livre de la compréhension du Coran);
·
Kitab
mahiyyat al-`aql wa ma’nahou wa ikhtilaf al-nas fihi (Le
livre de la nature et le sens de l’esprit et les différences parmi les gens à
ce sujet;
·
al-Massa`il
fi a’mal al-qouloub wa al-jawarih wa al-`aql (Les questions concernant les travaux des cœurs, des pieds
et de l’esprit;
·
Kitab
al-`azama (Le livre de la magnificence);
·
al-Wassaya
wa al-nassa`ih al-diniyya wa al-nafahat al-qoudsiyya li naf`i jami' al-bariyya (Les héritages et conseils spirituels et les dons sanctifiés pour le
bénéfice de toutes les créatures).
Le passage suivant est extrait
d’al-Wassayat dans lequel
al-Mouhassibi décrit le parcours de sa recherche de la vérité parmi les groupes
variés de musulmans, son entrée dans la voie Soufie, et les caractéristiques
des Soufis comparées aux non-Soufis:
Il a été clairement dit que cette Communauté sera divisée en soixante-dix
groupes impairs, l’un d’eux est le groupe Sauvé, et Allah sait mieux au sujet
du reste. J’ai consacré une partie de ma vie à étudier les différences de cette
Communauté, cherchant la méthode claire et le droit chemin, recherchant le
savoir et agissant par rapport à cette connaissance, guidé sur le chemin de
l’au-delà aux moyens des directives des savants. Je compris une grande partie
de la parole d’Allah (le Coran) à travers l’interprétation des juristes. J’ai
contemplé les conditions de cette Umma, j’ai regardé ses voies de pensée et
discours et j’ai compris de ce constat ce qui a été prédestiné pour moi.
Je vis leurs divisions comme
un océan profond où plusieurs se sont
noyés, et peu furent sauvés. Je vis que chaque groupe prétend que le salut est
pour ceux qui les suivent et la destruction est pour tout ceux qui leur sont
opposés. Ainsi je compris que les gens sont de différent types:
·
Parmi eux est celui qui possède la connaissance de
l’au-delà – il est très difficile de le trouver et il est rare;
·
un autre type est l’ignorant; prendre ses distance
de celui-ci est une bénédiction;
·
un autre type est celui qui prétend être un
savant, alors qu’il est attaché à la dunya,
la préférant en réalité à toute autre
chose;
·
un autre type est celui possédant la connaissance,
étant une référence pour la religion, mais utilisant sa connaissance comme une
source de célébrité et de gain de prestige, échangeant sa religion pour le refus de cette dunya;
·
un autre type est celui qui a la connaissance mais
ne sachant pas le sens réel de ce qu’il possède;
·
un autre type est celui qui apparait comme un
ascétique, cherchant la vertu, mais il est impuissant, et sa connaissance ne
peut pénétrer les cœurs de son
audience, et ses dires ne sont pas fiables;
·
un autre type est celui doté d’intelligence et de
savoir, alors qu’il manque d’abstinence - à travers - la peur d’Allah (wara') et sa méfiance (taqwa);
·
un autre type sont les disciples de leurs passions
et de leurs bas-désirs, ceux qui s’humilient pour l’amour de la dunya, cherchant une position
élevée ;
·
un autre type ce sont les démons humains empêchant
les gens de chercher l’au-delà, qui luttent comme des chiens pour la dunya, l’adulant, et ne voulant rien
d’autre que d’en obtenir au maximum, qui partant de là sont vivants dans cette dunya, mais en réalité ils sont morts;
ce qui est vrai est faux selon eux et ils considèrent les vivants et les morts
égaux.
Je me cherchai une voie parmi
ces différents types et je devins perplexe. Ainsi j’ai décidai d’être guidé par
les guides, demandant du support et de la directive, et je pris la connaissance
pour guide. Je réfléchi et examinai les choses méticuleusement, jusqu’à ce
qu’elles me deviennent claires – avec le Livre d’Allah, la Sunna de Son
Prophète, et le consensus de la Communauté pour preuve – il était évident que
suivre son désir rend aveugle dans la recherche de la vérité, et que l’on perd
sa voie vers la vérité, et accentue son aveuglement.
Alors je commençai à vider mon
cœur de tous les bas-désirs (hawa),
et je me concentrai sur les divisions de la Umma, à la recherche du Groupe
sauvé, attentif à ceux qui ont suivi les désirs destructifs et les goupes
égarés, faisant attention de ne pas faire un pas sans en être sûr, cherchant la
voie du salut pour mon âme.
Ainsi je trouvai – comme
l’unanimité de la Umma la dérive du Coran – que la voie du Salut est dans la
peur d’Allah (taqwa), dans la
performance des obligations, dans la peur d’Allah au sujet de ce qu’Il a permis
et de ce qu’Il a interdit (wara') et
les limites qu’Il a établies, dans la sincérité envers Allah à travers l’obéissance et suivant les exemples de Son
Messager. Je cherchai le savoir des obligations (fara`id) et les pratiques Prophétiques (Sunna) des savants, des narrations, et je trouvai en eux à la fois
l’accord et la division, mais je trouvai qu’ils s’accordent tous sur le fait
que la connaissance des obligations et de la Sunna sont avec ceux qui
connaissent Allah et Ses ordres, les Connaisseurs d’Allah qui agissent selon
Son bon plaisir, craignant pleinement de violer ce qu’Il a interdit, se
façonnant de l’exemple de Son Messager, et préférant l’Au-delà à ce monde: ce
sont ceux qui s’accrochent fermement aux commandes d’Allah et aux voies des
Messagers.
Alors, je regardai parmi cette Communauté pour ce
genre de serviteurs qui sont connus pour leurs talents, et cherchai à
bénéficier de leur savoir, et je trouvai qu’ils étaient extrêmement rares
et peu nombreux, et que leur genre de savoir est en train de
disparaître, comme le Messager d’Allah l’a dit: «Lorsque l’Islam commença ils
étaient étranges, et ils deviendront étranges encore, comme au début, et la
bonne nouvelle est aux étranges»[63]
– et ils sont solitaires avec leur religion. Je sentis que ma calamité
augmentait du fait de la disparition des saints Vertueux (al-awliya'
al-atqiya'), et j’eus peur qu’une mort soudaine m’arrive pendant que je
suis encore troublé sur la division de cette Umma. Alors je commençai à
chercher un maître: et je n’avais pas d’autre choix que d’en trouver un, et je
fis de mon mieux jusqu’à ce que Celui qui est Affectueux envers Sa Création me
permis de rencontrer leur groupe .
Je trouvai en eux les signes
de Taqwa et les qualités de wara' et la préférence de akhira sur la dunya, et trouvai que leurs intructions et leurs conseils sont en
conformité avec les actions des maitres de guidance, et je les trouvai
regroupés, unis à donner des conseils à la Communauté, n’encourageant personne
à Lui désobéir ni à perdre espoir en Sa Miséricorde, ils acceptent toujours et
patiemment les fardeaux et les difficultés, ils sont contents avec le destin et
reconnaissant dans la prospérité. Ils emmènent la création à aimer leur
Seigneur en parfait repentir en leur rappelant
Ses faveurs et ses bontés, et
ils les encouragent à remettre toutes leurs affaires à Allah, à leur faire
connaître Sa Grandeur, Son livre et la Sunna, Sa Religion, Ce qu’Il aime et ce
qu’Il n’aime pas, à être prudent et éviter les nouveautés et les caprices, se
garder des extrêmes et des exagérations, mépriser les disputes et les
arguments, se garder de la médisance et de l’oppression, s’opposer à leurs
désirs, prendre leur responsabilité, contrôler leurs sens, être prudent dans
leur nourriture, leur habillement et toutes leurs situations, évitant tout ce
qui est douteux, évitant les bas-désirs, se satisfaire du minimum de
nourriture, supprimer ce qui est indifférent, la renonciation en ce qu’il est
permissible, la peur du Jugement, la circonception de la Résurrection, être
affairé avec leur propre fardeau, strict avec eux-même et non avec les autres.
Chacun d’eux a ses propres affaires qui le préoccupent, chacun d’eux est savant
concernant l’Akhira et la description du Jour du Jugement, l’abondante
récompense et la douloureuse punition. Ceci est ce qui explique leur constante
anxiété et incessante inquiétude qui les éloigne de la joie de la dunya et ses plaisirs.
Ce groupe a endossé les
caractères de cette religion, et dessiné les lignes définitives pour la
renonciation (wara') d’une manière
qui a contracté ma poitrine avec peur, et me rendit clair que la conduite de la
religion et la sincérité mêlées à la crainte (wara') est un océan que quelqu’un comme moi ne peut pas comprendre;
ainsi je vins à réaliser l’étendue de leurs vertus, à voir clairement leur
inquiétude, et je devins de plus en plus certain qu’ils sont ceux qui luttent
dans la Voie de l’au-delà, les vrais disciples de l’exemple des Messagers, la
source de ceux qui demandent à être éclairé, et des conseillers pour ceux qui
ont besoin de conseils.
Ainsi je commençai à
m’intérresser à leur voie, bénéficiant d’eux, acceptant leur code de conduite,
prenant plaisir à leur obéir. Je ne vois rien d’égal à eux, et je ne préfère
rien à eux, et Allah me bénit avec un genre de connaissance dont la véracité me
devint claire et dont j’ai vu la totalité. J’espère que le salut atteindra ceux
qui l’accepte et l’adopte, et je suis certain que le support viendra à
quiconque la pratiquera.
J’ai trouvé de la malhonnêteté
en ceux qui s’opposent à cette voie, et la rouille s’est accumulée sur le cœur
de quiconque l’ignore et la nie. J’ai découvert que la preuve suprême est avec
celui qui la comprend et j’ai découvert que l’adopter et agir en s’y conformant
est une obligation pour moi; ainsi j’y ai cru de tout cœur et l’ai gardé dans
ma conscience et fait d’elle la fondation de ma religion, et j’y ai établi mes
actions, et je suis passé à travers différents états d’expérience.
J’ai demandé à Allah de me
donner l’abilité de Le remercier pour la Générosité qu’Il a répandu sur moi et
de me donner la force de performer les tâches se rapportant à ce qu’Il m’a
enseigné, sachant mes défauts et sachant que je ne pourrai pas Le remercier
suffisamment.[64]
Voici le récit de la première fois que l’Imam Ahmad a entendu al-Mouhassibi
parler directement, raconté par le hafiz al-khatib al-Baghdadi dans son
Histoire de Bagdad:
Ahmad ibn Hanbal n’aimait pas
les spéculations de al-Harith dans la science du calame de même que les livres
qu’il éditait. Fréquemment, il mettait les gens en garde contre al-Harith.
Mouhammad ibn Ahmad Yaqoub appris de Mouhammad ibn Nou`aym al-Dabbi: J’entendis
l’Imam Abou Bakr Ahmad ibn Ishaq - al-Sibji - dire: J’entendis Isma`il ibn
Ishaq al-Sarraj dire: «Ahmad ibn Hanbal me dit un jour: J’ai appris que ce
Harith est souvent chez toi. Qu’en est-il si tu m’invitais et me plaçais
quelque part où je pourrais l’entendre sans être vu?» Je répondis: «Certainement,
O Abou `Abd Allah!» et j’étais content de ce premier pas de sa part. Je partis
et je demandai à al-Harith de venir nous visiter cette même nuit comme ses
compagnons y seront aussi. «O Isma`il, ils sont nombreux, par conséquent tu ne
leur serviras que de l’huile et des dattes, et seulement ce que tu peux.» Je
suivis ses intructions et je partis informer Abou `Abd Allah. Il vint après
Maghrib, alla s’installer dans une petite chambre la-haut et commençai à
réciter ses dévotions usuelles (wird).
Al-Harith et ses compagnons arrivèrent, mangèrent, et se levèrent pour prier
salat al-`icha, et ils ne prièrent pas après cela. Ensuite, ils s’asseillèrent
silencieusement devant al-Harith et ne dit aucun mot jusqu’au milieu de la
nuit. L’un d’eux alors posa une question à al-Harith et celui-ci commença à
parler. Ses compagnons l’écoutèrent comme s’ils avaient peur d’effrayer un
oiseau. Certains pleuraient. D’autres poussaient des petits sanglots au fur et
mesure qu’il parlait. Je partis alors dans la chambre pour voir Abou `Abd Allah
et le trouvai évanoui à force d’avoir pleuré. Je redescendis. Ils continuèrent
ainsi jusqu’au matin où ils se levèrent et s’en allèrent.Je retournai là-haut
voir Abou `Abd Allah. Il avait changé. Je lui demandai: «Que penses-tu maintenant
de ces gens?» Il dit: «En ce qui me concerne, je n’ai jamais vu leur pareil, ni
entendit sur la Science des Réalités (`ilm
al-haqa`iq) des mots comme ceux prononcés par cet homme. Néanmoins, malgré
ce que je viens de dire, je ne te vois pas en vérité apte à leur tenir
compagnie. Ensuite il se leva et s’en alla.[65]
Al-Soubki expliqua la réaction ambigüe de l’Imam Ahmad de la façon
suivante:
Considérons ce récit avec attention et sachons que Ahmad ibn Hanbal ne
considérait pas sage pour cet homme (al-Sarraj) de joindre leur compagnie parce
qu’il n’était pas l’un de ceux qui pourrait s’élever à leur niveau. En vérité,
ils étaient sur un chemin difficile ; tous les gens ne peuvent pas
entreprendre équitablement ce chemin qui fait peur. Autrement, Ahmad aurait-il pleuré et glorifier al-Harith de la
manière dont il fait ses éloges?[66]
Quelqu’un pourrait soulever des objections:
Question. Al-Harith et ses compagnons ont
prié salat al-`icha' pendant que
Ahmad était présent. Pourquoi Ahmad n’a t-il pas joint la prière prescrite, sachant précisément que la position
d’Ahmad était de joindre la prière du groupe celle-ci étant obligatoire?
Réponse. Ahmad était avec le groupe, mais à l’étage, séparé du groupe, précisément
dans une chambre où il pourrait entendre - mais sans nécessairement voir
al-Mouhassibi, comme le rapport le mentionne? Plus loin:
- Ce n’est pas affirmé dans le rapport qu’il n’a pas prié derrière lui.
- C’est possible qu’il ne fusse pas en ablution.
- C’est possible qu’ils aient retardé le temps de `Icha et qu’au moment où
ils priaient, il avait déjà fini.
Le premier cas ci-dessus est
le moindre qui peut être dit, et tous les cas ont tendance à dire: Il n’a pas
délibérément prier derrière lui pour plusieurs raisons parmi lesquelles: on
sait que `Oumar pria derrière al-Hajjaj ibn Youssouf al-Thaqafi qui était un
tyran qui répendit le sang d’innocents; il est aussi su que Ibn `Oumar pria
derrière les Gens d’Innovation dont les Khawarij. Il disait souvent que: «La
prière est une excellente action (hassana)
et cela m’est égale que quiconque y prenne part avec moi et quiconque dit: Hayya `ala al-Salat, je lui répond oui.» [67]
Dire que l’Imam Ahmad ne pria pas délibérement derrière
al-Mouhassibi est équivalent à attribuer à l’Imam Ahmad l’un des points de vue
suivant:
- Ou bien il considérait al-Mouhassibi pire que al-Hajjaj et les Kwararij,
ce qui est absurde et impieux;
- Ou bien il laissa la pratique du Sahaba `Abd Allah ibn `Oumar, quoique le
madhab Hanbali est en partie une revivication de celle-ci, et ceci n’est pas le
cas.
Question. Pourquoi Ahmad mentionna-t-il `ilm al-haqa`iq (la science des réalités) qui est une terminoligie Soufie?
Réponse. L’Imam Ahmad acceptait la
terminologie Soufie. Il n’y a plus rien à dire à ce sujet. Supposer que cela
est peu probable est parfaitement acceptable, mais supposer que ceci est
impossible est faux. Encore, la fin de l’argument est que le rapport est fiable
selon le critère des maîtres de hadiths, ainsi laissons la spéculation dans la mesure
où nous avons une évidence solide.
Q. Pourquoi
al-Dhahabi n’acceptait-il pas l’authenticité du récit?
R.
al-Dhahabi fit des commentaires ambigus dans son Mizan al-I’tidal au sujet du récit ci-dessus, mais il ne questionne
pas l’authenticité de sa chaîne de transmission. Il l’authentifie mais y
exprime de la mécréance[68].
Cependant, son rejet subjectif, quoique
connaissant le sujet – sa biographie de l’Imam Ahmad est d’environ 300 pages –
n’est pas crédible devant l’évidence.
Il est clair que Dhahabi
admirait al-Mouhassibi car il l’appela
«d’un haut niveau» dans son Siyar
a`lam al-noubala':
L’Ascétique, le Connaisseur…Je dis: al-Mouhassibi est d’un haut rang, et il
toucha brièvement à la théologie spéculative; par conséquent, il eut des reproches
à ce niveau.[69]
Tous les maîtres Soufis sont
des savants de la Sunna, autrement ils ne seraient pas qualifiés de maîtres
Soufis. De l’autre côté, plusieurs grands savants qui ne sont pas des maîtres
Soufis admiraient profondément ces gens et voyaient clairement qu’ils étaient
du groupe des élus d’Allah ou des awliya.
L’histoire et ces jours présents sont remplis d’innombrables Savants de
l’Islam, des muftis de nations aux cheicks al-Ahzar, et des ministres de
l’Education Islamique aux Présidents des Ligues de Savants Islamiques, qui ont
vu et compris que ces maîtres Soufis pratiquaient mieux la Sunna que ceux qui
mémorisaient seulement les lois de la Chari`a. Plusieurs maîtres Soufis ont
atteind de hautes positions parmi les savants de l’Islam de leur temps.
Certains aujourd’hui sont
enclin à utiliser le terme «conflit» entre ce qu’ils imaginent être maîtres de
tassawwouf d’un côté et non-savants Soufis de l’autre. Ceci est une dichotomie
artificielle qui n’existe pas en réalité dans la communauté du Prophète.
Cependant, certains frères non informés ou mal intentionnés prennent quelques
citations illustrant des différences parmi les savants en vue de désunir et de
créer l’image de ce qu’ils appellent «une histoire de conflict».
En réalité, les savants
représentant les Quatre Madhahib en Islam ont défendu ceux qui pratiquent le
tassawwouf de la diffamation érigée contre eux en certaines parties du monde
Islamique. Pourquoi alors encore aujourd’hui certains sont-ils en train de
fouiller les livres de littérature Islamique essayant de raviver quelques
insignifiantes issues déjà résolues et
semer le doute dans les cœurs de nos frères au sujet des voies de l’Islam? Ils
mentionnent par exemple la censure d’Ibn al-Jawzi de quelques excès dans Talbis Iblis comme si c’était une
condamnation entière du tassawwouf, oubliant qu’il écrivit plusieurs pages et
des livres entiers sur les premiers Soufis dont Rabi`a al-`Adawiyya et Ibrahim
al-Adham; ou bien ils mentionnent le blâme de kalam de l’Imam Ahmad dans la méthode de Mouhassibi, oubliant qu’il
admirait beaucoup les discours Soufis d’al-Mouhassibi; ou bien ils citent le
rapport de al-Dhahabi sur la censure d’Abou Zour`a d’al-Mouhassibi et la
lamentation de Dhahabi sur le niveau médiocre d’érudition de hadith dans les
livres Soufis, oubliant que Dhahabi admirait al-Mouhassibi et exprimait le plus
grand respect pour les Soufis.
Il est étrange que Dhahabi
soit cité pour illustrer des points de vue anti-Soufis alors qu’il dit
explicitement au sujet de l’un des Soufis qui fut le plus attaqué, Ibn
al-Farid: «Ne vous empressez pas à le juger.» Ici est la remarque de Dhahabi
sur Ibn al-Farid dans Mizan al-i`tidal:
Il rapporta des hadiths de al-Qassim ibn `Assair; il parla haut d’une union
franche avec Allah dans sa poésie, et ceci est une grande calamité: par
conséquent, examinez précieusement ses compositons et ne vous empressez pas de
juger, au contraire, aillez la meilleure opinion des Soufis (hassin al-zanna bi al-soufiyya).[70]
Voici encore d’autres extaits et
exemples des éloges des Soufis de Dhahabi, tirés de Siyar a`lam al-noubala':
[#506] al-`Abdin connu sous le nom de Qassim al-Jou`i (d.248): l’Imam, le
modèle, le saint, le Mouhaddith…le cheick des Soufis et l’ami d’Ahmad ibn
al-Hawari. Il est connu comme al-Jou`i.
… Je dis, les acsétiques (zouhhhad) de ce temps étaient al-Jou`i à
Damas, al-Sari al-Saqati à Bagdad, Ahmad ibn Hard à Naysabour, Dhou al-Noun en
Egypte, et Mouhammad ibn Aslam à Tus. Où sont les semblables à ces maîtres?
Seulement la poussière remplira mes yeux, ou ce qui est sous la poussière!
[#969] Chihab al-Din al-Souhrawardi; le cheick, l’Imam, le savant, le zahid, le connaisseur, le Mouhaddith, le
Cheick Al-Islam, le Hors-Pair des Soufis…
[#512] Je dis: si vous voyez le Soufi se consacrer au hadith, alors ayez
confiance en lui, et si vous le voyez s’éloigner du hadith alors retirez-vous
de lui…
Ceci est une louange indirecte à tous les Soufis, dans la mesure où aucun
d’eux ne peut être que dévoué aux hadiths et s’y référant constamment. Ces
lignes montrent que Dhahabi n’était en
aucun cas contre le tassawwouf, au contraire, il protesta contre quelques
éléments de quelques Soufis qu’il ne voyait pas être dans sa ligne de compréhension
de la Sunna. Il ne considéra pas la différence entre les adhérents et simples
prétendants au tassawwouf, quoiqu’il le mentionna ailleurs .
Les Soufis parmi les maîtres de hadiths de Dhahabi sont trop nombreux pour
être cités. Ci-dessous quelques noms comme cela est énuméré par Dhahabi
lui-même dans son Mou`jam
shouyoukal-Dhahabi ou «l’abrégé des cheicks (de hadiths) de Dhahabi»:
·
Ahmad ibn Abou al-Ma`ali al-Abarqouhi (d.701), qui
dit au cours de sa dernière maladie lorsqu’il était à la Mecque: «Je mourrai de
cette maladie parce que le Prophète m’a promis que je mourrais à Mecque.»[71]
·
Ahmad ibn `Abd Allah al-Qadi Chouqayr (d.715), le
Soufi Hariri.[72]
·
Ahmad ibn `Abd Allah al-Rahman al-Chahrazouri
al-Soufi al-Qadiri (d.701).[73]
·
Ahmad ibn `Abd
al-Moun`im Roukn al-Din Abou al-`Abbas al-Qazwini al-Tawoussi al-Soufi
(d.704.).[74]
·
Ahmad ibn `Ali al-Qadi al-Jayli al-Dimaschqi
al-Soufi (d.724).[75]
·
Ahmad ibn Mouhammad Najm al-Din Abou al-`Abbas ibn
Sasra (d.723), le chef juge Chafi`i (qadi
al-qoudat) et le chef des enseignants religieux (cheick al-chouyouck) à
Damas. Il désapprouva Ibn Taymiyya et présida à son jugement à Damas en 705.[76]
·
«Mon ami» Charaf al-Din Ahmad ibn Nasr Allah
al-Faqih al-Soufi (d.730), de la Khaniqa
al-Tawawis.[77]
·
al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Barakat
al-Ba`albaki, connu comme Ibn al-Qourachiyya (d.740): «L’un des remarqables fouqara' Qadiri, un homme de religion, de
clarté, de perfection, aimable, et de rare bénéfice.»[78]
·
al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Dawoud al-Hakkari
al-Kourdi al-Mouqri' al-Soufi al-Zahid (d.712), le père de Chams al-Din et
d’`Imad al-Din.[79]
·
Le leader et Cheick Sadr al-Din Abou al-Majami'
Ibrahim ibn Mouhammad al-Jouwayni al-Khourassani al-Soufi al-Mouhaddith
(d.720). Dhahabi rapporta que le gouverneur Mongol Ghazan Khan accepta de
devenir Musulman par lui. Il ajouta: «Il était extrêmement respecté par les
Soufis à cause du niveau spirituel de son père Sa`d al-Din ibn Hammouwayh (ou
Hamawayh).»[80] Sa`d al-Din
(d.678) fut cheick al-chouyoukh à
Damas.[81]
·
«Mon cheick» Ibrahim ibn Mounir al-Ba`albaki
al-`Abid al-Zahid al-Sayyah (d.725).[82]
·
Ichaq ibn Ibrahim Mouzaffar al-Misri al-Waziri
al-Mouqri' al-Mou`addid al-Soufi (d.719), l’enseignant des orphelins.[83]
·
Aqouch Abou Mouhammad Houssam al-Din al-qoutbi
al-Younini (d.720), «il était l’un des Soufis d’al-Assadiyya, il était pieux et
récitait beaucoup le Coran.»[84]
·
«Mon compagnon» `Izz al-Din al-Hassan ibn Ahmad
al-Irbili le medecin (d.726), «il était l’un des Soufis de Douwayrat Hamd.»[85]
·
Houssayn ibn Moubarak al-Mawsili al-Soufi (d.742).
«Il était un homme de bonté et pieux. Il rédigea plusieurs livres de savoir et
des livres au sujet de la Sunna, et il resta en compagnie des fouqara'.»[86]
·
Abou Sa`d al-Khidr `Abd Allah al-Jouwayni
al-Dimachqi al-Soufi (d.674). «Il était le cheick de la khaniqa soumayssatina… Il rédigea un livre d’histoire en deux
volumes rempli de bienfaits et de merveilles.»[87]
·
Oumm Mouhammad Zaynab bint `Ali al-Wassiti
(d.695). «Une femme versée dans la servitude, dans le jeûne, forte, humble,
honorable. Son frère l’Imam Taqi al-Din ibn al-Wassiti avait l’habitude de la
visiter pour bénéficier de sa bénédiction (yaqsoud
ziyarataha wa al-tabarrouk biha).»[88]
·
Zayn al-`Rab bint `Abd al-Rahman al-Dimachqiyya
al-Soulamiyya (d.704). Elle était la cheicka de la ribat à al-Kharimiyyin.[89]
·
Abou `Ali Souwanj ibn Mouhammad al-Tourkoumani
al-Dimachqi al-Faqir (d.694).[90]
·
Abou al-Barakat Cha`ban ibn Abi Bakr al-Irbili
al-Soufi al-Qadiri al-Zahiri al-Zahid (d.711). «Il était un homme de bonté, de
clairvoyance, modeste, raffiné, qui n’a ni lu ni écrit.»[91]
·
Abou Ghanim Zafir ibn Ja`far al-Soulami
al-Dimachqi (d.615). «Il était l’un des fouqara'
du mouqsoura (tombeau de saints) des
Halabiyyin.»[92]
·
Charaf al-Din `Abou Mouhammad Abd Allah ibn `Abd
al-Halim ibn Taymiyya al-Harrani al-Hanbali (d.727). «Frugal dans son manger et
dans son habillement, doté de plusieurs qualités, il avait l’habitude de faire
des reproches à son frère sur certaines choses (Taqi al-Din Ibn Taymiyya) qu’il
considéra blâmables de sa part.»[93]
·
Ibn Abou Nasr `Abd Allah ibn Nasr ibn `Abd
al-Razzaq ibn al-Cheick `Abd al-Qadir al-Jili (c’est-à-dire al-Gilani)
al-Hanbali al-faqih al-Soufi (d.708).[94]
·
Abou al-Majd `Abd al-Rahman ibn al-Mouhaddith Abi
`Abd Allah al-Isfarayini al-Dimachqi al-Chafi`i (d.701). «Il était le cheick de
la khaniqa chihabiyya.»[95]
·
Zayn al-Din `Abd al-Rahman ibn mouhammad al-Zahid,
Khatib Yalda (712). «Il était perspicace, saint, honorable, et restait en
retraite pour éviter les gens.»[96]
·
Abou al-Qassim `Abd al-Samad ibn Qadi al-Qoudat
`Abd al-Karim al-Harastani al-Dimachqi al-Chafi`i (d.694). «Il apprit le fiqh
et fréquenta les écoles, puis il devint un ascétique… Les gens le vénéraient et
des miracles sont rapportés à son sujet. J’ai appris que mon cheick Zayn al-Din
al-Fariqi mentionna qu’Ibn al-Harastani lui parla de la chute des Tartares
avant qu’elle eût lieu en 680.»[97]
·
`Izz al-Din `Abd al-`Izz ibn `Oumar al-Hamawi
al-Ghassani al-Soufi (d.720).[98]
·
Abou Mouhammad `Abd al-Ghaffar ibn Mouhammad
al-Maqdissi al-Soufi (d.circa 700).[99]
·
Abou Nasr `Abd al-Latif ibn Nasr al-Cheicki
al-Soufi al-Halabi (d.697). «Il était cheick
al-chouyouk à Aleppo.»[100]
·
Najm al-Din `Abd al-Malik ibn `Abd al-Qahir Ibn
`Abd al-Ghani Ibn Taymiyya al-Harrani al-Chahid al-Soufi (d.720).[101]
·
Abou `Amr `Outhman ibn Abi Bakr al-Faqir al-Salih
(Né en 674). «Un réciteur de Coran, il est érudit et est un homme de bonté, de
décence, solitaire en dehors des gens. Je suis resté en sa compagnie depuis mon
enfance.»[102]
·
«L’Unique Leader, le Connaisseur et Savant de
Hadith», Abou `Abd Allah Najm al-Din `Ali ibn Mouhammad al-Azli al-Hilali
al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.729). «Il avait l’habitude de raconter des récits
bénéfiques, et il garda une excellente estime pour les saints – qu’Allah le
compte ainsi que moi parmi eux.»[103]
·
Abou Hafs `Oumar ibn Abi al-Qassim al-Younini
al-Salawi al-Soufi (d.707). «Il resta en compagnie des fouqara'.»[104]
·
Oumm Mouhammad `Aïcha Bint Rizq Allah al-Biladiyya
al-Maqdissiyya (d.711). «Elle était l’une des femmes dévotes qui pleurait
beaucoup, exhibait l’humilité, et tenait fermement à la récitation des
dévotions (awrad).»[105]
·
al-Foulk al-Soufi, `Ali ibn al-Foulk al-`Alawi
al-Hassani al-Wassiti al-Mou`ammar (né en 600).[106]
·
«Le faqih et le connaisseur» Abou al-Qassim
al-Fadl ibn `Issa al-`Ajlouni al-Hanbali al-Masmari (d.735). «Il était de haute
stature et portait un large turban et des tenues imposantes. Il était un bon
interprète de rêves. Les gens le vénéraient comme un saint.»[107]
·
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Maqdissi
al-Salihi (d.705). «Il était connu sous le nom de Chamlaj al-Faqir.»[108]
·
Mouhammad ibn Ahmad al-Mawsili al-Salihi al-Faqir
(d.723). «Il était clairvoyant, menait une vie simple, un homme de décence et
de bonté.»[109]
·
Diya' al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad
al-Faqir (d.713).[110]
·
al-Imam al-khayyir Chams al-Din Abou `Abd Allah
Mouhammad ibn Ahmad al-Khallati al-Chafi`i al-Soufi (d.706).[111]
·
Abou `Abd Allah mouhammad ibn Jawhar al-Mouqri'
al-Moujawwid al-Tala`fazi al-Soufi al-Moulaqqan (d.696).[112]
·
«L’Imam, le Juge, l’Exégète, le Savant,
l’Ascétique» Jamal al-Din Mouhammad ibn Soulayman al-Naqih al-Balkhi
al-Dimaschqi al-Hanafi (d.698). «Il compila un très long commentaire du Coran
en quatre-vingt-dix- neuf volumes dans lesquels il figura les lectures
Coraniques, les contextes de la révélation, les explications linguistiques, les
dires des exégètes, ceux des Soufis, et leurs haqa`iq (réalités spirituelles).»[113]
·
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Soulayman al-Faqih
al-Chafi`i (d.699). «Il était celui qui prenait soin de la tombe d’al-Sayyida
Nafissa (la plus grande femme sainte d’Egypte).»[114]
·
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Abd Allah ibn
al-Saqil al-Harrani (d.713). «Il était l’un des fouqara' de la ribat
d’Ibn al-Askaf.»[115]
·
«Le brillant savant et le spécialiste d’oussoul» Safi al-Din Mouhammad ibn `Abd
al-Rahim al-Hindi al-Chafi`i (d.715). «Il était versé en prière, en adoration,
en tassawwouf et d’une excellente croyance.»[116]
Il témoigna contre Ibn Taymiyya au jugement de ce dernier à Damas.»[117]
·
«Qadi
al-qoudat, le Paragon de l’Islam, le porteur-standard de la Sunna, mon
cheick» Jamal al-Din Abou al-Ma`ali Mouhammad ibn `Ali al-Anssari al-Zamalkani
al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.727).[118]
Il remplaça Safi al-Din al-Hindi dans le jugement contre Ibn Taymiyya, contre
lequel il rédigea par la suite une réfutation de sa position sur le divorce et
de ses points de vue sur la Visitation du Prophète (al-ziyara).[119]
·
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Mouhammad
al-Mouhaddith al-Zahid al-Kikhi al-Soufi (d.684).[120]
·
«Le vertueux de la bonté, l’Imam, le Connaisseur,
le Mouhaddith» Abou `Abd Allah Badr al-din Mouhammad ibn Mas`oud Ibn
al-Touwwazi al-Halabi al-Chafi`i (d.705). «Il était le Cheick de Hims et l’adjoint au juge ainsi que le Cheick de la Khaniqa.»[121]
·
«L’Imam, le Réciteur, le Perfecteur, le Résidu des
Salaf» Mouwaffaq al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-`Ala' al-Rabbani
al-Nassibi al-Chafi`i al-Soufi (d.695). «Le cheick des Soufis et des fouqara' à Ba`albak.[122]
·
«L’Orateur, l’Ascétique, la Bénédiction de
l’Humanité» Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-Fadl al-Ja`bari al-Soufi
(d.713). «L’Imam du Masjid al-Halabiyyin au Caire.»[123]
·
al-Cheick al-Imam al-Moufti al-Zahid al-`Arif
Zahir al-Din Abou al-Mahmid Mahmoud ibn `Oubayd Allah al-Zanjani al-Chafii
al-Soufi (d.673). «Il tena compagnie avec Cheick Chihab al-Din al-Souhrawardi
et apprit de lui `Awarif al-ma`arif,
et d’`Abd al-Salam al-Dahiri il apprit l’œuvre al-Louma' d’Abou Nasr al-Sarraj.»[124]
·
«L’Imam, le Mouhaddith de confiance, le
Connaisseur, le Linguiste, l’Ascétique» Safi al-Din Abou al-Thana' Mahmoud ibn
Abi Bakr al-Tannoukhi al-Armouwi al-Chami al-Chafi`i al-Soufi (d.723).[125]
·
al-Alim al-Zahid Taqi al-Din Abou Bakr ibn Charaf
al-Salihi Nazil Hims (d.728). «Il était un moutassawwif, avait l’éloquence, la
noblesse, une connaissance intime des questions en main, et une large portion
d’excellentes qualités.»[126]
·
Abou Bakr ibn Sanjar al-`Ala'i al-Chayzari
al-Soufi (pas de date).[127]
Plusieurs des maître de hadiths que Dhahabi cite dans son Tadhkirat al-houffaz sont Soufis:[128]
·
Abou `Abd Allah Mouhammad Ibn al-Banna' al-Soufi
·
Abou al-Hassan b. Jahdam al-Soufi
·
Abou al-Houssayn al-Baghdadi Ahmad b. al-Hassan b.
`Abd al-Jabbar al-Soufi al-Hakim
·
Abou Mouhammad `Abd al-`Aziz b. Ahmad Ibn
Mouhammad b. `Ali al-Tamimi al-Dimachqi al-Soufi al-Wahchi
·
Abou Mouhammad al-Andalousi al-maghrib al-Qafassi
al-Soufi
·
Abou Sa'd Ahmad b. Mouhammad b. Ahmad b; Abdillah
b. Hafs al-Anssari al-harawi al-Malini al-Soufi
·
Abou Sa`id Ahmad b. Mouhammad b. Ziyad b. Bichr b.
Dirham al-Basri al-Soufi
·
Abou Ya`qoub Youssouf b. Ahmad b. Ibrahim al-Soufi
·
Ahmad b. `Abd Allah b. Ahmad b. Ishaq b. Moussa b.
Mahran al-Mihrani al-Isbahani
·
al-Soufi al-Ahwal sibt al-Zahid Mouhammad b.
Youssouf al-Banna' al-Talamanki
·
al-Hafiz Abou Hafs al-Soukkari Ahmad b. al-Hassan
al-Soufi
·
Ishaq b. Balkouyah al-Soufi
·
Isma`il b. Sa`d al-Soufi
·
Mouhammad b. al-Houssayn b. Mouhammad b. Moussa
al-Nissabouri al-Soufi al-Azdi
·
Zaynouddin Abou al-Fath Mouhammad b. Ahmad b. Abi
Bakr al-Abyourdi al-Soufi al-Chafi`i al-Is`irdi
En conclusion le supposé
conflit entre les savants de hadiths d’un côté et les Soufis de l’autre est une
fabrication intentionnelle en vue d’inspirer la division parmi certains membres
de la Communauté. Les détracteurs rassemblent quelques dires qui soulèvent
l’incertitude et le doute au sujet du tassawwouf, omettant de mentionner que de
telles critiques tombent sous la rubrique de l’exception. La règle est que le
tassawwouf est l’indication d’un niveau spirituel qui n’amène rien d’autre que
de l’honneur à celui qui l’endosse, parmi eux s l’Imam Ahmad, Dhahabi, Sakhawi,
Souyouti, al-`Izz ibn `Abd al-Salam, al-Qari, al-Nawawi, et les autres Imams de
hadiths l’ont attesté. Ceci est le cas même pour Ibn Taymiyya qui se
considérait capable de définir le tassawwouf en profondeur, et se félicitait
d’avoir pris la tariqa Qadiri, même s’il prit des inclinations anti-Soufies qui
firent surfaces dans ses attaques contre ibn `Arabi et autres. Permettez-nous
d’avertir nos frères et sœurs qu’en regardant les désaccords des grands savants
sans un œil critique, nous invitons à la confusion. Al-Soubki averti:
Prenez garde d ‘écouter ce qui s’est passé entre Abou Hanifa et
Soufyan al-Thawri, ou entre Malik et ibn Abi Dhi'b, ou entre Ahmad ibn Salih et
al-Nissa`i, ou entre Ahmad ibn Hanbal et al-Harith al-Mouhassibi (et autres
dans les temps ultérieurs). Si vous êtes affairés avec cela, je crains la mort
pour vous. Ceux-là sont les notables en religion et leurs paroles ont plusieurs
explications que certains ont peut-être mal compris. En ce qui nous concerne,
nous n’avons rien d’autre qu’à
approuver ce qu’ils ont dit et de ne rien dire concernant ce qui a eu lieu
entre eux, comme ce qui s’est passé entre les Compagnons, qu’Allah soit
satisfait d’eux… O toi qui cherche à
être guidé! Consacre-toi à la voie des bonnes manières avec les maîtres passés,
évite de creuser dans leurs divergences sauf ce qui est le produit d’une claire
démonstration. Si vous êtes capable
d’y appliquer une bonne interprétation
faites-le, dans le cas contraire, laissez ce qui eut lieu entre eux, et
préoccupez-vous de ce qui vous concerne, et laissez ce qui ne vous concerne
pas![129]
L’un des grands saints de Damas qui étudia le hadith sous Soufyan ibn
`Ouyayna. Ibn al-Jawzi rapporte dans Sifat
al-safwa que al-Jou`i expliqua qu’il reçu le nom al-Jou`i (de la faim)
parce qu’Allah l’a guéri contre la faim du corps au moyen de la faim
spirituelle. Il dit:
Même si j’étais laissé un mois sans nourriture, je n’étais pas gêné. O
Allah, tu as fait ceci avec moi: Cependant, complète le pour moi![130]
Al-Dhahabi écrit à propos de lui dans Siyar
a`lam al-noubala':
[#506] al-`Abdi, connu sous le nom de Qassim al-Jou`i: L’Imam, le modèle,
le saint, le Mouhaddith… le cheick des Soufis et l’ami d’Ahmad ibn al-Hawari. (al-Imam al-qoudwa al-wali al-mouhaddith Abou
`Abd Al-Malik Al-Qassim ibn `Outhman al-`Abdi-Dimaqshqi, Cheick as-soufiyya wa
rafiq Ahmad ibn al-Hawari, `Ourifa bi al-Jou`i).
Ibn al-Jawzi aussi rapporte qu’Ibn Abou Hatim al-Razi dit:
J’entrai à Damas pour voir les reporteurs de hadiths et je passai par le
cercle de Qassim al-Jou`i et je vis une immense foule assise autour de lui. Je
m’approchai et je l’entendis dire:
Faites cinq choses dans votre vie,
sans les autres:
-Si vous êtes présent parmi les gens, ne soyez pas connu;
-Si vous êtes absent, que l‘on ne vous manque pas;
-Si vous connaissez quelque chose, votre conseil n’est pas recherché;
-Si vous dites quelque chose, votre parole est rejetée;
-Si vous faites quelque chose, n’en recevez pas d’honneur;
Je vous conseille de même cinq autres choses:
-Si du tort vous est fait, ne rendez pas l’appareil;
-Si des éloges vous sont faites, ne soyez pas heureux;
-Si vous êtes blâmez, ne soyez pas éperdu;
-Si vous êtes appelé menteur, ne vous mettez pas en colère;
-Si vous êtes trahi, ne trahissez pas en retour.
Ibn Abou Hatim dit: «Je fis de ces mots tout le bénéfice de ma visite à
Damas.»[131]
L’Imam du monde de son temps, al-Jounatd al-Baghdadi, dit en définissant un
Soufi:
al-soufi man labissa al-soufa
`ala al-safa
wa ittaba`a tariq al-moustafa
wa qthaqa al-jassada ta`m
al-jafa
wa kanat al-dunya minhou `ala
qafa.
Le Soufi est celui qui porte de la laine au-dessus de la pureté, suit le
chemin du Prophète, endure les peines corporelles, dédit sa vie à l’adoration
et se retire des plaisirs et abandonne tout ce qui à rapport au monde.[132]
Le texte du livre Kitab dawa' al-arwah (Livre du remède
des âmes) d’al-Jounayd fut édité en arabe et traduit en anglais par le savant
A.J.Arberry.[133]
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Ali al-Hakim al-Tirmidhi al-Hanafi, un faqih
et un mouhaddith de Khorasssan et l’un des grands auteurs de tassawwouf que Ibn
`Arabi cite particulièrement. Il rédigea plusieurs volumes parmi lesquels les
suivants ont été publiés:
·
al-Massq`il
am-makanouna: Les affaires dissimulées;
·
Adab
al-nafs: La discipline de l’égo;
·
Adab
al-mouridin: Les éthiques des chercheurs d’Allah, ou les
éthiques des disciples Soufis;
·
al-amthal
min al-kitab wa al-sunna: Les exemples du Coran et de
la Sunna;
·
Asrar
moujahadat al-nafs: Les secrets du combat contre l’égo;
·
`Ilm
al-awliya': La connaissance des saints;
·
Khatm
al-awliya': Le sceau de la sainteté;
·
Chifa'
al-`ilal: La guérison des défauts;
·
Kitab
manazil al-`ibad min al-`ibadah, aw, Manazil al-qassidin ila Allah: Le livre des positions des
adorateurs en relation à l’adoration, ou Les positions des voyageurs vers
Allah;
·
Kitab
ma`rifat al-asrar: Le Livre de la connaissance des secrets;
·
Kitab
al-A`da' wa-alnafs; wa al-‘aql wa al-hawa: Le
livre des ennemies, l’égo, l’esprit, et les vains désirs;
·
al-Manhiyyat: Les interdits;
·
Nawadir
al-ousoul fi ma`rifat ahadith al-Rassoul: Les sources rares de la religion concernant la
connaissance et les dires des Prophètes;
·
Taba`i
al-noufous: wa-houwa al-kitab al-moussamma bi al-akyas wa al-moughtarrin: Les différents caractères
des âmes, ou Le livre des intelligents et des leurrés;
·
al-Kalam
`ala ma`na la ilaha illa Allah: Débat sur la signification de
“Il n’y a de Dieu que Dieu.»
L’extrait suivant
est une une reproduction des deux premiers chapitres de son Adab al-mouridin ou «L’éthique des
disciples Soufis»:
I. Concernant le Mourid
(l’aspirant) et Ce qui L’aide ou Ce qui lui fait du tort dans Son Trajet vers
Allah le Plus Exalté, et Ce Que Doit être Son Premier Pas.
Il y a deux types de mourids:
Ceux qui cherchent la grâce d’Allah en L’adorant, exécutant Ses commandes et
évitant Ses interdits, ensuite se dévouant à performer des actes volontaires
aussi nombreux qu’ils le peuvent, et
cherchant à travers le salut à éviter le feu de l’enfer et parvenir à
atteindre les récompenses qu’Il a préparées pour Ses fidèles.
D’autres approchent Allah en
adoration, exécutant ses commandes et évitant Ses interdits, ensuite examinent
leur moi interne trouvent plusieurs maladies dans leur coeur, comme l’amour pour le monde, le désir pour le
pouvoir, l’honneur, la grandeur, l’avidité, le fourneau des appétits (chahawat), le bavardage au sujet des
vains désirs (hawa), l’ambition,
l’envie, l’amour des éloges et des compliments – tous des liens mondains
aveuglant le cœur.
Un tel cœur portant ces
teintes ne peut jamais trouver le chemin vers Allah, car aimant ce monde il se
sépare de Son Seigneur. Il aime quelque chose qu’Allah a éloigné de lui-même et
méprisé. Demander la grandeur, c’est se comparer à Allah Le Plus-Haut; dans le
fourneau des désirs l’on fait face aux plus grandes séductions; et dans le
bavardage des passions vaines repose la tyranie en elle-même et l’horreur de
respecter les droits d’Allah, Le Seigneur de La Puissance et de la Majesté. Le
cœur est voilé de la sagesse et de la compréhension du comment Allah dispose de
Ses affaires.
Une telle personne est
prisonnière de son égo (assir an-nafs).
Elle performe les obligations alors qu’elle est attachée au monde, elle évite
les interdits pendant qu’elle est attachée au monde, et elle adore généralement
Allah selon sa propre commodité. Ceci est un serviteur qui doit chercher la
sincérité en toute chose, en toute action, à tout moment et travailler sur son
égo.
Celui ou celle qui désire la
récompense d’Allah le Plus Haut, doit prendre la peine de demander la sincérité
en son coeur jusqu’à ce que la porte lui soit ouverte. Lorsque la porte est
ouverte et que le cadeau est offert, à ce moment le coût de son voyage lui sera
remboursé en totalité. Il sera fortifié et continuera sur sa voie, et plus loin
il ira, plus le cadeau s’accroîtra pour lui et il ira plus loin. Ceci ne
s’arrête pas jusqu’à ce qu’il atteigne Allah à travers son cœur (hatta yassil ilallah qalban). A ce
moment, Allah l’appointe selon son degré et il devient un Ami d’Allah (wali Allah). Il a gardé son cœur calme
en présence d’Allah donc il a reçu sa nomination. De ce point, il continue de
travailler avec un cœur solidifié par la force d’Allah et riche avec la
profusion d’Allah, avec un égo irréprochable de péchés et de démons. Il s’est
séparé des voies des passions vaines et de la poursuite de l’honneur et il
s’est purifié.
Nous avons traité de ces
sujets dans deux livres, «Le dressage de l’égo» (Riyadat al-nafs) et «La pratique des Saints» (Sirat al-awliya'), dans lesquels s’y trouve par la permission
d’Allah, des remèdes pour tous ceux qui aspirent à la connaissance dans cette
matière.
II. Concernant le Bien-Etre du cœur
et ses Remèdes, et la Corruption du Cœur et ses maux.
Le bien-être du cœur réside dans la tristesse et l’anxiété, et le remède
est le permanent souvenir (dhikr)
d’Allah Le Plus Haut. La corruption du cœur provient de la joie du monde et du
contentement dans les états (ahwal)
de l’égo, et sa maladie est le refus du souvenir d’Allah et de s’adonner à tout
ce qui distrait de ce souvenir.
La joie est pour l’égo ce
qu’est l’eau pour le poisson. Le domaine de vie du poisson est dans l’eau, s’il
reste en surface en dehors de l’eau, il ne pourra pas vivre. Similairement, si
l’égo est restreint des joies de ce monde, il se fanera et deviendra faible,
son pouvoir décroîtra, ses activités diminueront et prendront fin – car la
tristesse tue sa vie – jusqu’à ce que le coeur se débarrasse de tout ce que y
avait pris place auparavant et des impuretés qui en sont résultées.
Lorsque le cœur atteind Allah
Le plus Exalté, Il lui donne vie. Lorsqu’Il lui donne vie, l’égo expérimente
cette vie avec La Lumière d’Allah Le Plus Haut. Auparavant le cœur était mort
avec le plaisir et les joies de l’égo: lorsque l’individu apprivoise l’égo et
lui interdit ses joies, son Seigneur le remercie parce qu’il a mené un combat
pour Allah avec toutes ses forces, et Allah a guidé son chemin comme Il l’a
promis dans Sa révélation quand Il dit: «Ceux qui ont combattu pour Notre
cause, Nous les guidons à Nos Voies» (29:69).
Quand la porte lui est
ouverte, il continue avec son coeur sur la voie d’Allah Le Puissant et Majesté.
Ensuite, vient le cadeau qui lui repaie le coût de son voyage jusqu’à Allah,
qui le revivifie dans Sa proximité avec Sa Lumière, alors il devient l’un de
ceux qui se sont Approchés (mouqarranin).
A ce point, il obtient la joie en Allah après avoir mis fin aux plaisirs du
monde de l’égo et de ses différents états. Il a obtenu l’éminence auprès
d’Allah, le Puissant et Majesté.
Quant à celui qui met fin au
souvenir d’Allah, son cœur s’endurci, parce que le souvenir contient de la
miséricorde de la part d’Allah Le Plus Haut, qu’Il a promis à Ses serviteurs
dans Sa révélation lorsqu’Il dit: «Souvenez-vous de Moi et Je Me souviendrai de
vous» (2:152). Lorsque la miséricorde arrive, le cœur devient léger et
s’adoucit; alors le feu de l’égo s’éteind du fait d’avoir été attiré par la
miséricorde qui apparait dans le cœur. Le cœur perd sa rudesse, sa grossièreté et sa brutalité.
Maintenant le cœur et l’égo
sont partenaires dans ce corps. La force du cœur réside dans le gnostique ou la
connaissance interne (ma`rifa), la
raison (`aql), la connaissance
externe (`ilm), la compréhension (fahm), l’intellect (dhihm), l’intelligence (fitna),
la mémoire (hafz), et la vie en
Allah. La joie en ces choses motive le coeur, le renforce et lui donne vie.
La force de l’égo provient de
la joie, des plaisirs matériels, la gratification sexuelle, l’honneur, le
pouvoir, les hauts rangs, et la satisfaction de tout appétit affamé. La joie en
ces choses motive l’égo et le renforce. Tous ceux-ci sont les soldats des
passions vaines, parce que les passions vaines gouvernent l’égo. Ce qui dirige
le cœur est la connaissance interne, et les autres choses que nous avons
mentionnées sont ses soldats.
Lorsque l’égo prospère et que
ses joies se développent, l’égo étouffe le cœur. A cet instant, la vie du cœur
cesse, ensemble avec les éléments avec lesquels il vit. Mais, lorsque ses
plaisirs et contentements sexuels lui sont interdits, il perd sa force et
relâche ses griffes, et au même moment l’anxiété et les remords s’accumulent et
le rabaissent. Ainsi, à travers les anxiétés causées par le refus et
l’abstinence, l’égo perd sa force, et le cœur gagne du pouvoir à travers les
éléments déjà mentionnés.
La joie du cœur en Allah
devient manifeste, et ceci est la raison pour laquelle Allah dit: «Dis: ceci
provient de la grâce d’Allah et de Sa Miséricorde; Voilà de quoi ils devraient
se réjouir. C’est mieux que tout ce qu’ils amassent» (10:58). Il est rapporté
du Prophète, que la paix et la bénédiction d’Allah soit sur lui, dit:
L’égo de l’être humain est un feu
violent comme celui au sommet d’un vieux volcan, sauf pour ceux dont Allah
examine les cœurs pour la piété (taqwa)
et ils sont peu nombreux.[134]
Il est rapporté d’Anas b.
Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, que le Prophète dit:
Même lorsque les êtres humains deviennent âgés et ont les cheveux blancs,
deux choses restent rajeunies en eux: l’avidité pour l’argent et le désir pour
la vie.[135]
Le Prophète par conséquent
nous exhorte à nous souvenir de la mort comme il dit:
Souvenez-vous de celui qui
détruit les plaisirs. Se souvenir (d’Allah) amoindri son pouvoir; se souvenir
rarement renforce son pouvoir.[136]
Ce hadith rapporté avec une
chaîne d’autorité par Abou Hourayra. Le sens de ceci, est que lorsque tu te
rappelles de la mort, tu réalises que
ton tout est de ne rien posséder, et qu’à la fin, tu te diriges à
l’instinction. Si tu te rappelles de ceci, la mort devient une chose facile
pour toi, et si tu te rappelles du premier, tu réalises que le peu que l’on a
dans ce monde est assez. Car l’on ne sait pas le temps et l’instant auquel
soudainement la mort nous confrontera. Ainsi donc la mort est «le
destructeur des joies.» Se rappeler de
ses destructions enlèvera les fausses joies et les remplacera avec l’abattement
et la tristesse.
Il t’est maintenant clair
qu’il y a deux sortes de joie: la joie du cœur en Allah, en Sa Bonté, dans Sa
Miséricorde, et la joie de l’égo dans le plaisir et les merveilles. Quiconque
désire sincèrement atteindre Allah Le Plus Haut doit faire attention aux
plaisirs de son égo, tant en matière religieuse que mondaine. Il doit ensuite
lui interdire un tel plaisir jusqu’à ce qu’il s’affaiblisse et meurt (son égo)
de chagrin dans sa poitrine.
Car lorsque l’on interdit à
son égo la réjouissance des plaisirs mondains et à l’opposé le satisfait avec
la réjouissance de la religion, à titre d’exemple les bonnes œuvres et les
dévotions, l’égo aura toujours de la satisfaction, et partant de là il reste en
vie. La raison est que les passions d’une telle personne continuent d’ête une
partie de chacune de ses bonnes actions. Malgré tous ses efforts, elle demeure
une personne confuse et impie. Si elle renonce à ses efforts, ses teintes
resteront sûrement avec lui, et il n’atteindra jamais Allah Le Plus Haut à
travers ses erreurs et ses passions vaines. Cela est la raison pour laquelle
Allah dit: «Lutter pour Allah jusqu’à votre exrême pouvoir» (22:78). Le
«pouvoir extrême» signifie l’irradiation de tout plaisir de l’égo que se soit
en matière religieuse ou mondaine. Dans la mesure où l’on a du plaisir dans
toute bonne œuvre, et puisque la passion reste une composante de chacune
d’elle, il est claire que de telles actions ne sont pas purement pour l’amour
d’Allah. Il devient alors une obligation de se tourner vers d’autres actions
qui excluront les plaisirs de l’égo.
Si l’un effectue cela avec sa
force extrême et toute sa capacité, Allah Le Plus Haut le remerciera dans ce
monde et celui qu’Allah remercie, Allah lui ouvre le cœur à Sa Lumière. Lorsque
cette lumière s’élève dans la poitrine, l’égo trouve dans un tel présent tout
ce qu’il ne pouvait pas avoir auparavant, c’est-à-dire les distractions, les
plaisirs et les joies de ce bas-monde.
Ensuite, se présente la
nécessité de contrôler l’égo, de peur qu’il commence à dériver de ces présents
un plaisir qui piègera et tuera celui à qui de droit. Car l’ego trouve du
plaisir dans les présents d’Allah, il prospère et se délecte de joie après
avoir été fané et négligé, et c’est en cela que réside le plus grand danger.
Voici où sont les cœurs de la majorité des aspirants dans la voie d’Allah. Ils ont été des proies à la traîtrise de
l’égo. Ce chapitre contient en bref les réponses à plusieurs milliers de
questions qui sont toutes des parties et corollaires à celle-ci.[137]
L’un de ceux qui possèdaient la connaissance couvrant les divers vues et
croyances des groupes des musulmans et non-musulmans, il écrit dans son Farq bayn al-firaq:
Sachez que Ahl al-Sunna wa al-jama’a est divisé en huit groupes de gens… le
sixième groupe étant les Soufis Ascétiques (al-zouhhad
al-soufiyya), qui ont vue des choses pour ce qu’elles sont et malgré
tout s’en sont abstenus, qui ont connu
par expérience et cependant sont fidèlement prudents, qui ont accepté ce
qu’Allah leur a assigné et se contentent avec ce qui est à leur portée.
Ils ont compris qu’entendre,
voir, et penser est compté pour leurs bonnes et mauvaises actions et sont sujet
à une estimation du poids d’un atome. En conséquence, ils se sont sécurisés
avec la meilleure sécurité en préparation pour le Jour du retour. Leurs
discours ont parcouru les deux voies des préceptes et allusions subtiles à la
manière des Gens de Hadith mais sans la poursuite de discours futils. Ils ne
cherchent ni à se faire voir dans la pratique des bonnes actions ni dans
l’abandon des bonnes actions par timidité. Leur religion est la déclaration de
la ténacité et le désavouement de la similitude. Leur école est l’engagement
dans les devoirs d’Allah, dépendre de Lui, la soumission à Ses ordres, la
satisfaction avec ce qu’ils ont reçu de Lui, et référer toute leur objection à
Lui. «Telle est la grâce d’Allah, Il la donne à qui Il veut. Et Allah est le
Détenteur de l’énorme grâce» (57:21).[138]
L’Imam `Abd al-Qadir al-Baghdadi écrit dans Oussoul al-Din:
Le livre Tarikh al-soufiyya
(L’histoire des Soufis, plus connu sous le nom de Tabaqat al-soufiyya ou le niveau des Soufis) par Abou `Abd
al-Rahman Soulami comprend la biographie d’à peu près mille cheicks Soufis,
aucun d’eux n’appartenant à des sectes hérétiques et qui étaient de la
communauté Sunnite à l’exception seulement de trois: Abou Hilman de Damas, qui
prétendait être de Soufi mais qui en
réalité croyait à l’incarnation (houloul):
Houssayn ibn Mansour al-Hallaj dont le cas reste problématique, alors que Ibn
`Ata Allah, Ibn Khaif, et Abou al-Qassim al-Nassir Abadi l’approuve [comme
l’approuvent aussi les Hanbalis Ibn `Aqil, Ibn Qoudama, et al-Toufi]; et
al-Qannad, que les Soufis accusent être un Mou`tazili et un rejeté, car le bon
n’accepte pas le mauvais.[139]
Un mouhaddith qui transmit des hadiths par milliers à ses disciples à
Nayssabour, à travers lesquels il combattit les Mou`tazila jusqu’à ce qu’il
s’enfuit à la Mecque pour protéger sa vie, al-Qoushayri était le disciple du
grand cheick Soufi Abou `Ali al-Daqqaq. C’était aussi un moussafir qui écrivit un commentaire complet du Coran intitulé Lata'if al-icharat bi tafsir al-Coran (Les subtilités et allusions dans
le commentaire du Coran). Son
œuvre la plus fameuse, est cependant son Rissala
ila al-soufiyya ou épître aux Soufis, qui est l’un des premiers manuels
complets de la science du tassawwouf, ensemble avec le kitab al-louma' (Le livre des Lumières) d’Abou Nasr al-Sarraj
(d.378), le Qout al-qouloub fi mou’amalat
al-mahboub wa wasf tariq al-mourid ila maqam al-tawhid (La nourriture des
coeurs en liaison avec le Bien-Aimé
et la description de la voie des aspirants à la station de la déclaration de l’unicité) d’Abou Talib al-Makki
(d.386), al-Ta’arrouf fi madhhab ahl
al-tassawwouf (Définir l’école des Gens de l’auto-purification) d’Abou Bakr
al-Kalabadhi (d.391), et le Tabaqat
al-soufiyya (Les niveaux biographiques des Soufis) d’Abd al-Rahman al-Soulami (d.411).
Les lignes suivantes sont une
transcription de la compilation de Qouchayri des dires des cheicks Soufis
définissant le tassawouf, délivré dans une excellente traduction récente de son
Rissala par un disciple de Dr. Hamid
Algar:
Toute personne qui parle du sens du Soufisme et qui est Soufi, parle selon
sa propre expérience. M’étaler sur ce sujet m’enmènerai au-delà de mon
intention d’être bref dans mon travail. Je mentionnerai ici certains dires des
Soufis sur le sujet en vue de donner une indication de leurs sens, si Allah le
Tout-Puissant le veut.
Quand Mouhammad al-Jourayri
fut questionné au sujet du Soufisme, il expliqua, «Cela signifie prendre toute
sublime caractéristique morale et de laisser toute basse morale.» Al-Jounayd
dit , «Le Soufisme signifie que Dieu te fait mourir en toi- même et te donne
vie en Lui.» Al-Houssayn b. Mansour, lorsqu’il fut questionné au sujet du
Soufi, commenta, «Il est solitaire par nature. Personne ne l’accepte, et il n’accepte
personne.» Abou Hamza al-Baghdadi dit, «La marque du vrai soufi est qu’il
devient pauvre après avoir été riche, il expérimente l’abaissement après avoir
été hautement estimé, et il devient inconnu après avoir été fameux. La marque
du faux Soufi est qu’il devient riche après avoir été pauvre, il devient un
objet de haute estime après avoir été rabaissé, et il devient fameux après
avoir été inconnu.»
`Amr b. `Outhman al-Malikki
fut questionné au sujet du Soufisme, et il affirma, «C’est, que le serviteur
agisse selon tout ce qui convient au moment.»
Mouhammad b. `Ali al-Qassab dit, «Le Soufisme consiste aux caractéristiques
nobles montrés par un homme noble parmi de noble gens.» Lorsque questionné sur
le soufisme, Samnoun dit, «Il signifie que tu ne possèdes rien et que rien ne
te possède.» Rouwaum observa au sujet du Soufisme, «Il signifie se débarasser
du soi pour être avec Dieu en tout ce qu’Il désire.» Al-Jounayd fut questionné
au sujet du Soufisme et il déclara, «Cela signifie que tu sois seul avec Dieu
sans attachement.» Rouwaym b. Ahmad al-Baghdadi dit, «Le Soufisme est fondé sur
trois traits: adhéré à la pauvreté et à la dépendance en Dieu, atteindre les
vertus de la générosité et le don désintéressé, abandonner la résistance et le
choix.» Ma`rouf al-Karkhi expliqua, «Le Soufisme est tenir aux réalités cachées
et couper espoir de tout ce que possèdent les gens.»
Hamdoun al-Qassar dit, «Soit
ami avec les Soufis, car ils voient des raisons pour pardonner les actes
désagréables et ils ne sont pas impressionnés par les bonnes actions au point
qu’ils penseraient que tu les salues dans l’intention qu’ils en performent.»
Lorsque questionné au sujet des adhérents au Soufisme, Al-Kharraz répondit,
«Ils sont des gens qui donnent jusqu’à ce qu’ils expérimentent l’expension, qui
se privent eux-même jusqu’à ce qu’ils perdent toutes choses. Ensuite, ils
obéissent à l’injonction des mystères qui sont autour d’eux: [Dit] «Levez-vous,
pleurez sur notre sort.» Al-Jounayd dit, «Le soufisme est une guerre dans
laquelle il n’y a pas de paix;» Il dit aussi, «Les Soufis sont membres d’une
seule famille dont nul ne peut entrer sauf eux-même.» Il expliqua aussi, «Le
Soufisme est l’invocation [de Dieu] combinée avec la concentration interne,
l’extase combinée avec l’écoute attentive, et l’action combinée avec la
pratique de la Sunna»
Al-Jounayd déclara, «Le Soufi
est comme la terre – toutes sortes d’ horreurs lui sont jetées, mais toutes
sortes de biens y poussent.» Il dit aussi, «Le Soufi est comme la terre – tous
deux, les vertueux et les pécheurs y marchent. Il est comme les nuages – ils
donnent de l’ombre à toutes les choses. Il est comme la pluie – il arrose
toutes les choses.» Il fit aussi une remarque, «Si vous voyez un Soufi se
soucier de son aspect extérieur, alors sachez que son intérieur est corrompu.»
Sahl b. `Abdallah commenta,
«Le soufi est celui qui ne se plaindra pas si son sang était répandu et sa
propriété lui était arrachée.» An-Nouri dit, «Un signe du Soufi est qu’il est
content lorsqu’il ne possède rien et il donne de manière désintéressée
lorsqu’il possède assez.» Al-Kattani affirma, «Le Soufisme est la bonne
caractéristique morale. Quiconque a le dessus sur toi en caractéristique morale
te dépasse en pureté.» Abou `Ali ar-Roudhbari dit, «Le Soufisme est rester à la
porte de l’amant même si tu y es écarté.» Il dit aussi, «Le Soufisme est la
pureté de la proximité après l’impureté de l’éloignement.» Il est dit, «La
chose la plus odieuse est le Soufi avare.» Il est dit aussi, «Le Soufisme est
le vide de la main et la pureté du cœur.» Ach-Chibli observa, «Le Soufisme est
s’asseoir avec Dieu sans souci.» Abou Mansour dit, «Le Soufi est celui dont
l’indication est de Dieu Le Plus Haut, car surement l’homme est un signe de
Dieu.» Ach-Chibli déclara, «Le Soufi est séparé de l’humanité et unifié avec
Dieu comme Il dit [à Moïse], "Je t’ai attaché à Moi-même (20:41), le
séparant de toute autre chose,. Ensuite Il lui dit, «Tu ne me verras jamais»
(7:143). Ach-Chabli dit encore, «Les Soufis sont des enfants sur la piste de
Dieu,» «Le Soufisme est un éclair de lumière brillante,» et «le Soufisme c’est
être protégé de tenir compte de la création.» Rouwaym déclara, «Les Soufis sont
plein de bonté aussi longtemps qu’ils se disputent l’un avec l’autre. Dès
qu’ils font la paix, il n’y a plus de bien en eux.»
Al-Jourayri dit, «Le Soufisme
signifie maintenir une conscience vigilante sur son propre état et maintenir un
comportement parfait.» Al-Mouzayyin affirma, «Le Soufisme est la soumission à
Dieu.» Abou Tourab an Nakhshabi remarqua, «Le Soufisme n’est rendu impur par
aucune chose, et par lui toutes les choses sont rendues pures.» Il est dit, «La
recherche n’épuise pas le Soufi, et les choses mondaines ne l’ennuient pas.»
Lorsque Dhou'n-Noun al-Misri fut questionné au sujet des Soufis, il répondit,
«Ce sont des gens qui préfèrent Dieu [Le Plus Exalté] par rapport à toutes les
choses et que Dieu préfère par rapport
à toutes les choses.» Al-Wassiti ( Que Dieu lui accorde Sa Miséricorde) dit,
«Au début, les Soufis avaient été attribué des indications claires; ensuite ces
éléments deviennent seulement que des gestes, et maintenant rien ne reste sauf
du chagrin.»
An-Nouri fut questionné au
sujet des Soufis et il répondit, «Il est celui qui entend l’audition et qui
préfère les causes qui engendrent le salut.» Abou Nasr as-Sarraj rapporte, «Je
demanda al-Housri, "qu’elle est ton opinion sur le Soufi?" Il
répondit "La terre ne le transporte pas ni les cieux ne l’ombrage pas non
plus.» Il fait allusion ici à l’effacement des Soufis. Il est dit, «Le Soufi
est celui qui, lorsqu’en face de deux bons états ou de deux caractéristiques morales, choisit le
meilleur des deux.» Ach-Chibli fut questionné, «Pourquoi les Soufis sont-ils
appelés par ce nom?» Il dit, «C’est à cause des traces du soi qui restent en
eux. Si ce n’était pas le cas, il n’y aurait pas de nom qui leur aurait été
attribué.» Ibn al-Jalla' fut questionné, «Qui est appelé "Soufi"?»
L’un des Soufis déclara, «Le Soufisme signifie une perte de dignité et de rang
et un noircissement de la face dans ce monde et dans celui de l’au-delà.» Abou
Ya’qoub al-Mazabili expliqua, «Le Soufisme est un état dans lequel tous les
attributs humains se dissipent.» Abou'l Hassan as-Sirwarni dit, «Le Soufi est
celui que est préoccupé avec les états inspirés, non pas avec les litanies et
les récitations.»
Le maître Abou `Ali ad-Daqqaq
(Que Dieu lui accorde Sa Miséricorde) dit, «La chose choisie qui a été dite sur
ce sujet est, "Cette voie convient seulement à ces personnes dont Dieu a
utilisé les esprits pour balayer les tas de fumier".» Pour cette raison,
Abou `Ali dit un jour, «Si le disciple ne possède plus rien que son esprit et
s’il l’offre aux chiens à sa porte, aucun chien n’y portera attention.» Le
maître Abou Sahl as-Sou`louki dit, «Le Soufisme c’est se détourner des
objections internes de ce que Dieu a décrétées.»
Al-Housri commenta, «Le Soufi
n’existe pas après sa non-existence ni il est non-existant après son
existence.» Ce point n’est pas compréhensible sur le champ. Lorsqu’il dit, «Il
est non-existant après sa non-existence,» il veut dire qu’après que ses défauts
lui soient ôtés, ils n’y retournent plus. Quand il dit, «Ni, il est
non-existant après son existence,» Il veut dire que s’il est entièrement
orienté vers Dieu, il ne décline pas au rang du genre humain ainsi les
évènements mondains n’ont pas d’effet sur lui.
Il est dit, «Le Soufi est
effacé dans les éclairs qu’il reçoit de Dieu.» Il est dit, «Le Soufi est dominé
par le flux de souveraineté et voilé par le maintien de la servitude.» Il est
dit aussi que , «Le Soufi ne change pas. Mais s’il devait changer, il n’aurait
pas de chagrin.» Al-Kharraz rapporta, «J’étais dans la mosquée Cairouan au jour
de la prière en congrégation, et je vis un homme allant parmi les rangés
d’adorateurs disant, 'Montrez-moi la charité, car j’étais un Soufi, et
maintenant je suis devenu peu solide et
faible." Alors je lui offris des aumônes, et il me dit, "Laissez-moi,
malheur à vous! Ceci n’est pas ce que je cherche." Et il ne prit pas les
aumônes.»[140]
Un cheick Soufi, un maître de hadiths (hafiz),
et un commentateur (moufassir) du
Coran de l’école Hanbali, l’un des plus fanatiques ennemis des innovateurs, et
un disciple de Khwaja Abou al-Hassan al-Kharqani (d.425) l’un des premiers
grandcheick de la voie Soufie Naqshbandi.[141]
Il est cité par Dhahabi dans son Tarikh
al-islam et Siyar a`lam al-noubala', Ibn rajab dans son Dayl tabaqat al-hanabila[142],
et Jami dans son livre en langue Persanne Manaqib-i
cheick al-Islam Ansari.[143]
Il était un auteur prolifique
de traités Soufis dont:
·
Manazil
al-sa'irin, au sujet duquel Ibn Qayyim rédigea un
commentaire intitulé Madarij al-salikin;
·
Kitab
al-soufiyya (Les niveaux biographiques des maîtres Soufis),
qui est la version développée des premiers travaux par Abou ‘Abd al-Rahman
al-Soulami (d.411) portait le même titre.
·
Kitab
‘ila al-maqamat (Le livre des écueils des niveaux spirituels,
décrivant les caractéristiques des niveaux spirituels pour le disciple et le
maître dans la voie Soufie;
·
Kitab
sad maydan (en Perse, Le livre des cent compétences), un
commentaire sur le sens de l’amour dans le verset: «Si vous aimez Allah,
suivez-moi, et Allah vous aimera!» (3:31). Ce livre rassemble les discours
d’al-Harawi au cours de l’année 447-448 à la grande Mosquée de Hérat
(aujourd’hui Afghanistan) dans lequel il présente son exposition la plus
éloquente de la nécessité de suivre la voie Soufie.
·
Kashf
al-asrar wa ‘ouddat al-abrar (En perse, Le dévoilement des
secrets et le harnais des vertueux), en dix volumes par al-Mayboudi, il
contient le commentaire Coranique d’al-Harawi.
Houjjat al-Islam (La preuve de l’Islam), Abou Hamid al-Toussi al-Ghazali,
le Revivificateur du Cinquième siècle Islamique, savant d’ousoul al-fiqh, et auteur
de la plus célèbre oeuvre sur le tassawwouf, Ihya' `ouloum al-din (La revivificaton des sciences religieuses).
Il dit dans son autobiographie, al-Mounqidh
min al-dala (La délivrance de
l’erreur):
La voie Soufie consiste à purifier le coeur de tout ce qui est autre
qu’Allah… Je conclu que les Soufis sont des chercheurs dans la Voie d’Allah, et
leur conduite est la meilleure conduite, et leur voie est la meilleure voie, et
leurs manières sont les plus sanctifiées. Ils ont purifié leur cœur de tout,
sauf d’Allah et en ont fait des sentiers pour que des rivières y coulent,
transportant la connaisance d’Allah.[144]
Comme Ibn `Ajiba mentionne
dans son Iqaz al-himam, al-Ghazali
déclara le tassawwouf être fard `ayn
ou une obligation personnelle pour tout Musulman responsable, homme et femme,
«car personne sauf les Prophètes n’est dépourvue de défauts et de maladies
internes.»[145]
Les textes qui suivent sont
traduits des extraits suivants de Ihya'
`ouloum al-din:
a) Les définitions au début du livre Kitab
charh `aja'ib al-qalb (Le livre des explications des mystères du cœur);
b) Section intitulée: “Les soldats du Cœur” extrait du même livre;
c) Section intitulée: «La domination de satan sur le coeur à travers les
murmures (al-waswas)» extrait du même
livre;
d) Section intitulée: «Les preuves…» du livre Kitab riyadat al-nafs wa tahdhib al-akhlaq wa mou`alajat amrad al-qalb (Le livre du dressage de
l’égo et la discipline des manières et le remède des maladies du cœur).
a) Le sens de nafs: Il a deux sens.
Premièrement cela signifie les pouvoirs de la colère et l’appétit sexuel
résidant en l’être humain… et ceci est la compréhension la plus commune dans le
milieu des gens du tassawwouf, qui comprennent le mot nafs comme l’élément responsable de tous les mauvais attributs
d’une personne. Ceci est la raison pour laquelle ils disent: l’on doit
combattre l’égo et le briser comme cela est souligner dans le hadith: a`da `adouwwouka nafsouka al-lati bayna
janibayk – «Ton pire ennemi est ton égo qui réside entre tes flancs.»[146]
Il est disponible dans le Kitab al-zouhd
(Le livre des narrations sur l’ascétisme) de Bayhaqi.
Le deuxième sens de nafs est
l’esprit, l’être humain en réalité, son soi et sa personne. Cependant, il est
décrit différemment selon ses différents états. S’il prend le calame en étant
sous commande et s’est débarassé des turbulances causées par l’attaque de la
passion, il est appelé «l’esprit apaisé» (al-nafs
al-moutma'inna)… Dans son premier sens, le nafs n’envisage pas son retour à
Allah parce qu’il s’est maintenu à l’écart de Lui: un tel nafs est du parti de
satan. Mais s’il n’est pas source de tranquilité, et qu’il s’érige contre
l’amour des passions et s’y oppose, il est appelé «l’âme auto-critique» (al-nafs al-lawwama), parce qu’il
réprimande son maître pour sa négligeance dans l’adoration de son maître… S’il
cesse toute rébellion et se soumet en totale obéissance à l’appel des passions
et de satan, il est nommé «l’esprit qui
se joint au mal» (al-nafs al-ammara bi
al-sou')…
b) Allah a armé des soldats qu’Il a placés dans le cœur et les âmes et autres
de Ses mondes, et nul ne sait leur vrai nature et leur nombre exact excepté
Lui-même… [Il commença par expliquer que les jambes du corps, les cinq sens, la
volonté, l’instinct et les pouvoirs émotives et intellectuels sont parmi ces
soldats.] Sachez que les deux soldats
de la colère et de la passion sexuelle peuvent être complètement contrôlés
par le cœur… ou à l’opposé désobéir et complètement se rebeller contre lui,
jusqu’à ce qu’ils l’asservissent. En cela repose la mort du coeur et la fin de
son voyage vers la joie éternelle. Le cœur a d’autres soldats: La connaissance
(`ilm), la sagesse (hikma) et la pensée (tafakkour) dont il cherche l’aide en
réalité car ils sont du Parti d’Allah contre les deux autres qui appartiennent
au parti de satan…
Allah dit: «Ne vois-tu pas celui qui a fait de sa passion sa divinité?»
(25-43) et «Il suivit sa propre passion. Il est semblable à un chien qui halète
si tu l’attaques, et halète aussi si tu le laisses.» (7:176) et au sujet de la
personne qui contrôle les passions de son égo Allah dit: «Et pour celui qui
aura redouté de comparaître devant son Seigneur, et préservé son âme de la
passion, le paradis sera alors son refuge» (79:40-41).
Sachez que le corps est comme
une ville et l’intellect d’un être humain adulte est comme un roi gouvernant
cette ville. Toutes les forces de ses sens externes et internes qu’il peut
rassembler sont comme ses soldats et ses assistants. L’égo qui s’associe au mal
(nafs ammara), qui est le désir et la
colère, est comme un ennemi qui le défie dans son royaume et lutte pour
exterminer ses sujets. Le corps devient alors comme une garnison ou un
avant-poste portuaire, et l’âme comme sa garde. S’il combat contre ses ennemis
et les défait et les contraint à faire
ce qu’il aime, il sera loué lorsqu’il retournera dans la présence d’Allah,
comme Allah dit: «Allah a mis les combattants au-dessus des non- combattants en
leur accordant une rétribution immense» (4:95).
c) Les pensées qui agitent les désirs de l’un sont de deux sortes: louables et
qui est appelé «inspiration» (ilham),
ensuite blâmables qui est appelé «insouffler» (waswassa)… Le cœur est sous l’emprise mutuelle d’un satan et d’un
ange… L’ange est une créature qu’Allah a créé pour un bénéfice débordant,
l’octroiement de la connaissance, le dévoilement de la vérité, la promesse de
récompense, et l’ordonnance du bien… satan est une créature dont la besogne est
de s’opposer contre tout ceux-ci…Waswa contre
ilham, satan contre ange, et succès (tawfiq)
contre désolation (khidhlan).
Le Prophète dit: «Il y a deux
impulsions dans l’âme, l’une provient d’un ange qui appelle vers le bien et
confirme la vérité; quiconque ressent ceci, qu’il sache que cela est d’Allah et
qu’il Le loue. L’autre impulsion provient de l’ennemi, le conduit au doute, nie
la vérité, et interdit le bien; quiconque ressent ceci, qu’il cherche refuge en
Allah contre le démon.» Ensuite il récita le verset: «Le diable vous fait
craindre l’indigence et vous commande des actions honteuses» (2:268).[147]
Le Prophète dit:«Il n’y
personne parmi vous qui n’a pas de démon en lui.» Ils dirent: «Même en toi, O
Messager d’Allah?» Il dit: «Même en moi, mais Allah m’a aidé à le vaincre et il
s’est soumis à moi, ainsi il n’ordonne rien que le bien»[148]…
L’offensive mutuelle entre les soldats des anges et les démons est constante
dans le combat sur le coeur jusqu’à ce que le cœur soit conquit par l’une des
deux parties qui implante sa nation et s’y installe… Et la plupart des cœurs
ont été saisi par les soldats de satan, qui les remplit d’idées qui appellent à
aimer ce monde temporaire et à négliger l’au-delà.
d) Le Prophète dit: al-moujahidou man
jahada nafsahou fi ta`at Allah –
«Le vrai combattant contre l’incroyance est celui qui combat contre son égo en
obéissant à Allah»[149]…
Soufyan al-Thawri dit: «Je ne me suis jamais occupé d’aussi fort d’une chose
contre moi que mon égo; il était un moment avec moi et un autre moment contre
moi»… Yahya ibn Moua`adh al-Razi dit: «Lutter contre ton égo avec les quatre
sabres de l’apprentissage: mange peu, dort peu, parle peu, et soit patient
lorsque les gens te font du tort… Alors l’égo marchera sur les voies de
l’obéissance, comme un chevalier s’élançant dans le champ de battaille.»
Les Salafis d’aujourd’hui ont revivifié un mauvais trait particulier des
immoraux du passé qui consiste à attaquer l’Imam Ghazali, désobligeant ceux qui
lisent ses travaux et les citant pour illustrer leurs opinions. Ceci concerne
spécialement sa pièce maîtresse Ihya'
`Ouloum al-Din, parce que c’est un point de repère du tassawwouf que les
ennemis du tassawwouf trouvent particulièrement vexant à cause de l’immense
succès qu’elle a eu parmi les lecteurs. Certains vont même trop loin, jusqu’à
prétendre que Ghazali était insensé lorsqu’il le rédigea, d’autres interprètent
mal l’indication de Ghazali à sa mort au sujet de Boukhari comme une
renonciation au tassawwouf, d’autres encore ravivent les condamnations du livre
par une poignée de savants reconnus pour leur position anti-soufie. Mais Allah
a permis au livre de s’ériger haut au-dessus des clameurs de ses détracteurs,
et ses traductions ne font que s’accroître en nombre et en qualité. Les lignes
suivantes ont pour but de fournir aux lecteurs, avec des sources fiables
concernant sa vie et ses travaux ainsi que pour nous protéger avec l’aide
d’Allah contre les calomnies de l’ignorance et de l’envie.
Salah al-Din al-Safadi (d.764), le disciple d’Abou Hayyan al-Andalousi,
rapporte dans son célèbre dictionnaire biographique intitulé al-Wafi – qui contient plus de 14000
biographies:
Mouhammad b. Mouhammad b. Mouhammad b. Ahmad, la Preuve de l’Islam,
l’Ornement de la Foi, Abou Hamid al-Tussi[150]
(al-Ghazali), le juriste Chafi`i, était sans rival au cours de ses dernières
années.
En 488, il renonça entièrement
à toute sa propriété mondaine et sa fonction de professeur à Nizamiyya où il
enseigna depuis 484, et suivit la voie de la renonciation et de la solitude. Il
effectua un Pèlerinage, et à son retour, il dirigea ses pas en Syrie où il
resta quelque temps dans la ville de Damas, donnant des conseils dans la
mosquée hospice (zawiyat al-jami`)
qui porte désormais son nom dans le quartier ouest. Ensuite, il voyagea à
Jérusalem, s’employant énormément à l’adoration et à visiter les lieux saints.
Ensuite, il se rendit en Egypte, restant quelque temps à Alexandrie…
Il retourna à Tus sa ville
natale (juste avant 492). Là-bas, il compila un certain nombre de volumes
importants [parmi lesquels le Ihya´] avant de retouner à Nissabour, où il était
obligé de dispenser des cours à la Nizamiyya (499). Il abandonna immédiatement
ceci et revint dans son village où il assûma la direction d’une maison de
retraite (khaniqah) pour Soufis et
d’une université voisine pour ceux occupés à la recherche de la connaissance.
Il répartit son temps entre la récitation du Coran et dispenser des cours aux
Gens du Cœur (les Soufis)…
Cette œuvre est parmi la plus
noble et la plus importante, à tel point qu’il fût dit à son propos: Si tous
les livres de l’Islam venaient à être perdus sauf l’Ihya´, elle aurait été suffisante pour les remplacer… Ils
l’accusaient d’y avoir inclu des hadiths qui n’étaient pas reconnus comme
authentiques, mais une telle inclusion est permise dans les travaux
d’encouragement du bien et l’interdiction du mal (al-targhib wa al-tarhib). Le livre reste toujours extrêmement
important. L’Imam Fakhr al-Din al-Razi avait l’habitude de dire: «Ce fût comme
si Allah avait rassemblé toutes les sciences sous un dôme, et les montra à
al-Ghazali,» ou quelque chose de ce genre. Il rendit l’âme… à Tabaran… la
citadelle de Tus, où il fut enterré.[151]
Ce qui a été dit ci-dessus refute
clairement la fabrication de ceux qui disent que Ghazali désavoua le tassawwouf
vers la fin de sa vie. Voyons maintenant la fabrication de ceux qui essaient de
faire une différence entre le Ghazali d’Ousoul
al-fiqh et le Ghasali du tassawwouf. Lorsqu’on leur dit que les livres de
l’Imam Ghazali sur la méthodologie et les fondations des lois Islamiques sont
considérés nécessaires dans le domaine – tel que son Moustafa et Mankhoul
ainsi que Chifa´al-ghalil – ils
disent qu’il les rédigea bien avant sa période de retraite où il adopta la
tassawwouf. En réalité, la plus grande partie et les plus compréhensifs des
quatre livres qu’il rédigea sur Ousoul
al-fiqh (Les principes des lois) fut composée au cours de la dernière
période de sa vie comme le dit Dr. Taha al-`Alwani dans son livre Ousoul al-fiqh al-islami:
La source de Méthodologie de
l’Encyclopédie de la Chari`a de l’Imam Ghazali, son quatrième livre sur le
sujet, et son dernier mot fut al-Moustafa,
qui a été publié plusieurs fois en Egypte et ailleurs. En réalité, ceci est
l’oeuvre qu’il rédigea après qu’il soit sorti de sa période de méditation et de
retraite.[152]
La note sur Ghazali dans `Oumdat
al-Salik dit:
A Damas il a vécu en retraite pendant environ dix années, engagé dans la
lutte spirituelle et le souvenir d’Allah, à la fin de cette retraite, il
émergea pour produire sa pièce maîtresse Ihya´
`Ouloum al’Din [La revivification des Sciences Religieuses], un classique
parmi les livres des Musulmans au sujet de la constante crainte que l’on doit
avoir dans ses relations avec Allah (taqwa),
l’illumination de l’âme à travers Son obéissance y compris les niveaux de
l’acquisition des croyants. L’œuvre montre comment personnellement Ghazali a
perçu profondément ce qu’il a écrit, et sa magistrale réponse à plusieurs
centaines de questions au sujet de la vie interne dont nul avant lui avait
parlé ou résolu, ceci est une performance d’excellence soutenue qui montre
l’intellect bien discipliné de son auteur et une profonde appréciation de la
psychologie humaine. Il a écrit aussi presque deux cent autres oeuvres sur la
théorie du gouvernement, la Loi sacrée, les réfutations des philosophes, les
principes de la foi, le Soufisme, l’exégèse Coranique, la théologie scolastique
et les bases de la jurisprudence Islamique.[153]
Qu’en est-il au sujet des critiques de l’intellect de Ghazali? Le plus
éloquent en ceci, fut ibn al-Jawzi – un détracteur des Soufis – rejette le Ihya´ dans quatre de ses oeuvres: I`lam al-ahya´ bi aghlat al-Ihya´ (Informer le vivant au sujet
des erreurs de l’Ihya´, Talbis Iblis, Kitab al-qoussas,[154] et son histoire al-Mountazam fi tarikh al-moulouk wal-oumam.[155]
Ses vues influencèrent Ibn Tayimiyya et son élève Dhahabi. La base de leur
position était l’utilisation de hadiths faibles par Ghazali, dont une liste est
fournie par Taqi al-Din al-Soubki dans son Tabaqat.
Leur critique est-elle justifiée ou est-elle une exagération? Plus probablement
une exagération dans la mesure où les deux hafiz al-`Iraqi (d.806) et al-Zabidi
(d.1205) après al-Ghazali, documentèrent individuellement chaque hadith du Ihya
et ne mirent pas en doute de manière globale son utilité. Au contraire, ils
acceptèrent son immense réputation parmi les Musulmans et contribuèrent à son
embellissement et à sa propagation comme un manuel de progrès spirituel. Et
comme Soubki le souligna, Ghazali n’excella jamais dans le champ du hadith.[156]
Plus important, la majorité
des maîtres de hadiths soutiennent l’utilisation de hadiths faibles en vue d’en
dériver des décisions légales, dans l’encouragement du bien et le découragement
du mauvais (al-targhib wa tarhib),
comme plusieurs maîtres de hadiths l’ont indiqué aussi bien que certains
savants tels que al-Safadi.[157]
Il doit être su que Ghazali incorpora tous les matériaux qu’il jugea utile à sa
cause didactique sur la base du contenu au lieu de l’origine ou la chaîne de
transmission; de même que la plupart du Ihya
consiste en des citations du Coran, de hadiths, et les dires d’autres que
Ghazali, sa propre prose ne comptant que pour moins de 35% du travail;[158]
et que la plupart du vaste nombre de hadiths cités sont authentiques à
l’origine.
En conclusion, nous disons
comme al-Safadi que l’Ihya se classe
comme une œuvre de targhib ou éthique, qui est le domaine principal du
tassawwouf. Le critère et l’authenticité comme évidence citée dans ces travaux
sont moins rigoureux que les travaux de `aqida et fiqh selon la majorité des
savants, comme la section prochaine le démontre. Tenir les travaux de
tassawwouf sur les critères du dernier cas c’est blâmer les pommes de ne pas
être des oranges. En conséquence, comme al-Safadi l’indiqua correctement, la
critique de Ihya´ `ouloum al-din par certains sur la base de hadiths faibles
n’a pas de fondement, ni également les critiques de travaux semblables, par
exemple la critique de Dhahabi sur le Qout
al-qouloub d’Abou al-Makki et autres. Ceux qui se cramponnent à de telles
critiques, cependant qu’ignorant l’approbation massive du tassawwouf et de ses
livres par les savants Musulmans se cramponnent à leur propre préjugé
contrairement à la connaissance fiable. Notre conseil à ces frères est: Nous
vous rappelons le conseil d’al-Dhahabi dans sa note biographique sur Ibn
al-Farid dans Mizan al-i`tidal: «Ne
vous empressez pas à juger, au contraire, retenez la meilleure opinion des
Soufis»;[159] et le
conseil de l’Imam Ghazali dans al-Mounqidh
min al-dalal: «Ayez de bonnes pensées (au sujet des Soufis) et ne
nourrissez pas de doute dans votre cœur»;[160]
et la fatwa d-Ibn Hjar al-Haytami concernant les critiques de ceux qui
respectent le tassawwouf et croient aux awliya´:
«Des mauvaises pensées à leur sujet (Les Soufis) signifient la mort du cœur.»[161]
Prenez ce qui est excellent dans chacun des travaux des Soufis de la bonne
manière, respectez les maîtres du tassawwouf, le plus petit parmi eux s’érige
haut au-dessus de vous en savoir, ne cherchez pas le désaccord parmi les
savants, et accrochez-vous à l’humilité et au respect devant ceux qui parlent
au sujet d’Allah Duquel provient tout succès.
Nous concluons la discussion sur Ihya´
`ouloum al-din avec les déclarations sur la permissibilité de hadiths
faibles par les maîtres de hadiths, établissant comme l’Imam al-Sakhawi déclara
dans la conclusion de son livre al-qawl
al-badi´, que «La majorité des savants (al-joumhour)
supportent qu’un hadith faible peut être utilisé comme une base pour mener une
bonne action et achever un bon caractère mais pas pour des règles légales.»
Ibn Hajar écrit dans Hadi al-sari:
Malik et Boukhari ont une différente compréhension de la validité des
hadiths. Malik ne considère pas l’interruption dans la chaîne comme une
défaillance dans le hadit. Pour cette
raison, il cite des hadiths avec des chaînes interrompues du type moursal et mounqati, et des communications sans chaînes (balaghat) comme une partie de l’objet principal de son livre (al-Mouwatta´), alors que Boukhari,
considère l’interruption comme une défaillance dans la chaîne de transmission.
Ainsi, il ne cite pas ces hadiths sauf comme quelque chose en dehors de l’objet
principal de son livre (al-jami` al-sahih), par exemple les commentaires
(ta`liq) et les titres de chapîtres.[162]
Al-Hakim (d.405) rapporte dans son Madkhal,
un manuel sur la science de hadiths:
J’entendis Abou Zakariyya al-`Anbari dire que Mouhammad idn Ichaq ibn
Ibrahim al-Hanzali lui dit que son père avait l’habitude de rapporter d’`Abd
al-Rahman ibn Mahdi qu’il avait l’habitude de dire: «Nous étions conciliants
concernant l’isnad au sujet de la récompense et la punition et
des actions vertueuses, et étions indulgents envers les gens (c’est-à-dire
concernant leur identité et fiabilité); mais lorsque nous transmettions au
sujet de ce qui est légal et ce qui est interdit, nous sommes stricts avec l’isnad et examinons minutieusement les
gens.»
J’ai entendu Abou Zakariyya
Yahya ibn Mouhammad al-`Anbari dire qu’il entendit Abou al-`Abbas ibn Mouhammad
al-Sijzi dire qu’il entendit al-Naufali dire qu’il entendit Ahmad ibn Hanbal dire: «Lorsque nous
transmettons de l’apôtre d’Allah au sujet de ce qui est permis et ce qui est
interdit, au sujet des ordonnances légales, nous sommes stricts; mais lorsque
nous transmettons du Prophète au sujet des actions vertueuses et ce qui n’est
pas établi ou d’abroger une ordonnance légale, nous sommes conciliants avec les
isnads.»[163]
Voici est le texte complet de Sakhawi extrait d’al-qawl al-badi`:
Cheick al-Islam Abou Zakariyya al-Nawawi dit dans l’Adhkar:
Les `oulama parmi les experts en hadiths et les experts en loi et autres
ont dit: il est permis et recommandé
que la pratique religieuse (al-`amal)
concernant les bonnes actions et le bon caractère (al-fada’il), l’encouragement au bien et le découragement du mal (al-targhib wa tarhib) soient basés sur
des hadith faibles aussi longtemps que ce n’est pas inventé. En ce qui concerne
les règles légales, (ahkam) ce qui
est permis et ce qui est interdit, ou les modalités des échanges, le mariage,
le divorce et autres: la pratique de l’un n’est basée sur rien d’autre que les
hadiths solides (sahih) ou les
hadiths fiables (hassan), en guise de
précaution, dans certains cas relatifs à l’un des éléments cités ci-dessus, par
exemple, si un hadith faible était cité au sujet de la répréhensibilité
(karahat) de certains types de ventes ou de mariages. Dans ces cas, ce qui est
recommandé (moustahabb) est d’éviter
une telle vente et un tel mariage, mais ce n’est pas obligatoire.
N’étant pas d’accord avec
ceci, Ibn al-`Arabi al Maliki dit: «Absolument aucune pratique n’est basée sur
un hadith faible.»
J’ai entendu mon cheick (Ibn Hajar al-`Asqalani) insister sur les dires
suivants, et lui-même me le remit sous forme rédigée:
Les conditions pour des pratiques religieuses basées sur du hadith faible
sont de trois:
1- Il y a une unanimité sur ceci: le plus faible ne doit pas être le plus
fort. Ceci exclu les hadiths individuellement collectionnés par les menteurs ou
ceux accusés de mensonge, et ceux qui font des erreurs scandaleuses.
2- Qu’il y est pour cela une base légale générale. Ceci exclu ce qui est
inventé et qui n’a pas de base légale
de départ.
3- Que l’un ne pense pas, pendant que l’utilisant comme fondement de base,
qu’il a été établi comme vrai. Ceci est dans l’ordre de ne pas attribuer au
Prophète des mots qu’il n’a pas dits.
Les deux dernières conditions sont d’Ibn `Abd al-Salam et son compagnon Ibn
Daqiq al-`Id; Abou Sa`id al-`Ala'i rapporta l’unanimité sur le premier.
Je dis: ¨Il a été rapporté de
l’Imam Ahmad que l’on peut pratiquer sur la base de hadiths faibles s’il n’y
plus d’autre hadith à cet effet et s’il n’y a pas de hadith qui le contredit¨.
Dans une autre narration, il est rapporté dire: «Je préfère le hadith faible
par rapport à l’opinion des gens.» Ibn Hazm a similairement mentionné que les
savants Hanafi unanimement sont d’accord avec l’école d’Abou Hanifa qui
supporte que le hadith faible est préférable à l’opinion (ra'y) et à l’analogie (qiyas).
Ahmad fut questionné au sujet de quelqu’un se trouvant dans un pays avec, en
main un possesseur de hadiths (hadith
sahib) qui ne sait pas la différence entre du solide et du non-solide, et,
dans l’autre, avec un possesseur d’opinion (sahib
ra'y): Qui devrait-il consulter? Il répondit; « Qu’il consulte le
possesseur de hadiths et non le possesseur d’opinions.»
Abou `Abd Allah Ibn Mandah
rapporta d’Abou Dawoud, l’auteur du Sounan
et élève de l’Imam Ahmad, avait l’habitude de citer la chaîne de transmission
d’un hadith faible s’il ne pouvait pas trouver mieux que cela sous ce titre
particulier (bab), et qu’il le
considérait comme une évidence par rapport à l’opinion.
Ce qui émerge de cela est
qu’il y a trois vues divergentes:
- Aucune pratique n’est basée sur du hadith faible ;
- Une pratique y est basée si aucune autre évidence n’est trouvée sous le
même titre;
- La majorité des savants (al-joumhour)
soutiennent que le hadith faible peut
être utilisé comme base pour pratiquer des bonnes actions et achever un bon
caractère, mais non pour des règles légales. Et Allah est Celui qui garanti le
succès.[164]
Certains questionnent à tort
le fait que l’Imam Ahmad permis l’utilisation de hadiths faibles à la lumière
de l’affirmation d’Ibn Taymiyya dans son Qa`ida
fi al-tawassoul: « Celui qui rapporte d’Ahmad qu’il avait l’habitude de se
baser sur du hadith faible, qui n’est pas sahih ou hassan, a fait une erreur.»[165]
Cependant, ceci ne contredit pas l’opinion de l’Imam Ahmad citée ci-dessus par
Sakhawi comme l’Imam Ahmad n’appliqua pas de hadiths faibles au ahkam ou les règles légales. Ainsi ce
que Ibn Taymiyya veut dire est: «Celui qui rapporte de l’Imam Ahmad qu’il avait
l’habitude de se baser sur du hadith faible en dérivant des règles légales dans
la Chari`a.» a l’exception des règles,
il n’y a pas de doute que l’Imam accepta le hadith faible, comme rapporté par
al-Hakim dans al-Madkahl déjà cité,et
confirmé par Ibn `Arabi al-Maliki dans `Aridat
al-ahwadhi.[166]
Ceci est confirmé par Ibn Taymiyya, lui-même, quelque part dans son œuvre:
Ahmad ibn Hanbal et les autres savants permirent la narration de hadiths
regardant les vertus aussi longtemps que ce n’est pas du mensonge… comme il
possible que la récompense puisse être vraie, quoiqu’aucun des Imams n’ont dit
qu’il est permis de considérer quelque chose d’obligatoire (wajib) ou recommendé (moustahabb)
par la voie de hadiths faibles, et quiconque dit cela diffère du consensus.[167]
Cependant, Ibn Taymiyya prétend “qu’aucun des Imams n’a déclaré une action
recommandée par la voie d’un hadith faible, et quiconque dit ceci diffère du
consensus” est évidemment incorrect, comme cela est prouvé par l’allusion
indiscutable de Sakhawi aux dires de Nawawi déjà cités:
Les `oulama parmi les experts en hadiths et les experts en Lois et autres
ont dit… par exemple, si un hadith faible était cité au sujet la
répréhensibilité (karahat) de certains genres de ventes ou de mariages…ce qui
est récommandé (moustahabb) est d’éviter ces ventes et mariages, mais ce n’est
pas obligatoire.
Comme al-Harawi al-Ansari, il était un hafiz et un faqih de l’école Hanbali;
il fut un ardent défenseur de la Sunna et du tassawwouf. Il est considéré comme
un revivificateur de l’école de l’Imam Ahmad, quoiqu’il eut plusieurs maîtres
appartenant à différentes écoles. Comme plusieurs Soufis de son école entre
autre Ibn Qoudama (d.620) et al-Toufi (d.715), Ibn `Aqil considérait al-Hallaj
comme un wali (saint) et ne douta pas
de sa sincérité ni de sa vertu. Ibn al-Jawzi rapporta qu’il avait en sa
possession la copie autographiée d’un traité d’Ibn `Aqil écrit en éloge à
al-Hallaj, intitulé jouz' fi nasr karamat al-Hallaj (Opuscule à
l’éloge du don d’al-Hallaj). Ibn 'Aqil était universel et dans son Kitab
al-founoum se serait étendu sur huit cent volumes dont un seul est encore
existant.[168]
L’éminence parmi les grands saints, surnommé al-Ghawth al-a'zam ou l’Aide par excellence, il était aussi un
éminent juriste de l’école Hanbali. Son affiliation à l’école Chafi'I et à Abou
Hanifa ont été mentionnée. Il fut le disciple d’éminents saints en autre ;
Abou al-Khayr Hammad ibn Mouslim al-Dabbas (d.525) et Khwaja Abou Youssouf
al-Hamadani (d.535), second dans la lignée après Abou al-Hassan al-Kharqani (le
cheick d’al-Harawi al-Ansari) dans la première chaîne d’autorité Naqshbandi.
Les plus fameux travaux de
Cheick 'Abd al-Qadir sont:
·
al-Qhounya
li talibi tariq al-haqq (La suffisante provision pour
les chercheurs sur la voie de la vérité); c’est l’une des présentations les
plus précises du madhhab de l’Imam Ahmad ibn Hanbal ait jamais écrit, y comprit
l’enseignement solide d’Ahl al-Sounna sur le `aqida et le tassawwouf;
·
al-Fath
al-rabbani (L’ouverture du Seigneur), une collection de
sermons pour les élèves et enseignants de la voie Soufie et tous ceux attirés
par la perfection; comme son titre l’indique, ce livre apporte à ses lecteurs
un immense profit et une élévation spirituelle;
·
Foutouh
al-ghayb (Les ouvertures de l’invisible), une autre
collection de sermons plus avancés que le précédent et tout aussi précieux. Les
deux ont été traduits en anglais;[169]
Du fait de sa position dans
l’école Hanbali, `Abd al-Qadir était très respecté par Ibn Taymiyya, qui lui
donna aussi le titre de «mon Cheick» (cheickhouna)
dans son fatawa, pendant qu’il
réservait le titre «mon Imam» (imamouna)
à Ahmad ibn Hanbal. Il citait fréquemment Gilani et son cheick al-Dabbas comme
étant parmi les meilleurs Soufis des derniers temps.
Les karamat ou miracles d’`Abd al-Qadir sont trop nombreux pour être
énumérés. L’un d’eux consiste au don de guider qui était manifeste dans son
parlé et à travers lequel plusieurs milliers entrèrent dans Islam ou se
repentirent. Al-Chattanawfi dans Bahjat
al-asrar mentionne plusieurs de ses miracles, donnant à chaque fois une
chaîne de transmission. Ibn Taymiyya prit ces rapports pour satisfaire les
critères d’authenticité, mais son élève al-Dhahabi, même s’il prétendait croire
de manière générale aux miracles d’Abd al-Qadir, mécroit, malgré tout, à
plusieurs d’entre eux. Nous avons déjà vu ce trait de caractère d’al-Dhahabi dans
son doute au sujet du solide rapport et de l’admiration de l’Imam Ahmad pour
al-Mouhassibi. Voici ses dires au sujet de Gilani dans Siyar a`lam al-noubala´:
[#893] al-cheick `Abd al-Qadir (Al-Jilani): Le cheick, l’imam, le savant,
le zahid, le connaisseur,
l’exemplaire, Cheick Al-Islam, le distingué parmi les Awliya… le Hanbali, le
cheick de Bagdad… Je dis: Il n’y en a aucun parmi les grands cheicks qui a plus
d’états spirituels et de miracles (karamat)
que Cheick `Abd al-Qadir, mais beaucoup de ces miracles ne sont pas vrais et
certaines de ces choses sont impossibles.[170]
Voici le récit suivant de la première rencontre de Gilani avec al-Hamadani
et rapporté par Haytami dans son Fatawa
hadithiyya:
Abou Sa`id `Abd Allah ibn Abi `Asroun (d.585), l’Imam de l’école Chafi`i,
dit: «Lorsque je commençai à chercher la connaissance religieuse, je restais en
compagnie de mon ami Ibn al-Saqa qui était un élève de l’école Nizamiyya, et il
était de notre habitude de rendre visite aux pieux. Nous avons appris qu’il y avait
à Bagdad un homme du nom de Youssouf al-Hamadani qui était connu comme al-Ghawth, et qu’il était capable
d’apparaître et de disparaître toutes les fois qu’il le voulait. Ainsi, donc je
décidai de lui rendre visite avec Ibn al-Saqa et Cheick `Abd al-Qadir
al-Gilani, qui était jeune en ce temps-là. Ibn al-Saqa dit, «Lorsque nous
visiterons Youssouf al-Hamadani, je lui poserai une question dont il ne
connaîtra pas la réponse.» Je dis: «Je vais lui poser aussi une question et je
veux voir ce qu’il va dire.» Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani dit: «O Allah,
épargne-moi de questionner un saint comme Youssouf al-Hamadani, mais j’irai en
sa présence pour solliciter sa baraka
– bénédiction – et sa connaissance divine.»
«Nous entrions dans son cercle
d’étude. Il se rendit invisible et nous n’arrivions pas à le voir pendant un
certain temps. Il regarda sévèrement Ibn al-Saqa et dit: «O Ibn al-Saqa,
comment oses-tu me poser une question alors que ton intention est de me
confondre? Ta question est celle-ci et ta réponse est celle-là!» Ensuite il
dit: «Je vois le feu de la mécréance brûlé dans ton cœur.» Il me regarda et
dit, «O `Abd Allah, es-tu en train de me poser une question et attendre ma
réponse? Ta question est celle-ci et ta réponse celle-là. Les gens sont mécontents
de toi parce que leur attention est distraite par ton manque de respect à mon
égard.» Ensuite il regarda Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, le fit asseoir près
de lui et l’honora. Il dit: «O `Abd al-Qadir, tu as satisfait Allah et Son
Prophète par ton respect pour moi. Je te vois assis dans le futur à la plus
haute place à Bagdad, prêchant, enseignant aux gens et leur disant que tes
pieds sont sur le cou de chaque wali!
Et, je vois, chaque wali de ton temps
te donner la préséance à cause de ton rang et ton honneur.»
Ibn Abi `Asroun continue, «La
renommée d’Abd al-Qadir devint très populaire et tout ce que Cheick al-Hamadani
avait dit à son sujet arriva. Il fut un temps où il dit, «Mes pieds sont sur le
cou de tous les awliya,» et il fut
une référence et un flambeau en son temps, illuminant les gens jusqu’à leur
destination.
Le sort d’Ibn al-Saqah fut
autre chose. Il était brillant dans sa connaissance de la loi divine. Il
devançait tous les savants de son temps. Il avait l’habitude de débattre avec
les savants de son temps et les vaincre, jusqu’à ce que le caliphe l’admit dans son cercle. Un jour
le calife l’envoya comme émissaire chez le Roi de Byzance, qui à son tour fit
appel à tous ses prêtres et savants de la religion Chrétienne pour débattre
avec lui. Ibn al-Saqa les vaincu tous. Ils furent incapables de donner des
réponses en sa présence. Il leur donna des réponses qui les rendirent comme des
enfants et de simples élèves en sa présence.
Sa brillance fascina tellement
le Roi de Byzance qu’il l’invita à une rencontre privée avec la famille royale.
A cette rencontre, il vit la fille du Roi. Il tomba immédiatement amoureux
d’elle, et il demanda au Roi la permission de l’épouser. Elle refusa à moins qu’il accepta sa religion. Il accepta,
abandonnant ainsi l’Islam et acceptant la religion Chrétienne de la princesse.
Après son mariage, il tomba sérieusement malade. Ils le chassèrent du palais.
Il devint un mendiant dans la ville, quémandant de la nourriture, mais personne
ne lui en fournissait. L’obscurantisme s’abattit sur son visage.
Un jour, il vit quelqu’un
qu’il connaissait. Cette personne rapporte: «je lui demandai, qu’est-ce qui
t’es arrivé?» Il répondit: «Il y avait une tentation et j’y suis tombé.»
L’homme lui demanda: «Te souviens-tu de quelque chose du Coran?» Il répondit:
«Je me souviens seulement de roubbana
yawaddu al-ladhina kafarou law kanou
muslimin…«Encore ceux qui mécroient voudraient avoir été Musulmans» (15:2).
Il tremblait comme s’il allait
rendre son dernier souffle. Je le tournai en direction de la Ka`aba, mais il ne
faisait que se tourner en direction de l’est. Encore, je le tournai en
direction de la Ka`aba, mais il tourna en direction de l’Est. Je le tournai
pour une troisième fois en direction de la Ka`aba, mais il se retourna en
direction de l’Est. Comme son âme alors le quittait, il dit: «O Allah; ceci est
le résultat de mon manque de respect à Ton saint, Youssouf al-Hamadani.»
Ibn Abi `Asroun continu: «Je
parti à Damas et le Roi là-bas, Nour al-Din al-Chahid, m’offrit le contrôle du
département des affaires religieuses que j’acceptai. En conséquence, la dunya entra de tous les côtés:
provisions, subsistance, l’honneur, l’argent, et une position pour le reste de
ma vie. Ceci est ce que le ghawth
Youssouf al-Hamadani avait prédit pour moi.»[171]
Ce maître de hadiths et historien de l’école Hanbali était un ennemi
farouche des innovateurs de son temps.[172]
Son Talbis Iblis (L’illusion de
Satan) est souvent cité par les “Salafis” pour s’opposer au tassawwouf, mais en
réalité il le rédigea seulement contre certains excès qu’il observa dans tous
les groupes de la communauté, dont les savants de tous genres y compris les
Soufis.
Talbis Iblis est peut-être le seul et le plus important facteur
existant exprimant la notion d’hostilité d’Ibn al-Jawzi envers le tassawwouf.
En réalité, cette œuvre ne fut pas écrite en guise d’hostilité contre le
tssawwouf et les Soufis. C’est une critique de toutes les doctrines et
pratiques, peu importe leurs sources, et opposées à tout ce qu’il considérait
d’innovations injustifiées dans la Chari`a, où que ce soit dans la communauté
Musulmane de son temps. Ce fut écrit contre des pratiques spécifiques innovées
de plusieurs groupes, y compris les philosophes (al-moutafalsifa), les théologiens (al-moutakallimoun), les savants de hadiths (`oulama´ al-hadith), les juristes (al-fouqaha´), les prêcheurs (al-wou`az),
les philologues (al-nahawiyyoun), les
poètes (al-chou`ara´), et certains
Soufis. Ce ne fut en aucun cas, une critique des sujets qu’ils étudièrent ou
enseignèrent, mais une critique contre des introductions spécifiques
d’innovations dans leurs disciplines et champs respectifs.
Ibn al-Jawzi rédigea plusieurs
livres de “mérites” (manaqib) au
sujet des premiers Soufis dont Manaqib
Rabi`a al-`Adawiyya, Manaqib Bishr
al-Hafi, et autres. Son Sifat
al-safwa (Les manières des élites) un abrégé du Hilyat al-awliya´ (L’ornement des saints) d’Abou Nou`aym, et son Minhaj al-qassidin wa moufid al -sadiqin (La voie des
voyageurs vers Allah et le dirigeant à la vérité) sont considérés comme des
piliers dans le champ du tassawwouf. Il fut encouragé à écrire le dernier livre
à cause du succès du Ihya´ `ouloum al-din
de Ghazali, et en vérité le Minhaj adopte
en majorité la méthodologie et le language du Ihya´ en addition au fait qu’il traite du même sujet,
l’auto-purification et les éthiques personnelles.
Le Minhaj fut résumé en un volume par Najm al-Din Abou al-`Abbas
Ahmad ibn Qoudama (d.742). Voici certains de ses titres de chapitres et
extraits les plus illustratifs de l’influence de Ghazali sur Ibn al-Jawzi et
l’adoption des terminologies Soufies de ce dernier:
·
Fasl
`ilm alwal al-qalb (Section sur les sciences des états du cœur)
·
Fasl fi
qaqa’iq al-adab al-batina wa al-ishara ila adab al-hajj (Section sur les
éthiques des secrets du Pèlerinage)
·
Kitab
riyad al-nafs wa tahdhib al-khoulouq wa mou`alajat amrad al-qalb (Le livre du dressage de l’égo,
l’éducation du caractère et le traitement des maladies du cœur)
·
Fasl fi
fa’idat shahawat al-nafs (La section sur le bénéfice de
l’appétit de l’égo)
·
Bayan
al-riya´ al-ladhi houwa akhfa min dabib al-naml (L’exposition de l’ostentation cachée qui est plus
sournois que le bruit des pas d’une fourmi)
·
Fasl fi
bayan ma youhbitou al-`amal min al-riya' wa ma la youhbit (La section de l’exhibition de l’ostentation qui annule les actions de
l’un et l’ostentation qui n’en fait pas)
·
Fasl fi
dawa' al-riya' wa tariqatou mou`alajat al-qalbi fih (La section sur les remèdes de l’ostentation et la voie du traitement du
cœur et de ses maux)
·
Kitab
al-mahabba wa al-chawqi wa al-ounsi wa la-rida (Le livre de l’amour, le désir passionné, la familiarité
et le bon plaisir)
·
Fasl fi
bayan mi`na al-shawq ila allahi ta`ala (La section
définissant le sens de l’amour passionné pour Allah)
·
Bab fi
al-mouhassaba wa al-mouraqaba (Chapitre sur
l’auto-méditation et la vigilance)
- al-maqam al-awwal: al-moucharata
(Le premier niveau:
l’engagement)
- al-maqam al-thani: al-mouraqaba
(Le deuxième niveau: la
vigilance)
- al-maqam al-thalith: al-mouhassaba
ba`da al-`amal
(Le troisième niveau:
l’auto-jugement après une
action)
- al-maqam-al-rabi`: mou`aqabat
al-nafs `ala taqsiriha
(Le quatrième niveau:
réprimander l’égo pour ses défauts)
- al-maqam al-khamis: al-moujahada
(Le cinquième niveau: la
lutte)
- al-maqam al-sadis: fi mou`atabat
al-nafs wa tawbikhiha
(Le sixième niveau:
réprimander et critiquer sévèrement l’égo)
Abou Bakr al-Siddiq dit: «Quiconque haï son égo pour la cause d’Allah,
Allah le protégera contre ce qu’Il haï.»
Anas dit: ``J’entendis `Oumar dire, un jour, qu’ il était seul derrière un
mur: «Bakh, bakh! Bravo, bien fait, O mon égo! Par Allah, tu es mieux d’avoir
peur d’Allah; O petit enfant de Khattab, autrement je te punirai!»
Al-Bakhtari ibn Haritha dit: «Je vis l’un des adorateurs assis devant un
feu qu’il avait allumé et il punissait son égo; et il ne cessa de le punir
jusqu’à ce qu’il mourru.»
L’un d’entre eux dit: «Lorsque les saints sont mentionnés, je me dis:
Mépris à toi O mon nafs et mépris à toi encore O mon nafs.»
Sache que ton pire ennemi est ton égo qui réside entre tes deux flancs. Il
a été créé comme un tyran ordonnant, et te poussant toujours vers le mal, on
t’a ordonné de le dresser, le purifier (tazkiyat), le sevrer de ce qu’il se
nourri, le trainer en chaîne, le soumettre à l’adoration de son Seigneur.[173]
«Un savant Chafi`i de génie et un Imam moujtahid en doctrine de la foi, il
fut parmi les figures les plus en vue de son temps dans la maîtrise de la
logique et les sciences traditionelles Islamiques, et il préserva la religion
d’Ahl al-Sunna de la déviation des Mou`tazilites, des Chïites, des
Anthropomorphistes et autres sectes aberrantes de son temps.»
Il rédigea dans son I`tiqadat firaq
al-mouslimim wa al-mouchrikin:
Le sommaire de ce que disent les Soufis c’est que la voie de la
connaissance d’Allah est l’auto-purification et la renonciation à l’attachement
matériel, et ceci est une excellente voie… Les Soufis sont un groupe qui
travaille avec réflection sur le détachement du soi et des pièges de la vie
matérielle. Ils luttent afin que leurs cœurs soient uniquement occupés avec le
souvenir d’Allah dans toutes leurs besognes et actions, et ils sont
caractérisés par la perfection de leurs manières dans les relations avec Allah.
En vérité ce sont les meilleurs de toutes les races des êtres humains.[174]
L’un des grands saints de la Communauté, dit au sujet du tassawwouf:
Celui qui meurt sans être entré dans cette connaissance qui est la nôtre
meurt en insistant sur ses péchés graves (kaba'ir)
sans le réaliser.[175]
Son surnom est «Le Sultan des Savants.» Le Cheick al-Islam de son temps, il
étudia le hadith sous le hafiz al-Qassim ibn `Ali ibn `Assakir al-Dimachqi, et
le tassawwouf sous le cheick al-Islam Chafi`i Chihab al-Din al-Souhrawardi
(539-632), lequel al-Dhahabi appelle: «Le cheick, l’imam, le savant, le zahid,
le connaisseur, le mouhaddith, le Cheick al-Islam, le hors pair des Soufis…»[176]
Il étudia aussi sous Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656) et son disciple
al-Moursi. L’auteur de Miftah al-sa`ada
et al-Soubki dans son Tabaqat
rapportent qu’al-`Izz disait à chaque fois qu’il entendait al-Chadhili et
al-Mourssali parler: «Ceci est le genre de discours qui vient fraîchement
d’Allah.»[177]
Dans ses deux volumes Qawa`id al-ahkam fi massalih al-anam sur
ousoul al-fiqh il mentionne que les
Soufis sont ceux au sujet desquels Allah dit: «Le parti d’Allah» (5:56, 58:22),
il définit le tassawwouf comme «l’amélioration des cœurs à travers lesquels la
santé des corps est saine et à travers lesquels les maladies des corps sont des
maux.» Il considéra la connaissance des règles légales externes comme une
connaissance de la Loi dans ses généralités, tandis que la connaissance des
matières internes est une connaissance de la Loi dans ses détails les plus
fins.[178]
Parmi ses livres sur le
tassawwouf il y a:
·
Charjarat
al-ma`arif wa al-ahwal wa salih al-aqwal wa al-a`mal
(L’arbre des sciences gnostiques, états, déclarations pieuses et actions)
s’étendant sur vingt chapitres dont les septs derniers sont consacrés aux
branches variées de l’ihsan dans la religion du croyant;
·
Moukhtassar
ri`ayat al’Mouhassibi, un abrégé du livre
d’al-Mouhassibi sur l’Observance des droits d’Allah;
·
Massa'il
al-tariqa fi `ilm al-haqiqa (Questions sur la voie Soufie
concernant la connaissance de la Réalité) dans lequel al-`Izz répond à soixante
questions au sujet du tassawwouf;
·
Rissala
fi al-qutb wa al-abdal al-arba`in (Traité sur le Pôle des
saints et les quarantes successeurs);
·
Fawa'id
al-balwa wa al-mihan (Les bénéfices des épreuves et
des afflictions);
·
Nihayat
al-roughba fi adab al-souhba (L’obtention des vœux dans
l’étiquette de la compagnie).
Malgré sa rigueur en toute
matière, il est très connu pour son acceptation de la sama` ou les récitals poétiques, les mouvements du corps et la
danse[179] associés
avec des transes et autres états d’extase au cours du dhikr. L’Imam Ahmad rapporta dans son Mousnad:
`Ali dit: Je visitai le Prophète avec Ja`far (ibn Abi Talib et Zayd (ibn
Haritha). Le Prophète dit à Zayd: «Tu es mon homme affranchi» (anta mawlay), à la suite duquel Zayd
commença à sautiller sur son pied autour du Prophète (hajala). Le Prophète dit ensuite à Ja`far: «Tu me ressembles dans
ma création et dans mes manières» (anta
achbahta khalqi wa khoulouqi), à la suite duquel Ja`far commença à
sautiller derrière Zayd. Le Prophète me dit ensuite: «Tu fais parti de moi et
je fais parti de toi» (anta minni wa ana
minka) je commençai à sautiller
derrière Ja`far.[180]
Cheick al-Islam Ibn Hajar al-Haytami
mentionne que certains savants ont déduit à partir de cette évidence la
permissibilité de danser (al-raqs) à
l’écoute d’un récital qui élève l’esprit.[181]
al-Yafi`i est en accord avec lui dans Mir'at
al-jinan.[182] Les deux
mentionnent al-'Izz ibn `Abd al-Salam comme l’exemple parfait de tel savants
dans la mesure où il est authentiquement rapporté que lui-même «prit part au
sama`et dansa en état d’extase» (kana
yahdourou al-sama` wa yarqoussou wa
yatawajadou), comme cela est confirmé par Ibn al-`Imad sur l’autorité
d’al-Dhahabi, Ibn Chakir al-Koutabi, al-Yafi`i, al-Nabahani et Abou al-Sa`adat.[183]
Cette permissibilité d’un type
de danse de la part des Imams et des maîtres de hadiths exclu l’interdiction du
sama` sur une base générale, aussi
bien que la danse qui accompagne la sama`,
sans égard aux réserves d’Ibn Taymiyya à ce sujet. Dans le langage des
«Salafis» d’aujourd’hui, cela devient un interdit nul et non avenue.
Quant aux cas particuliers où
la danse peut être interdite, il s’agit là des genres mondains de danse
efféminée qui n’a rien avoir avec l’extase du sama` et du dhikr. Al-`Izz ibn `Abd al-Salam différencia les deux
types dans ses Fatwas:
Danser est une bid`a ou une
innovation qui n’est approuvé que par celui qui a une carence dans l’esprit.
Elle n’est convenable que pour les femmes. En ce qui concerne l’écoute de la
poésie (sama') qui excite vers les
états de la pureté (ahwal saniyya),
qui rappelle l’au-delà: il n’y a rien de mal en cela, au contraire cela est
recommandé (bal youndabou ilayh) pour
les cœurs tièdes et endurcis. Cependant, celui qui dissimule des idées
malsaines en son cœur il ne lui est pas permis de prendre part au sama', car le sama' excite tout désir déjà présent dans le cœur, le désirable et
le détestable.[184]
Il dit aussi dans son Qawa `d
al-ahkam:
Danser et applaudir sont une mauvaise manifestation ressemblant à celle des
femmes que personne ne tolère sauf les hommes frivoles et les menteurs…
quiconque comprend la grandeur d’Allah ne peut s’imaginer en train d’applaudir
et de danser car ces actes ne sont performés que par l’ignorant grossier, non
par ceux qui ont un mérite et une intelligence et la preuve de leur ignorance
est que la Chari`a n’a cité aucune preuve de ces actions dans le Coran et la
Sunna, et aucun des Prophètes et leurs illustres compagnons ne le firent.[185]
Al-`Izz ibn `Abd al-Salam fut questionné dans sa Fatwa au sujet de la
validité des déclarations de Qouchayri et Ghazali ¨que le plus haut niveau
parmi les serviteurs d’Allah après les Messagers et Prophètes est celui des
saints (awliya'), suivi de celui des
savants (`oulama'). Il répondit:
Concernant la priorité des connaisseurs d’Allah sur les connaisseurs des
lois d’Allah, les dires des maîtres Qouchayri et Abou Hamid (al-Ghazali) sont
confirmés. Aucune personne, dotée de sens, ne doute que les connaisseurs
d’Allah… non seulement sont les meilleurs que les connaisseurs des lois
d’Allah, mais sont aussi meilleurs que ceux qui connaissent les branches et les
racines de la religion, parce que le rang d’une science est selon ses buts
immédiats… La plupart du temps les savants sont voilés par leur connaissance
qu’ils ont d’Allah et de Ses attributs, autrement dit, ils seraient parmi les gnostiques dont la
connaissance est continue, comme cela convient à la demande de la vraie vertu.
Et, comment les gnostiques et les juristes puissent être les mêmes quand Allah
dit: «Le plus noble parmi vous, auprès d’Allah est le plus pieux» (49:13)?.. et
par les «savants» (`oulama´) quand Il
dit «Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah» (35:28), Il fait
cas de ceux qui Le connaissent, de même que Ses attributs, et Ses actions, et
non ceux qui connaissent Ses lois… Un signe de la supériorité des gnostiques
par rapport aux juristes est qu’Allah fait des miracles aux mains des premiers,
mais jamais aux mains du deuxième groupe, à l’exception de ceux qui entrent
dans la voie des gnostiques et acquièrent leurs caractéristiques.[186]
Ce ne fut pas nécessaire
qu’al-`Izz introduise les savants de hadiths dans la mesure où ceux-ci sont
considérés d’un niveau inférieur aux savants de fiqh et sont par conséquent
inclus avec eux en-dessous des saints. Ibn Abi Zayd al-Maliki rapporte Soufyan
ibn `Ouyayan disant: «L’hadith conduit à l’égarement sauf les fouqaha´,» et le
compagnon de Malik, Ibn Wahb dit: «Tout maître de hadith qui n’a pas d’Imam en
fiqh est égaré (dall). Si Allah ne
nous avait pas sauvé avec Malik et al-Layth, nous aurions été égarés.»[187]
Nous avons déjà mentionné l’avertissement de l’Imam Malik ¨ que la religion ne
consiste pas en la narration de quantité de hadiths mais plutôt en la lumière
qui prend siège dans la poitrine.
L’un des grands savants Soufis, le plus stricte des maîtres de hadiths des
temps derniers et le plus méticuleux des juristes, Cheick al-Islam Mouhyiddin
Yahya ibn Charaf al-Nawawi est avec al-Rafi`i les principales références de
l’école Chafi`i des derniers temps.
Ses livres restent toujours d’autorité dans la méthodologie de la loi, dans le
commentaire du Coran et dans le hadith. Son commentaire de sahih Mouslim est en
deuxième position après celui d’Ibn Hajar sur sahih Boukhari. Allah donna à sa fameuse compilation de Quarante
Hadiths probablement plus de renommée et d’audience que tout autre livre de
haditha, qu’il soit volumineux et petit, et permis à Nawawi d’être d’un immense
bénéfice à la Communauté Islamique.
Nawawi était considéré un
Soufi et un saint, comme cela est évident par les titres de quelques uns de ses
travaux et celui de la biographie de Sakhawi intitulé Tarjamat cheick al-islam, qoutb al-awliya' al-kiram, faqih al-anam, mouhyi al-Din al-Nawawi
(La biographie du Cheick de l’Islam, le Pôle des Nobles Saints, le Juriste de
l’humanité, le Revivicateur de la Sunna et le Défenseur contre les innovations…
al-Nawawi.
Nawawi écrit dans son petit
ouvrage intitulé al-Maqassid fi al-tawhid
wa al-`ibada wa ousoul al-tassawwouf (Les buts de l’unicité, l’adoration et
les fondations de l’auto-purification):
Les spécifications de la Voie des Soufis sont de cinq:
1. garder la Présence d’Allah en son cœur en public comme en privée;
2. pratiquer la Sunna du Prophète dans l’action comme dans le parlé;
3. se retirer des gens et ne pas avoir recours à eux;
4. être satisfait avec ce qu’Allah te donne même si cela est peu;
5. avoir toujours recours à Allah pour tous ses problèmes.[188]
Il rendit l’âme avant qu’il ne
puisse finir son Boustan al-arifin fi
al-zouhd wa al-tassawwouf (Le jardin des gnostiques dans l’ascétisme et
l’auto-purification), qui est une collection précieuse des dires des premières
et dernières générations des maîtres de tassawwouf élaborant sur quelques
points de l’auto-purification. En voici quelques extraits:
Al-Chafi`i (qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde) dit: «Seul le sincère (moukhlis) connait ce qu’est
l’hypocrisie (riya').» Ceci signifie
qu’il est impossible de connaitre la réalité de l’hypocrisie et voir ses
aspects cachés sauf pour celui qui cherche de manière résolue la sincérité (arada). Celui-ci, lutte pendant une
longue période, cherchant, méditant et examinant profondément en lui-même
jusqu’à ce qu’il sache ou connaisse quelque chose au sujet de ce qu’est
l’hypocrisie. Cela n’arrive pas à tout le monde. En vérité, ceci arrive
seulement aux élites (al-khawass).
Mais pour un individu donné, affirmer qu’il connait ce qu’est l’hypocrisie est
signe d’ignorance de sa part.
Je mentionnerai, dans ce
livre, un chapitre par la volonté d’Allah, dans lequel tu verras un type de
merveille qui rafraîchira tes yeux. Pour illustrer l’étendue de la
dissimulation de l’hypocrisie, nous avons seulement besoin de rapporter le
récit suivant de la part du Professeur et Imam Abou al-Qassim al-Qouchayri,
qu’Allah répande Sa miséricorde sur lui, extrait de sa Rissala avec notre isnad
mentionné auparavant.
Il dit: «j’entendis Mouhammad
ibn al-Houssayn dire: J’entendis Ahmad ibn Ali Jafar dire: J’entendis al-Hassan
ibn Alawiyya dire: Abou Yazid [al-Bistami], qu’Allah soit satisfait de lui,
dit: J’étais pendant douze années le forgeron de mon égo (haddadou nafsi), puis pendant cinq années je devint le miroir de
mon cœur (mir'atou qalbi), puis
pendant une année je regardai ce qui reposa entre les deux, et je vis autour de
moi une ceinture visible [c’est-à-dire de koufr
= signe vestimentaire d’un sujet non-musulman d’un état Islamique]. Alors, j’ai
luttai pendant douze années pour la couper et je la vis encore, et je la vis
cachée autour de moi. Ensuite, je m’attelai pendant cinq années à voir comment
la couper. Alors, je fus dévoilé (kouchifa li) et lorsque je regardai la
création, je vis qu’ils étaient tous morts. Je récitai alors la prière funèbre
sur eux.»
Je dis: Cette hypocrisie étant
aussi énigmatique que les maîtres de cette voie [c’est-à-dire le tassawwouf]
qui n’ont pas d’égal montre combien de fois il reste dissimulé. Sa phrase: «Je
les vis tous morta» est le sommet de la valeur, de la beauté et la rareté autre
que les mots du Prophète, la Paix et la Bénédiction d’Allah sur lui, regorge
d’une telle richesse en significations. Je toucherai brièvement à ces
significations. Le sens est qu’après qu’il ait lutté longtemps et difficilement
et que son égo ait été discipliné et son cœur illuminé, et lorsqu’il eu conquis
son égo et soumis et achevé une
complète maîtrise sur lui et qu’il l’a totalement assujeti à lui, à ce
moment, il regarda toutes les
créatures et trouva qu’elles étaient toutes mortes et sans pouvoir:
elles ne peuvent faire du tort ni être bénéfiques
elles ne peuvent donner ni retirer
elles ne peuvent donner ni la vie ni la mort
elles ne peuvent communiquer ni trancher
elles ne peuvent transmettre ni oter
elles ne peuvent rendre heureux ni rendre triste
elles ne peuvent accorder ni dépriver
elles ne possèdent pour elle-même ni bénéfice, ni tort, ni mort, ni vie, ni
résurrection.
Ceci, donne les
caractéristiques de la mort aux êtres humains: ils sont considérés morta dans
toutes les conditions ci-dessus mentionnées, ils ne sont ni craints ni
suppliés, ce qu’ils possèdent n’est pas convoité, ils ne sont ni attrayants ni
flatteurs, personne ne leur donne une attention, ils ne sont pas enviés ni
dénigrés, leurs défauts ne sont pas mentionnés ni leurs fautes poursuivies et
exposées, personne n’est jaloux d’eux ni ne pense aux faveurs qu’ils ont reçues
d’Allah, et ils sont pardonnés pour leurs erreurs, quoique les punitions
légales leur sont appliquées selon la Loi. Mais, ’application d’une telle
punition n’exclue pas ce que nous avons mentionné auparavant, ni elle exclue
notre effort de couvrir leurs erreurs sans au moins les dissuader.
Voici comment les morts sont
vus. Et si quelqu’un mentionne les êtres humains de manière déshonorable nous
lui interdisons de sonder ce sujet de la même manière que nous l’aurions fait
s’il devait examiner un mort. Nous ne faisons rien pour leur intérêt nous les
Lui laissons. Et, nous ne nous arrêtons plus à exécuter un acte d’obéissance
envers Allah à leur sujet que nous le faisons au sujet d’un mort, et nous ne
les louons pas. Et, nous n’aimons pas non plus leurs louanges à notre égard ni
haïssons leurs insultes, et nous ne leur rendons pas la pareille.
En résumé, ils sont comme
s’ils n’existaient pas . Ils sont sous
la complète attention et juridiction d’Allah. Quiconque a des rapports avec eux
de cette manière, a combiné le bien de l ‘autre monde et celui d’ici-bas.
Puisse Allah Le Généreux nous donner le succès dans cet l’achèvement. Ces
quelques mots sont suffisants pour expliquer les dires d’Abou Yazid al-Bistami,
qu’Allah soit satisfait avec lui.[189]
Nous mentionons ce wa`iz
(prêcheur) parce qu’il a été souvent confondu avec Izz al-Din ibn Abd al-Salam
al-Soulami, et ses brèves œuvres sur le tassawwouf sont attribuées par erreur à
ce dernier. Dans cet ouvrage intitulé différentes façons : Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz et Zabad
khoulasat al-tassawwouf, al-Maqdissi divise les niveaux du soulouk ou voies
spirituelles en trois voies qui correspendent à la définition du Prophète au
sujet de la Religion dans le hadith de Jibril:
L’Islam est le premier des niveaux de la Religion, caractérisant le commun des
croyants;
L’Imam est le
premier pas de l’échelle du cœur, et il caractérise l’élite des croyants;
L’Ihsan est le premier pas de l’échelle de l’esprit, et il caractérise l’élite de
ceux qui sont rapprochés.[190]
Ses admirateurs citent ce juriste et maître de hadiths de l’école Hanbalite
comme un ennemi des Soufis, et il est la principale autorité dans la campagne
des «Salafis», responsables du climat actuel de fanatisme injustifié et
l’encouragement à l’ignorance au sujet du tassawwouf. Pourtant, Ibn Taymiyya
était lui-même un Soufi. Cependant, les «Salafis» sont très minutieux à ne
jamais présenter le Soufi Ibn Taymiyya, ce qui gênerait sévèrement leur
scénario il le présente comme purement un anti-Soufi.
Les discours d’Ibn Taymiyya
sur le tassawwouf sont criblés de contradictions et d’ambiguités. On peut dire
que quoiqu’il nivella toutes sortes de jugements sur les Soufis, il fut
incapable de nier la grandeur du tassawwouf au sujet duquel la Communauté fut
longtemps unanime bien avant que lui-même n’apparaisse. En conséquence, il
affronta le tassawwouf, questionnant ces Soufis contemporains, et réduisant la
primauté des élites des Musulmans à de la banalité, et au même moment il se
vante d’être un Soufi Qadiri dans une chaîne directe de succession à Cheick
`Abd al-Qadir al-Gilani, comme nous le montrerons dans les lignes qui suivent.
Il doit être clair dans
l’esprit des lecteurs que la raison pour laquelle nous citons ces évidences
n’est pas que nous considérons Ibn Taymiyya comme une figure représentative du
tassawwouf. A notre point de vue, il ne représente ni le tassawwouf ni l’aqida
de Ahl al-Sunna. Cependant, nous citons ces points de vues seulement pour
démontrer que sa présentation erronée par les Orientalistes et les
«Salafis» comme un ennemi du
tassawwouf ne relève pas d’un examen minutieux. Sans tenir compte des opinions
d’un groupe ou de l’autre, les faits montrent des évidences claires que Ibn
Taymiyya n’avait pas d’autre choix que d’accepter le tassawwouf et ses
principes, et que lui-même se réclama être un Soufi, et se para également du
manteau (khirqa) de cheick dans
l’ordre Soufi Qadiri.
Nous avons déjà cité l’admiration d’Ibn Taymiyya pour `Abd al-Qadir Gilani
auquel il attribut le titre de mon «Cheick» (cheickhouna)
et de mon «maître» (sayyidi) dans son entière Fatawa. Les inclinations
d’Ibn Taymiyya pour les Soufis et sa révérence pour `Abd al-Qadir al-Gilani
sont aussi témoignées à travers son commentaire de cent pages sur Foutouh al-ghayb, couvrant seulement
cinq des soixante-dix-huit sermons du livre, mais montrant qu’il considéra le
tassawwouf essentiel dans la vie de la Communauté Islamique.[191]
Dans son commentaire Ibn
Taymiyya met l’accent sur le fait que la primauté de la Chari`a est la
tradition de base dans le tassawwouf, et pour supporter ce point il donne une
liste de plus d’une douzaine des premiers maîtres, aussi bien que des cheicks
contemporains de son temps dont ceux de son école Hanbali, al-Ansari al-Harawi
et `Abd al-Qadir al-Gilani, et le cheick de ce dernier, Hammad al-Dabbas:
Les élites parmi les pratiquants de cette Voie -- comme la majorité des
premiers cheicks (chouyoukh al-salaf)
dont Foudayl ibn `Iyad, Ibrahim ibn Adham, Ma`rouf al-Karkhi, al-Sari
al-Saqati, al-Jounayd ibn Mouhammad, et autres de la première génération des
maîtres, aussi bien que Cheick `Abd al-Qadir, Cheick Hammad, Cheick Abou
al-Bayan et autres maîtres qui sont apparus plus tard – n’ont pas permis aux
pratiquants de la voie Soufie de se démarquer des interdits et ordres de la
législation divine, même si cette personne a volé dans les airs ou a marché sur
l’eau.[192]
Quelque part encore, dans son al-rissala al-safadiyya, Ibn Taymiyya
défend les Soufis comme ceux qui appartiennent à la voie de la Sunna et la
représentent dans leurs enseignements et écrits:
Les grands cheicks mentionnés par Abou `Abd al-Rahman al-Soulami dans Tabaqat al-soufiyya, et Abou al-Qassim
al-Qouchayri dans al-Rissala, étaient
adhérants de l’école d’Ahl al-Sunna wa al-Jama`a et de l’école d’Ahl al-hadith,
comme al-Foudayl ibn `Iyad, al-Jounayd ibn Mouhammad, Sahl ibn `Abd Allah
al-Toustari, `Amr ibn`Outhman al-Makki, Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Khafi
al-Chirazi, et autres; et leurs discours étaient fondés sur la Sunna , et ils
rédigèrent des livres au sujet de la Sunna.[193]
Dans son traité sur la
différence entre les formes permises de la prière et celles innovées, intitulé Rissala al-ibadat al-chariyya wal-farq
baynaha wa bayn al-bidiyya, Ibn Taymiyya déclare sans erreur que la voie
licite est la voie de «ceux qui suivent la voie Soufie» ou «la voie de
l’auto-négation» (zouhd) et ceux qui
suivent «ce qui est appelé pauvreté et tassawwouf», c’est-à-dire les fouqara et les Soufis:
Le licite c’est ce par quoi on se
rapproche d’Allah. C’est la voie d’Allah. C’est la vertuosité, l’obéissance,
les bonnes actions, la charité et la justice. C’est le chemin de ceux qui sont
sur la voie Soufie (al-salikin), et
la méthode de ceux qui ont l’intention d’atteindre Allah et de L’adorer; c’est
celle qu’entreprend quiconque désire Allah et suit la voie de l’auto-négation (zouhd) et les pratiques religieuses, et
ce qui est appelé pauvreté, tassawwouf etc…[194]
En ce qui concerne l’enseignement d’`Abd al-Qadir sur le fait que le salik ou l’aspirant Soufi doit
s’abstenir des désirs permis, Ibn Taymiyya commence par déterminer que
l’intention d’`Abd al-Qadir est que ce dernier renonce à ces choses permises
qui ne lui sont pas imposées par la loi parce qu’il peut y avoir un danger pour
lui. Mais jusqu’à quel point? Si l’Islam est essentiellement apprendre et
appliquer les commendements Divins, il doit y avoir un moyen pour celui qui
s’efforce sur la voie de déterminer la volonté d’Allah dans chaque situation
particulère. Ibn Taymiyya reconnaît que le Coran et la Sunna ne peuvent pas
couvrir explicitement tout événement spécifique dans la vie de tout croyant.
Encore, si le but de la soumission à la volonté et au désir d’Allah doit être
accompli par ceux qui veulent L’atteindre, il doit y avoir une voie pour celui
qui y lutte de s’assurer du commendement Divin dans toute sa particularité.
La réponse d’Ibn Taymiyya est
d’appliquer le concept légal d’ijtihad à la voie spirituelle, spécifiquement à
la notion d’ilham ou inspiration.
Dans ses efforts d’unir sa volonté avec celle d’Allah, le vrai Soufi atteind un
état où il ne désire rien d’autre que de découvrir la plus belle œuvre,
l’action la plus plaisante et la plus aimée d’Allah. Lorsque les données
légales extérieures ne peuvent plus le diriger dans ces matières, il peut
compter sur les notions d’inspiration (ilham)
et de perception intuitive (dhawq) du
Soufi:
Si le disciple a créativement employé ses efforts aux indications externes
de la Char`ia et n’a pas vu la meilleure probabilité concernant une action, il
peut être alors inspiré à cause de sa bonne intention combinée à sa peur
d’Allah, il peut choisir parmi deux actions laquelle est supérieure à l’autre.
Ce genre d’inspiration (ilham) est
une indication concernant la vérité. Elle peut même être une forte indication
par rapport à une faible analogie, des hadiths faibles, des arguments littéraires
faibles (zawahir), et une faible
présomption de continuité (istichab)
qui sont employées par plusieurs qui fouillent dans les principes, les
différences et du fiqh systématisé.[195]
Ibn Taymiyya repose son point
de vue sur le principe qu’Allah a mis une disposition naturelle à la vérité au
genre humain et lorsque cette disposition est enracinée dans la réalité de la
foi et éclairée par l’enseignement Coranique, et que celui qui lutte sur le
voie est incapable de déterminer la volonté précise d’Allah dans des cas
spécifiques, alors son cœur lui montrera l’action préférée. Une telle
inspiration est l’une des preuves importantes qu’il détient dans cette
situation. Certainement, il se trompera quelque fois, faussement guidé par son
inspiration ou sa perception intuitive de la situation, juste comme le
moujtahid quelque fois se trompe. Mais il dit, même quand le moujtahid ou le
disciple inspiré lutte dans l’erreur, il est obéissant.
Faire appel à ilham et dhawq n’est pas synonyme de suivre ses propres caprices ou ses
préférences personnelles.[196]
Dans sa lettre à Nasr al-Manbiji, il qualifie cette intuition de «foi-informée»
(al-dhawq alimani). Son point est que, comme dans le commentaire du Foutouh, l’inspiration par expérience
est ambigue et a besoin d’être qualifiée et par le critère du Coran et la
Sunna. Elle ne peut conduire, selon lui, à la certitude de la vérité, mais ce
qu’elle peut c’est de donner au croyant une assise ferme pour choisir la
meilleure action dans une situation donnée et l’aider à confirmer sa volonté en
des détails spécifiques de sa vie par rapport à celui de son Créateur et de son
Commandant.[197]
D’autres travaux qui nous
viennent de lui abondent d’ éloges pour les enseignements Soufis. Par exemple,
dans son livre al-ihtijaj bi al-qadar, il défend l’accent mis sur l’amour
d’Allah par les Soufis et leur volontarisme plutôt que l’approche
intellectuelle de la religion comme étant en accord avec les enseignements du
Coran, le hadith solide et l’ijma`al-salaf:
En ce qui concerne les Soufis, ils affirment l’amour (d’Allah), et ceci est
plus évident chez eux que parmi les autres. La base de leur voie est simplement
la volonté et l’amour. L’affirmation de l’amour d’Allah est bien connue dans le
language de leurs premiers et de leurs maîtres récents, comme cela est affirmé
dans le Livre et la Sunna et dans le concensus des Salaf.[198]
Ibn Taymiyya est aussi connu
pour ses condamnations d’Ibn `Arabi. Cependant, ce qu’il condamna n’était pas
Ibn `Arabi mais un petit livre qu’il écrivit et intitula Fousous al-hikam, qui
forme un mince volume. Quant à l’œuvre maîtresse d’Ibn `Arabi, al-Foutouhat al-makkiya (Les révélations
divines de Makka), Ibn Taymiyya n’était pas moins un admirateur de ce
chef-d’œuvre que toute autre personne en Islam qui l’ai vu, comme il le déclare
dans sa lettre à Abou al-Fath Nasr al-Mounayji (d.709) publiée dans le volume
intitulé tawhid al-rouboubiyya de son
Fatawa:
J’étais l’un de ceux, qui auparavant avaient une bonne opinion d’`Ibn Arabi
et faisaient ses éloges à cause des bénéfices que j’ai vus dans ses livres,
dont: al-Foutouhat, al-Kanh, al-Mouhkam al-marbout, al-Dourra
al-fakhira, Matali' al-noujoum, et
d’autres travaux de ce genre.[199]
Ibn Taymiyya continue jusqu’à
dire qu’il changea ses opinions, non à cause du contenu de ces livres, mais
seulement après qu’il eut lu le Foussous.
Nous arrivons maintenant à
l’évidence de l’affiliation d’Ibn Taymiyya à la Voie Soufie Qadiri et à sa
propre affirmation, comme cela fut rapporté par son disciple Ibn `Abd al-hadi
(d.909), qu’il reçu le khirqa Qadiri
ou manteau d’autorité d’`Abd al-Qadir al-Gilani à travers une chaîne de trois
cheicks. Il n’y personne d’autre que les trois Ibn Qoudamas qui sont parmi les
autorités établies dans le fiqh de l’école Hanbali. Cette information fut
publiée par George Makdisi dans une série d’articles dans les années 1970.[200]
Dans un manuscrit de Youssouf
ibn `Abd al-Hadi al-Hanbali intitulé Bad'
al-`ilqa bi labs al-khirqa (Le début de la protection dans le port du manteau
Soufi), Ibn Taymiyya est cité dans une généalogie spirituelle Soufie avec
d’autres savants Hanbali bien connus. Les liens dans cette généalogie sont les
suivantes par ordre descendant:
1. `Abd al-Qadir al-Gilani (d.561)
2.a-Abou `Oumar ibn Qoudama (d.607) 2.b-Mouwaffaq al-Din ibn Qoudama (d.620)
3. Ibn Abi `Oumar ibn
Qoudama (d.682)
4. Ibn Taymiyya (d.728)
5. Ibn Qayyim al-Jawziyya (d.751)
6. Ibn Rajab (d.795)
(Abou `Oumar ibn Qoudama et son frère Mouwaffaq al-Din reçurent directement
le khirqa d’`Abd al-Qadir lui-même.)
Ibn Taymiyya est ensuite cité
pr Ibn Abd al-Hadi comme affirmant son affiliation Soufie à la fois à l’ordre
Qadiri et à d’autres ordres:
J’ai porté le manteau Soufi d’un certains nombres de cheicks appartenant à
divers tariqas (labistou khirqata at-taqqawwouf min tourouqi jamatin min
al-chouyoukhi), parmi lesquels le Cheick Abd al-Qadir al-Gilani, dont la
tariqa est la plus grande des tariqa bien connues.
Plus loin il dit:
La plus grande Voie Soufie (ajallou
al-tourouq) est celle de mon maître (sayyidi)
`Abd al-Qadir al-Gilani, qu’Allah répande Sa miséricorde sur lui.[201]
D’autres confirmations viennent d’Ibn Taymiyya lui-même dans l’une de ses
œuvres al-Masala at-briziyya:
labistou al-khirqa
al-moubarakata li al-cheick `Abd al-Qadir wa bayni wa baynahou ithan. Je portai le manteau Soufi béni d’`Abd al-Qadir il y a entre lui et moi
deux cheicks.[202]
Ibn Taymiyya affirme ainsi
qu’il était un lecteur assidu d’al-Foutouhat
al-makkiyya d’Ibn `Arabi; qu’il considère `Abd al-Qadir al-Gilani son
cheick – il écrivit même un commentaire sur le Foutouh al-ghayb de ce dernier; et qu’il est de l’ordre Qadiriyya
et d’autres ordres Soufis. Que dit-il au sujet du tassawwouf et des Soufis en
général?
Dans son essai intitulé al-soufiyya wa al-fouqara' et publié
dans le onzième volume (al-tassawwouf)
de son majmou`a fatawa Ibn Taymiyya
al-Koubra, il déclare:
Le mot soufi n’était pas bien
connu au cours des premiers trois siècles, mais son usage devint populaire
après cette période. Un nombre important de cheicks en parlèrent dont Ahmad ibn
Hanbal, Abou Soulayman al-Darani et autres. Il a été rapporté que Soufyan
al-Thawri l’utilisa. Certains aussi mentionèrent que Hassan al-Basri en fit
usage.[203]
Ibn Taymiyya continue jusqu’à
déduire que le tassawwouf origina à Basra parmi les générations qui suivirent
les tabi`in, parce qu’il trouva que
plusieurs des premiers Soufis originèrent de cette ville tandis qu’il ne trouva
aucune de ces évidences ailleurs. Dans ce cas, il commet une erreur en
confinant le tassawwouf à une place spécifique, le coupant de ses liens avec le
temps du Prophète et ses illustres Compagnons. Ceci est l’une des aberrantes
conclusions qui soulève, parmi les «salafis» d’aujourd’hui des questions telles
que: «Où dans le Coran et la Sunna le tassawwouf est-il mentionné?» Comme Ibn
`Ajiba répondit à ce genre de questions:
Le fondateur de la science de tassawwouf est le Prophète lui-même a qui
Allah l’enseigna aux moyens de la révélation et l’inspiration.[204]
Nous avons par la grâce d’Allah fini avec ce sujet dans notre long exposé
sur les preuves du tassawwouf dans les pages précédentes.
Ibn Taymiyya continue:
Le tassawwouf a des réalités (haqa`iq)
et des états d’expériences (ahwal)
que les Soufis mentionnent dans leur science… Certains disent que le Soufi est
celui qui se purifie de tout ce qui le distrait du souvenir d’Allah et qui
devient plein de l’image de l’au-delà à tel point que la valeur de l’or et des
pierres sera la même pour lui. D’autres disent que le tassawwouf c’est de
sauvegarder les sens précieux et de renoncer à la prétention à la célébrité et
à la vanité etc… Ainsi, le sens de soufi fait
allusion au sens de siddiq ou celui
qui a atteind le niveau complet de véridique, car les meilleurs des êtres
humains après les Prophètes sont les siddiqin,
comme Allah le mentionna dans le verset suivant:
Quiconque obéit à Allah et au Messager, ceux-là seront avec ceux qu’Allah a
comblés de Ses bienfaits: les prophètes, les saints véridiques, les martyrs, et
les vertueux; ah, quel bons compagnons
que ceux-là! (4:69).
Ils considèrent cependant
qu’après les prophètes il n’y a pas plus vertueux que le Soufi, et le Soufi est
en réalité, parmi d’autres genres de saints véridiques, seulement un genre de
siddiq spécialisé dans l’ascétisme et l’adoration (al-soufi houwa fi al-haqiqa naw`oun min al-siddiqin fahouwa al-siddiq
allahi ikhtassa bi al-zouhdi wa
al-`ibada). Le Soufi est l’homme vertueux de la voie; juste comme les
autres sont appelés les vertueux des oulama et les vertueux des émirs…
[Ici Ibn Taymiyya nie la déclaration des Soufis qui représentent les
Véridiques après les Prophètes, et il rabaisse leur statut à celui du large
groupe des honnêtes serviteurs. Ceci découle de sa première prémisse que le
tassawwouf apparu plus tard et que son origine est autre que la Sunna du
Prophète. Nous avons déjà mentionné que cette prémisse était fausse. Tous les
Soufis considèrent que les transmetteurs de leur connaisance et discipline ne
sont nul autre que les Compagnons et leurs Successeurs, qui prirent cette
connaissance du Prophète lui- même. Dans ce respect, les Soufis et les
illustres Compagnons de même que les Successeurs ne sont pas différents en
essence, quoiqu’ils soient différents en noms, la préseance est donnée aux
Compagnons et aux Successeurs selon le hadith du Prophète.
Ensuite Ibn Taymiyya sépare
arbitrairement les Soufis et les savants en deux groupes discrets apparents,
nous avons vu que les Soufis étaient de grands savants, et plusieurs grands
savants étaient des Soufis. Al-Jounayd anticipa cette injuste distinction dans
sa fameuse déclaration: «Cette connaissance qui est la nôtre est basée sur le
Coran et la Sunna.» Ensuite, faisant allusion à cette erreur dans son Tabaqat al-Koubra, Cha`rani cite
al-Jounayd et pousuit:
¨Chaque vrai Soufi est un savant de la Loi Sacrée, quoique l’inverse n’est
pas nécessairement vrai.[205]¨
Certains critiquèrent les Soufis et le tassawwouf en les taxant
d’innovateurs et d’être en dehors de la Sunna… mais la vérité est qu’ils
exercent l’ijtihad dans l’obéissance d’Allah comme ont fait d’autres gens qui
sont obéissants à Allah. Ainsi, parmi eux vous trouverez le Plus En Vue dans la
Proximité (al-sabiq al-mouqarrab) par
vertu de son effort, pendant que certains d’entre eux sont des Gens de la
Droite… et parmi ceux se réclamant d’être affiliés à eux, sont ceux qui sont
injustes envers eux-mêmes, se rebellant contre leur Seigneur. Ceux- là sont les
sectes des innovateurs et des libres penseurs (zindiq) qui prétendent être affiliés aux Soufis mais dans l’opinion
des véritable Soufis, ils n’y appartiennent pas, par exemple al-Hallaj.
[Ici la citation innappropriée d’al-Hallaj par Ibn Taymiyya est plus
figurative de sa propre mauvaise compréhension du tassawwouf qui illustre ce à
quoi il veut aboutir. En réalité, comme `Abd al-Qahir al-Baghdadi dit au sujet
d’al-Hallaj, «son cas parmi les Soufis n’est pas clair quoique Ibn `Ata' Allah,
Ibn Khafif, et Abou al-Qassim al-Nassir Abadi l’approuvent.»[206]
Encore, nous avons déjà dit que plusieus grands savants de l’école d’Ibn
Taymiyya lui-même ont rejeté les charges établies contre al-Hallaj, et le
considèrent comme un saint, dont Ibn `Aqil et Ibn Qoudama. Ibn Taymiyya peut-il
ne pas être conscient de toutes ces positions qui invalident son point de vue,
ou cela est-il purement signe d’ignorance?]
Le tassawwouf a ses branches et diversités; et les Soufis sont connus sous
trois groupes:
1- Soufiyyat al-haqaiq: Les Soufis des Réalités; ce sont les vrais Soufis que nous avons
mentionnés dans les paragraphes précédents;
2- Soufiyyat al-arzaq: Les Soufis professionnels qui vivent des dons religieux ,des auberges et
des écoles Soufis; et il n’est pas nécessaire pour eux d’être parmi les gens
des vraies réalités dans la mesure où cela est une chose très rare…
3- Soufiyyat al-rasm: les Soufis par apparence seulement, qui sont préoccupés à endosser le nom
et la tenue vestimentaire etc[207]
Au sujet de fana' – un terme
utilisé par les Soufis signifiant littérairement extinction ou
l’auto-extinction – et le chatahat ou les déclarations éclatantes des Soufis,
Ibn Taymiyya dit:
Cet état d’amour caractérise plusieurs des Gens amoureux d’Allah et les
Gens de la Recherche (Ahl al-irada).
Un homme s’évanouit dans l’objet de son amour – Allah – à travers l’intensité
de son amour. Il se souviendra d’Allah et non de lui-même, invoquera Allah et
lui-même, prendra Allah à témoin et non lui-même, existe en Allah et non en
lui-même. Lorsqu’il atteind cet état, il ne ressent plus sa propre existence.
Ceci est la raison pour laquelle il peut dire dans cet état: ana al-haqq (Je suis la Vérité), ou soubhani (Gloire à moi!), et mafi al-joubba illa Allah (Il n’y rien
dans ce manteau sauf Allah, parce ivre
dans l’amour d’Allah, ceci est un plaisir et une joie qu’il ne peut contrôler…)
Ce phénomène est en lui-même à
la fois vérité et mensonge. Mais lorsque quelqu’un entre dans un état d’amour
extatique (`ichq) pour Allah, il
atteindra un état d’absence d’esprit, et lorsqu’il est dans un tel état, il ne
verra pas comment il accepte le concept d’ittihad
(l’union avec Allah). Je ne considère pas cela comme un péché parce que
cette personne est innocente et nul ne peut la punir parce qu’elle n’a pas
conscience de ce qu’elle fait. Le calame ne condamne pas l’incensé sauf lorsque
son esprit est en place (et commet le même acte). Cependant, lorsqu’il est dans
cet état et commet une erreur, il tombe sous la protection d’Allah:
O notre Seigneur, ne nous punit pas pour des fautes commises par oubli ou
par erreur (2:286), Il n’y pas de blâme sur vous si vous commettez une erreur
de manière involontaire.[208]
Il y a une histoire de deux
hommes dont l’amour mutuel était très intense. Un jour, lorsque l’un des deux
tomba dans la mer, l’autre aussitôt se jeta derrière lui. Le premier demanda au
second: «Qu’est-ce qui t’a emmené à te trouver ici?» Le second répondit: «J’ai
disparu en toi et je ne me voyais plus. Je pensais que tu étais moi et que j’étais
toi»… Alors, aussi longtemps que l’un n’est pas îvre de quelque chose qui est
interdit, son action est acceptée, mais s’il est ivre de quelque chose
d’interdit (c’est-à-dire l’intention était mauvaise) alors il n’est pas excusé.[209]
Les pages ci-dessus montrent
la grande familiarité d’Ibn Taymiyya avec les lignes générales du tassawwouf.
Une telle connaissance faisait part de l’éducation complète de quiconque à
cette époque et celui qui le précéda qui prétendait au savoir. Cette
connaissance ne constituait pas quelque chose d’extérieur ou d’étranger au
grand corpus des sciences Islamiques. Et toujours, similairement dans son cas
dans le `aqida que nous avons dénoué
dans les pages précédentes[210],
que la mauvaise compréhension du tassawwouf par Ibn Taymiyya l’emporta
massivement sur sa compréhension. Ce point fut illuminé avec une précision
quasi-chirurgicale par le grand Imam Soufi Cheick Ibn `Ata' Allah dans le débat
qu’il eut avec Ibn Taymiyya dans la mosquée d’al-Azhar au Caire.
Ibn Ata
Allah al-Iskandari et Ibn Taymiyya
L’un des grands Imams Soufis qui fut aussi connu comme un mouhaddith, un
prêcheur, un juriste Maliki, Abou al-Fadl Ibn `Ata' Allah al-Iskandari (d.709)
est l’auteur d’al-Hikam (Aphorisme), Miftah al-falah, (La clef au succès), al-Qousd al-moujarrad fi ma`rifat al-ism
al-moufrad (L’objectif pur concernant la connaissance du Nom Unique), Taj al-`arous al-hawi li tadhhib al-noufous (La couronne du marié
contenant la discipline des âmes), `Ounwan
al-tawfiq fi adab al-tariq (Le signe de succès concernant la discipline de
la voie), la biographie al-lata'if fi
manaqib Abi al-`Abbas al-Moursi wa
cheickihi Abi al-Hassan (Les miséricordes imperceptibles dans les vies
saintes d’Abou al-Abbas al-Moursi et son maître Abou al-Hassan al-chadhlili),
et autres. Il fut un élève d’Abou al-`Abbas al-Moursi (d.686) et le second
successeur du fondateur de l’ordre Soufi, l’Imam Abou al-Hassan al-Chadhili.
Ibn `Ata' Allah fut l’un de
ceux qui confrontèrent Ibn Taymiyya pour ses attaques excessives contre les Soufis ce qu’il n’approuvait pas. Il n’a
jamais cité le nom d’ Ibn Taymiyya dans ses travaux, mais c’est clairement à
son sujet qu’il fait allusion lorsqu’il
dit dans son Lata'if, qu’Allah a mis
les Soufis à l’épreuve à travers ce qu’il appelle «les savants de la
connaissance externe».[211]
Dans les pages suivantes est relatée la première traduction en français[212]
de cet évènement qui eut lieu entre les deux.
Texte
du Débat
extrait
d’Oussoul al-Woussoul
Ibn Kathir, Ibn al-Athir, et d’autres auteurs de biographies et de
dictionnaires biographiques nous ont transmis ce débat historique[213].
Il donne une idée de l’éthique du débat parmi les érudits. Il documente la
contreverse entre une personnalité, pivot en tassawwouf, Cheick Ahmad ibn `Ata' Allah al-Iskandari, et tout
aussi importante une personne du soit disant mouvement «Salafi», Cheick Ahmad
Ibn `Abd al-Halim Ibn Taymiyya durant la période des Mamloukes en Egypte sous
le règne du Sultan Mouhammad Ibn Qalawoun (al-Malik al-Nassir).
La déposition d’Ibn Taymiyya à
Ibn `Ata' Allah:
Cheick Ibn Taymiyya avait été emprisonné à Alexandrie. Lorsque le Sultan
lui gratifia son pardon, il revint au Caire. A l’heure de la prière du coucher
du soleil, il alla à la mosquée al-Azhar où la salat al-maghrib devait être
dirigée par Cheick Ahmad Ibn `Ata' Allah al-Iskandari. Après la prière, Ibn
`Ata' Allah était surpris de constater qu’Ibn Taymiyya avait prié derrière lui.
Le saluant avec un sourire, le Cheick Soufi souhaita cordialement la bienvenue
au Caire à Ibn Taymiyya, disant: «as-Salamou alaykoum». Ensuite Ibn `Ata' Allah
commença à parler avec l’érudit visiteur.
Ibn `Ata' Allah: «D’habitude, je prie la prière du
soir dans la mosquée de l’Imam Houssayn et la prière de la nuit ici. Mais
regarde comment le plan Divin travaille de lui-même! Allah a ordonné que je
sois le premier à te saluer (après ton retour au Caire). Dis-moi O faqir, me
blâmes-tu pour ce qui est arrivé?»
Ibn Taymiyya: «Je sais que tu ne me veux pas de
mal, mais nos différences d’opinions restent toujours les mêmes. Dans tous les
cas, quiconque m’a fait du tort dans quoique ce soit, à partir de ce jour même,
je le disculpe et lui pardonne de tout blâme en la matière.»
Ibn `Ata' Allah: «Qu’est ce que tu sais à mon
sujet, Cheick Ibn Taymiyya?»
Ibn Taymiyya: «Je te connais comme un homme
d’une piété scrupuleuse, de savoir abondant, d’intégrité et de véracité dans le
parlé. Je témoigne que je n’ai vu personne pareille à toi en Egypte et en
Syrie, qui aime plus Allah, ni qui est plus auto-effaçant en Lui ni qui est
plus obéissant à exécuter ce qu’Il a commandé et à éviter ce qu’Il a interdit.
Néanmoins, nous avons sur le Tawassoul
nos différences. Que sais-tu à mon sujet? Prétends-tu que je suis égaré lorsque
je nie la validité de faire appel à quiconque autre qu’Allah pour une aide (istighatha)?
Ibn `Ata' Allah: «Certainement, mon collègue, tu
sais que istaghtha ou appeler pour
une aide est la même que tawassoul ou chercher un moyen et demander l’intercession
(chafa`a); et que le Messager, sur
lui la paix, est celui dont l’aide est recherchée dans la mesure où il est
notre moyen, celui dont l’intercession est recherchée.»
Ibn Taymiyya: «Dans ce problème, je suis ce que
la Sunna du Prophète dit dans la Chari`a. Car, il a été transmis dans un hadith
solide: «J’ai été octroyé le pouvoir d’intercession.»[214]
J’ai aussi collectionné les dires du verset Coranique: Peut-être que ton
Seigneur te ressuscitera (O Prophète) en une position de gloire (17:79) à l’effet
qu’une position de gloire est l’intercession. De plus, lorsque la mère du
Commandeur des Croyants Ali est morte, le Prophète pria Allah à sa tombe et
dit:
``O Allah qui vit et ne meurt jamais, qui accélère et donne la mort,
pardonne les péchés de ma mère Fatima bint Assad, élargi sa demeure dans
laquelle elle entre au moyen de mon intercession, Ton Prophète, et les
Prophètes qui apparurent avant moi. En vérité Tu es le plus Miséricordieux des
Miséricordieux.[215]`
Ceci est l’intercession que
possède le Prophète. En ce qui concerne chercher l’aide de quelqu’un autre
qu’Allah, cela touche à l’idôlatrie; car le Prophète commanda son cousin Abd
Allah ibn Abas de ne pas demander d’aide de personne sauf celle d’Allah.»[216]
Ibn `Ata' Allah: «Qu’Allah te fasse prospérer, O
faqih! En ce qui concerne le conseil que le Prophète – sur lui la paix – donna
à son cousin Ibn Abbas, il voulait qu’il s’approche d ‘Allah non pas à
cause de sa relation familiale, mais à travers sa connaissance.
Avec respect pour ta
compréhension d’istighatha comme
chercher l’aide d’autrui, autre qu’Allah c’est une idolâtrie, je te
demande: Y-a-t’il un musulman possédant une foi réelle et croyant en Allah et
en Son Prophète qui pense qu’il y a quelqu’un autre qu’Allah qui a un pouvoir
autonome sur les évènements et qui est capable d’exécuter ce qu’Il a décrété à
leur propos? Ya-t’il un vrai croyant qui croit que quelqu’un autre qu’Allah
peut le récompenser pour ses bonnes actions et le punir pour ses mauvaises
actions?
En marge de ceci, nous devons
considérer qu’il y a des expressions qui ne doivent pas être prises dans leur
sens littéraire. Ce n’est pas à cause de la peur d’associer un partenaire à
Allah et en vue de bloquer les moyens à l’idolâtrie. Car quiconque cherche l’aide
du Prophète cherche seulement son pouvoir d’intercession auprès d’Allah comme
toi-même tu te dis: Cette nourriture satisfait mon appétit. Est-ce la
nourriture elle-même qui satisfait ton appétit? Ou c’est Allah qui satisfait
ton appétit à travers la nourriture?
En ce qui concerne ta
déclaration, qu’Allah a interdit aux Musulmans de faire appel à l’aide de
quiconque autre que Lui, as-tu vu un Musulman faire appel à quelqu’un autre
qu’Allah? Le verset que tu cites dans le Coran fut révélé au sujet des
idolâtres et ceux qui avaient l’habitude d’avoir recours à leurs fausses déités
et ignorer Allah. Alors que la seule manière dont les Musulmans cherchent
l’aide du Prophète est dans le sens du tawassoul
ou chercher un moyen, par le mérite du privilège qu’il a reçu d’Allah (bi haqqihi `inda Allah), et tachaffou` ou chercher l’intercession,
par le mérite du pouvoir d’intercession qu’Allah lui a octroyé.
Quant à ton verdict que istighatha ou chercher l’aide est
interdit dans la Chari`a parce qu’elle peut conduire à l’idolâtrie, si tel est
le cas, alors nous devons aussi interdire les raisins parce qu’ils sont un
moyen de production du vin, et castrer les hommes non-mariés parce que ne pas
faire laisse dans le monde un moyen de commettre la fornication et l’adultère.
A ce dernier commentaire, les
deux Cheicks rirent. Ibn `Ata' Allah continua: je suis familier avec toutes les
inclusivités et la prévoyance de l’école fondée par ton Cheick, l’Imam Ahmad,
et je connais la vaste étendue de ta propre théorie légale au sujet de ses
principes à bloquer les moyens au mal (sadd
al-dhara'i`) aussi bien que le sens de l’obligation morale d’un homme de ta
compétence en jurisprudence Islamique et l’intégrité que tu dois ressentir. Mais, je réalise aussi que ta
connaissance du language demande que tu cherches le sens caché des mots qui est
souvent voilé derrière leur sens évident.»
En ce qui concerne les Soufis, le sens pour
eux est comme un esprit, et les mots en eux-même sont comme son corps. Tu dois
pénétrer profondément ce qui est
derrière le corps verbal en vue de saisir la profonde réalité de l’esprit du
mot.
Maintenant, tu as trouvé une
base à ton jugement contre Ibn `Arabi dans le Foussoul al-hikam, dont le texte a été altéré par ses opposants
avec non seulement ce qu’il n’a pas dit, mais avec des déclarations qu’il ne
pouvait pas avoir l’intention de dire (vu le caractère de son Islam). Lorsque
Cheick al-Islam al-`Izz ibn `Abd al-Salam comprit ce qu’Ibn `Arabi a
réellement dit et analysé, et qu’il
saisit et comprit le sens réel de ses paroles symboliques, il demanda le pardon
d’Allah pour ses anciennes opinions au sujet du Cheick et reconnu que Ibn
`Arabi était un Imam de l’Islam.
Quant à la déclaration d’al-Chadhili
contre Ibn Arabi, tu dois savoir qu’Abou al-Hassan al-Chadhili n’est pas la
personne qui l’a faite mais l’un ses élèves des Chadhiliyya. Encore, en faisant
cette déclaration, cet élève parlait au sujet de certains des disciples de
Chadhili. Ainsi, ses mots ont été interprétés d’une manière qu’il n’a pas
projetée.
Que penses-tu au sujet du
Commandeur des Croyants, Sayyidina `Ali ibn Abi Talib, qu’Allah soit satisfait
de lui?
Ibn Taymiyya: «Dans le hadith ,le Prophète, sur
lui la paix, dit: Je suis la cité de la connaissance et `Ali est sa porte.»[217]
Sayyidina `Ali est le moujahid qui n’est jamais aller à la bataille sans
revenir victorieux. Quel juriste ou savant après lui a combattu pour la cause
d’Allah à la fois avec la parole, la plume et le sabre? Il était un Compagnon
très talentueux du Prophète – qu’Allah honore sa contenance. Ses sabres sont
une lampe radiante qui m’ont illuminé au cours de ma vie après le Coran et la
Sunna. Ah! Quelqu’un qui est toujours à court de provision et long dans son
voyage.
Ibn `Ata' Allah: «Maintenant, l’Imam `Ali a-t’il demandé à quelqu’un de prendre parti avec
lui dans une faction? Car cette faction prétend que l’Ange Gabriel a commis une
erreur en délivrant la révélation à Mouhammad – sur lui la paix – au lieu
d’Ali! Ou a-t’il demandé de déclarer qu’Allah s’est incarné dans son corps et
que l’Imam est devenu divin? Ou ne les a-t’il pas combattu et massacré et donné
une fatwa (une décision légale)
qu”ils doivent être exécuter où qu’ils soient trouvés?
Ibn Taymiyya: «Sur la base de cette fatwa, je
sortis pour les combattre dans les montagnes de Syrie pendant plus de douze
années.»
Ibn `Ata' Allah: «Et l’Imam Ahmad – qu’Allah soit
satisfait de lui – critiqua les actions de certains de ses disciples qui
avaient l’habitude d’aller en patrouille, brisant les tonneaux ouverts de vin
(dans les magasins de leurs marchands Chrétiens), déversant leur contenu par
terre, bastonnant les chanteuses et confrontant les gens dans la rue. Tout
cela, ils le firent au nom de prêcher le bien et interdire le mal. Cependant,
l’Imam ne donna aucune fatwa les motivant à censurer ou réprimander tous ces
gens. En conséquence, ces disciples (responsables de ces actions) furent
fouettés, jetés en prison, assis à dos d’ânes à l’opposé c’est-à-dire faisant
face à l’arrière de l’âne et défilant.
Dans ce cas, l’Imam Ahmad
est-il lui-même responsable du mauvais comportement que les pires et les plus
vicieux Hanbali continuent de perpétuer jusqu’à nos jours, au nom de vouloir
ordonner le bien et interdire le mal?
Tout ceci est pour dire que
Cheick Mouhyiddin Ibn `Arabi est innocent vis-à-vis de ce que certains de ses
disciples font, qui absoudent les gens de leurs obligations légales et morales
établies par la religion et de commettre les actions qui sont interdites. Ne
voyez-vous pas cela?»
Ibn Taymiyya: «Mais ont-ils du respect pour
Allah? Parmi vous les Soufis sont ceux qui avancent que lorsque le Prophète –
sur lui la paix et la bénédiction – donna la bonne nouvelle aux pauvres et dit
qu’ils entreraient au paradis avant le riche, les pauvres tombèrent en extase
et commencèrent à déchirer en pièces leurs vêtements; c’est à ce moment que
l’Ange Gabriel descendit du ciel et dit au Prophète qu’Allah avait cherché sa
portion légitime de ces vêtements; et que l’Ange Gabriel en transporta un et
l’accrocha au trône d’Allah. C’est pour
cette raison qu’ils disent que les Soufis portent des vêtements rapiécés et
s’appellent fouqara´ ou pauvres»!
Ibn `Ata' Allah: «Tous les Soufis ne portent pas
des vestes et des habits rapiécés. Me voici devant toi: Qu’est-ce que tu
n’approuves pas dans mon apparence?»
Ibn Taymiyya: «Tu fais parti des gens de la
Chari`a et enseigne à al-Azhar.»
Ibn `Ata' Allah: «al-Ghazali fut à la fois un Imam
dans la Chari`a et dans le tassawwouf. Il traita les jugements légaux, la
Sunna, et la Chari`a avec l’esprit des Soufis. Et, en appliquant cette méthode,
il fut capable de revivifier les sciences religieuses. Nous savons que le
tassawwouf reconnaît que ce qui est souillé ne fait pas parti de la religion et
que la propreté a le caractère de la foi. Le vrai et sincère Soufi doit
cultiver dans son cœur la foi reconnue par Ahl al-Sunna.
Deux siècles auparavant le
phénomène de pseudo-Soufis apparu que toi-même tu critiquas et rejetas. Il y
avait des personnes qui cherchaient à diminuer la performance de la prière et
des obligations religieuses, racourcir le jeûne et désobliger les cinq prières
quotidiennes. Ils couraient sauvagement dans les vastes arènes de la paresse et
de l’insouciance, affirmant qu’ils avaient été libérés des chaînes de
l’esclavage de l’adoration divine. Non satisfait de leurs propres actions
ignobles jusqu’à ce qu’ils ont revendiqué des intimations des plus
extravagantes réalités et états mystiques
comme l’Imam al-Qouchayri lui-même décriva dans son Rissala,bien
connu, qu’il dirigea contre eux. Il établit aussi en détail ce qui constitua la
vraie voie vers Allah, qui consiste à tenir fermement au Coran et à la Sunna.
Les Imams de tassawwouf
désirent arriver à la vraie réalité non seulement par les moyens d’évidences
rationnelles exercées par l’esprit humain qui sont capables d’être fausses
aussi bien que vraies, mais aussi aux moyens de la purification du cœur et
purgatoire de l’égo à travers un cours d’exercices spirituels. Ils mettent de
côté tout ce qui concerne la vie de ce monde autant que possible car le vrai
serviteur d’Allah ne doit s’affairer avec rien d’autre que l’amour d’Allah et
de Son Prophète. Ceci est un très haut niveau et c’est ce qui rend un serviteur
pieux, sain et prospère. C’est une occupation qui réforme les choses qui
corrompent la créature humaine, tel l’amour pour l’argent et l’ambition pour le
rang personnel dans la société. Cependant, c’est un niveau qui n’ st constitué
de rien d’autre que la guerre spirituelle pour l’amour d’Allah.
Mon frère érudit, interprèter
les textes selon leur sens littéraire peut souvent conduire à l’erreur. Le
littéralisme est ce qui a causé ton jugement au sujet d’Ibn `Arabi qui est l’un
des Imams de notre Foi reconnu pour sa scrupuleuse piété. Tu as compris ce
qu’il a écrit d’une façon superficielle; alors que les Soufis sont des maîtres
en figures littéraires qui laissent entendre des sens profonds, un language hyperbolique
qui indique une haute conscience spirituelle et des mots qui véhiculent des
secrets concernant le domaine de l’invisible.»
Ibn Taymiyya: «Ce raisonnement est contre toi,
non en ta faveur. Car lorsque l’Imam al-Qouchayri vit ses disciples dévier de
la voie d’Allah il entreprit de les corriger. Qu’est-ce que font les Checks
Soufis de nos jours? Je demande seulement que les Soufis suivent la voie de la
Sunna de ces grands et pieux ancêtres de notre foi (salaf): les ascétiques (zouhhad)
parmi les Compagnons, la génération qui les succédère, et la génération qui
suivire le mieux leurs pas!
Quiconque agit de cette
manière, je l’estime hautement et le considère comme un Imam de la religion. En
ce qui concerne l’innovation égarante et l’insertion des idées des idolâtres
dont les philosophes Grecs et les Boudhistes Indiens, ou l’idée que l’homme
peut incarné Allah (houloul) ou
atteindre l’unité avec Lui (ittihad),
ou la théorie que tout existe en être (wahdat
al-woujoud) et ces autres choses que ton Cheick prêche aux gens: ceci est
clairement de la déité et de la mécréance.»
Ibn `Ata' Allah: «Ibn `Arabi fut l’un des grands juristes qui suivit l’école de Dawoud
al-Zahiri après Ibn Hazm al-Andalousi, qui est proche de ta méthodologie en loi
Islamique, O Hanbalis! Mais quoiqu’Ibn `Arabi fut un Zahiri (c’est-à-dire un
littéraliste en matière de loi Islamique), la méthode qu’il appliquait pour
comprendre l’ultime réalité (al-haqiqa)
était de faire sortir le sens spirituel caché (tariq al-batin); qui est de purifier le moi interne (tathir al-batin).[218]
Cependant tous les disciples à la recherche de ce qui est caché ne sont pas les
mêmes.
Pour de ne pas être dans
l’erreur, recommence ta lecture d’Ibn `Arabi avec une compréhension fraîche de
ses symboles et de ses inspirations. Tu le verras semblable à al-Qouchayri. Il
a pris sa voie dans le tassawwouf sous la guidance du Coran et la Sunna juste
comme la ¨ Preuve de l’Islam¨le Cheick al-Ghazali, qui entreprit des débats au
sujet de la différence doctrinale en matière de crédo et des issues d’adoration
mais les considéra d’occupation manquant de valeur réelle et de bénéfice. Il
invita les gens à observer que l’amour d’Allah est la voie du vrai serviteur
d’Allah, en respect à la foi.
As-tu une objection à cela O
faqih? Ou aimes-tu les disputes des juristes Islamiques? L’Imam Malik, qu’Allah
soit satisfait de lui, fut très prudent au sujet de tels débats en matière de
crédo et avait l’habitude de dire: «Chaque fois qu’une personne entre en
discussion au sujet du crédo, sa foi diminue.» Similairement al-Ghazali dit:
Les moyens les plus rapides pour se rapprocher d’Allah est par le cœur et
non par le corps. Par le cœur, je ne veux pas dire cette chose en chair
palpable à la vue, à l’écoute et au toucher. Au contraire, je veux dire le plus
profond secret d’Allah Lui-même le plus Exalté et Grand qui est imperceptible à
la vue et au toucher.
En vérité, les Ahl al-Sunna
sont certainement ceux qui ont nommé le Soufi Cheick al-Ghazali: «la Preuve de
l’Islam,»[219] et il n’y
a personne pour réfuter ses opinions même si les savants ont été excessifs dans
l’éloge de son livre lorsqu’il dit: «Le Ihya'
`oulum al-din était presque le Coran.»[220]
L’exécution d’une obligation
religieuse (taklif) au vue d’Ibn
`Arabi et Ibn al-Farid est une adoration dont le mihrab, ou la niche de prière indique l’orientation de prière, est
son aspect intérieur et non seulement son rite externe. Car, quelle est
l’importance de te lever et de t’assoeir en prière si ton cœur est préoccupé
avec quelque chose autre qu’Allah. Allah fait l’éloge des gens dans le Coran
lorsqu’il dit: «Ceux qui sont humbles dans leur prière» (23:2). Et Il blâme les
gens lorsqu’Il dit: «Ceux qui sont insouciants dans leur prière» (107:5). C’est
ce que Ibn `Arabi veut dire quand il dit: «L’adoration est la niche de prière (mihrab) du cœur, ce qui est, l’aspect
interne de la prière et l’externe.»
Le Musulman est incapable
d’arriver à la connaissance de la certitude (`ilm al-yaqin) ni à la certitude elle-même (`ayn al-yaqin) dont le Coran parle à moins qu’il évacue de son cœur
tout ce qui le distrait de l’envie mondaine et se consacre à la contemplation
interne. Alors, la manisfestation de la réalité Divine remplira son cœur, et
delà produira sa subsistance.
Le réel Soufi n’est pas celui
qui dérive ses subsistances de la mendicité et des demandes d’aumônes aux gens.
Le seul qui est sincère est celui qui élève son cœur et son esprit à
l’auto-effacement en Allah en Lui obéissant. Peut-être qu’Ibn `Arabi a amené
les juristes à se révolter contre lui à cause de son mépris pour leurs
préoccupations avec les arguments et les disputes au sujet d’affaires de
croyance, des cas légaux d’actualité, et des situations hypothétiques, dans la
mesure où il voyait comment cela les distrayait de la purifacation du cœur. Il
les nomma "les juristes des menstruations des femmes." Qu’Allah te
secoure à ne pas être parmi eux! As-tu lu la déclaration d’Ibn `Arabi:
"Quiconque établit sa foi exclusivement sur des preuves démonstratives et
des arguments déductifs, construit une foi sur laquelle il est impossible de se
baser. Car il est affecté par la négativité des objections constantes. La
certitude (al-yaqin) ne dérive pas
des évidences de l’esprit mais jaillit des profondeurs du cœur." As-tu
jamais lu une déclaration aussi pure et agréable de ce genre?»
Ibn Taymiyya: «Tu as bien parlé; si seulement ton maître était comme tu le dis, alors
il aurait été aussi loin que possible de l’incroyance. Mais, à mon avis, ce
qu’il a dit ne peut pas corroborer le sens que tu y as donné.»[221]
Cheick al-Islam Taj al-Din al-Soubki, le fils de Cheick al-Islam al-hafiz
Taqi al-Din al-Soubki (d.756) qui fut un disciple d’Ibn `Ata' Allah, mentionna
dans son livre Mou`id al-ni`am sous
le chapitre intitulé Soufisme:
Qu’Allah les (les Soufis) salue et leur donne vie, et qu’Il nous place avec
eux au paradis. Trop de choses ont été dites à leur sujet et trop de gens
ignorants ont dit des choses qui ne les concernent pas… La vérité est que ces
gens ont laissé ce monde et sont affairés avec l’adoration.
Cheick Abou Mouhammad
al-Jouwayni (Le père de l’Imam al-Haramayn) dit: Ils sont parmi les gens
d’Allah et de Son élite. Sa miséricorde est obtenue à travers leur souvenir
d’Allah, et la pluie descend avec leurs invocations. Qu’Allah soit satisfait
d’eux et qu’Allah soit satisfait de nous à cause d’eux.[222]
L’un des savants fondamentaux d’Ousoul al-fiqh ou la méthodologie de loi dont les livres comme ceux
d’al-Ghazali, sont requis dans ce champ, il a mis un grand accent sur
l’exigence de la complète connaissance et l’érudition de la Langue Arabe, et
non seulement la compréhension correcte pour ceux qui pratiquent l’ijtihad. Dans son livre al-Mouwafaqat fi ousoul al-chari`a (Les harmonies des sources de la Loi Divine) il
supporte que le language du Coran et de la Sunna est la clé de la compréhension
de tel savant, et que l’ijtihad de toute personne déficiente à cet égard
n’était pas acceptée. Dans la mesure où l’opinion du moujtahid est une houjja ou une preuve pour le commun des
gens, ce degré d’autorité nécessite un accès direct aux sources et une pleine
compétence en Arabe.[223]
Il écrit dans son livre al-I`tissam:
Plusieurs des ignorants pensent que les Soufis sont détendus dans la
Chari`a. Loin d’eux de telles fausses croyances qui leurs sont attribuées! La
première fondation de leur voie est la Sunna et d’éviter tout ce qui s’y
oppose!
Leur élite porte-parole et maître de leurs voies et le pilier de
leur groupe, Abou al-Qassim al-Qouchayri, déclara qu’ils acquièrent le nom de
tassawwouf en vue de se dissocier des Gens d’Innovation.Il mentionna que les
Musulmans les plus honorables, après le Prophète, ne se donnèrent pas, en leur
temps, d’autre titre que Compagnons, car il n’y a pas de mérite au-dessus de
celui d’être un Compagnon – ainsi ceux qui leur succédèrent furent appelés
Successeurs. Après cela, les gens différèrent et la disparité des niveaux
devint plus apparente parmi eux. Les élites parmi ceux dont la prudence dans la
croyance fut observée comme intense furent ainsi appelées zouhhad et `oubbad. En
conséquence, toutes sortes d’innovations firent leur apparution, et les élites
d’Ahl al-Sunna qui observèrent leurs obligations envers Allah, et préservèrent
leur cœur de l’insouciance devinrent uniques en leur genre sous le nom de tassawwouf. Considère ceci, et tu
réussiras. Et Allah est Savant.[224]
Ibn Khaldoun dit dans son fameux Mouqaddima:
Le tassawwouf est l’une des dernières sciences de Loi dans la communauté
Islamique. La fondation du tassawouf cependant, est plus ancienne (comme cela a
été vu dans les faits) que ces gens et leur voie a été présente parmi les Salaf
et parmi les Compagnons les plus avancés et parmi leurs Successeurs, leur voie
est la voie de la vérité et de la guidance.
La fondation de la voie des
Soufis est l’auto-contrainte dans le monde et une totale dépendance en Allah;
l’auto-privation des plaisirs, de l’argent, et de titre, de l’avis de la
majorité des savants, et l’isolement des créatures dans la retraite et la
dévotion dans l’adoration.
Tous ces aspects furent
répandus parmi les Compagnons et les Salaf, mais avec l’envahissement de la
mondanité au cours du deuxième siècle et le siècle suivant, de même que
l’inclinaison des gens envers le monde, ceux qui restèrent attachés à
l’adoration furent connus sous le nom de Soufis.[225]
Le disciple le plus en vu d’Ibn Hajar al-`Asqalani et un grand juriste,
historien, et un maître de hadiths, Chams al-Din Mouhammad ibn `Abd al-Rahman
al-Sakhawi, comme Taqi al-Din al-Soubki et al-Souyouti, il appartenaient à
l’ordre Chadhili fondé par Abou al-Hassan al-Chadhili, et représenté par le
grand Maître Maliki Ibn `Ata' Allah dont cinq des travaux furent transmis par al-Sakhawi aux
futures générations, y compris le Hikam du
commentateur Chadhili Ahmad Zarrouq (d.899).
Dans sa biographie intitulée al-Daw' al-lami, des gens fameux de son
époque, dont al-Sakhawi, révèle que son père Zayn al-Din `Abd al-Rahman ibn
Mouhammad (d.874) était un Soufi né au Caire d’une grande piété, et un membre
de la communauté Soufie Baybarsiyya où Ibn Hajar, le professeur de Sakhawi, enseigna
pendant quarante années.[226]
Dans la section de son al-Jawahir al-moukallala fi al-akhbar al-moussalsala consacrée à la
transmission de hadiths à travers des chaînes exclusivement de narrateurs
Soufis, Sakhawi déclare qu’il a reçu lui-même la voie Soufie de Zayn al-Din
Ridwan al-Mouqri' au Caire[227].
Dans la même œuvre Sakhawi mentionne aussi plusieurs de ses maîtres et
disciples de hadiths qui furent Soufis. Voici les noms de quelques-uns d’entre
eux, avec les mots qu’il utilisa pour les décrire dans l’oeuvre bibliographique
al-Daw' al-lami`:
·
Abou Bakr ibn Mouhammad al-Hichi al-Halabi
al-Chafi`i (n.848), le chef des Soufis Bistamiyya à Aleppo, la source mère de
l’ordre Soufi Naqshbandi affilié à Abou Yazid al-Bistami. Il passa deux ans à
Macca avec Sakhawi, qui lui offrit une ijaza
ou autorisation d’enseigner. Dans cette ijaza
Sakhawi l’appelle: "Notre maître, le talentueux Imam des mérites de
guidance, l’Educateur des Mourids (disciples dans la voie Soufie), le Pilier
des Pèlerins de la voie Soufie, le Noble Abou Bakr al-Hichi al-Halabi, qu’Allah
le préserve et bénisse ses gracieux prédécesseurs (c’est-à-dire la chaîne de
ses cheicks dans la voie Soufie), et qu’Allah nous gratifie de même que tous
les Musulmans de leurs bénéfices."[228]
·
Badr al-Din Houssayn ibn Siddiq al-Yamani al-Ahdal
(d.903): al-Sakhawi lui donna une ijaza
compréhensive lui permettant d’enseigner tous ses livres.[229]
·
Abou al-Fath Mouhammad ibn Abi Bakr al-Madani
al-Maraghi (d.859): Sakhawi étudia le hadith sous son autorité. Il fut recteur
de deux khaniqas au Caire, le
Zamamiyya et le Jamaliyya. Il mena une vie de retraite (spirituelle) et rédigea un commentaire sur le manuel de
Loi de Nawawi, Minhaj al-talibin, et
un résumé du Fath al-bari d’Ibn
Hajar. Dû au fait qu’il ait défendu Ibn `Arabi, il fut assassiné devant la
Ka`ba par un fanatique.[230]
·
Taqi al-Din Abou Bakr ibn Mouhammad al-Qalqachandi
(d.867) aussi appelé `Abd Allah. Il reçu le khirqa
ou manteau d’autorité au Caire. Il est dit avoir lu entièrement Sahih al-Boukhari en trois jours quand
il était à la Mecque. Il vécu à al-Qouds, où al-Sakhawi le rencontra et étudia
le hadith avec lui.[231]
·
Thiqat al-Din Abou al-`Abbas Ahmad ibn Mouhammad
al-`Ouqbi (d.861). Il enseigna le hadith et le tajwid à la Mecque où Sakhawi étudia sous son autorité.[232]
·
Kamal al-Din Mouhammad ibn `Abd al-Wahid
al-Sikandari al-Sawassi (d.861). Il fut un maître de toutes les sciences et
enseigna à la Madrassa al-Achrafiyya au Caire, ensuite, il dirigea la khaniqa Soufie Chaykhouni. Il fut
l’auteur de plusieurs livres.[233]
·
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Ali al-Houssayni
al-Qahiri al-Chafi`i al-Soufi (d.876). Le juge adjoint de Mouhawi au Caire,
disciple d’`Izz al-Din ibn Jama`a, de Jala al-Din al-Boulqini et plusieurs
autres; aussi un ami et un disciple du maître de Sakhawi, Ibn Hajar dont il
publia par deux foix l’œuvre Fath al-bari.
Professeur de fiqh et de hadiths, il rédigea un résumé du Kitab al-ansab d’Ibn Athir. Il fut un vieux connaisseur du père de
Sakhawi, en conséquence il traita Sakhawi «avec un respect remarquable.» Il
était l’un des dix disciples auquel Ibn Hajar légua son autorisation
d’enseigner les hadiths.[234]
·
Abou Khalid Mouhammad ibn Abi Bakr al-Jibrini
(d.860). Il était un auteur, un archer, un cavalier et un cheick Soufi à la
zawiya de Jibrin, al-Sakhawi il le rencontra et étudia le hadith sous son
autorité. Sakhawi dit de lui: «Il était beau, modeste, généreux, courageux,
doté d’une force spirituelle et d’une virilité dans la succession des cheicks
de la vraie majesté.»[235]
·
Zaki al-Din Abou al-`Abbas Ahmad ibn Mouhammad
al-Ansari al-Khazraji al-Sa`di al-Mouqri' al-Soufi (d.875). Un associé d’Ibn
Hajar et un auteur prolifique, il écrivit une autobiographie s’étendant sur
plus de quinze volumes, alors que Sakhawi dit qu’il était inaffecté,
sympathique, facilement en larmes et rapide en répliques.[236]
·
Thiqat al-Din Abou `Ali Mahmoud ibn Ali al-Soufi
al-Khaniki (d.865). Il naquit et grandit dans la Khaniqa al-Siryaqoussiyya du Caire où il enseigna tard dans sa vie.
Il passa l’âme à la Mecque alors qu’il
faisait le pèlerinage.[237]
·
Abou al-Faraj `Abd al-Rahman ibn Khalil
al-Dimachqi al-Soufi (d.869). Il était un Mouhaddith. Al-Sakhawi étudia sous
son autorité au Caire et à la Mosquée Oumayyad à Damas.[238]
Cheick al-Islam al-Souyouti, le Raviveur du Huitième siècle Islamique et
l’Imam Moujtahid dit dans son livre sur le tassawwouf intitulé Ta'yid al-haqiqa al-`aliyya wa-tachyid
al-tariqa al-chadhiliyya (Le maintien de la haute vérité et le soutien de
la voie Chadhili):
Le tassawwouf en lui-même est une honorable connaissance. Il explique
comment suivre la Sunna du Prophète et éviter l’innovation, comment purifier
l’égo… et se soumettre réellement à Allah…
J’ai observé les problèmes au
sujet desquels les Imams de la Chari`a ont critiqué les Soufis, et je n’ai pas
vu un seul vrai Soufi coupable de telles critiques. Au contraire, ces propos
sont tenus par les gens d’innovation et les extrémistes qui se sont revendiqués
les titres de Soufis alors qu’en réalité ils ne le sont pas…
Poursuivre la science des
cœurs, la connaissance de ses maladies dont la jalousie, l’arrogance, la
fierté, et les abandonner est une obligation qui incombe à tout Musulman.[239]
Cheick al-Islam Zakariyya Ansari fut connu comme le Cheick des Cheicks. Il
était un maître de hadiths, juge et un exégète du Coran. Il était le professeur
de Cheick al-Islam Ibn Hajar al-Haytami et fut auteur de plusieurs livres sur
le tassawwouf, y compris un commentaire sur la Rissala de Qouchayri dont on fit plusieurs éditions.
Dans son commentaire sur
Qouchayri, Ansari donne les définitions suivantes pour le tassawwouf:
¨Le tassawwouf est l’abandon du délibérément. Il est aussi dit: ¨C’est le
gardien des sens et le souci de chaque
respiration; aussi, c’est la complète sincérité dans la progression vers le Roi
des Rois; aussi, c’est la dévotion d’effectuer des bonnes œuvres et d’éviter
les défauts; et autres explications… Le soufiyya
ou les Soufis sont ainsi appelés à cause de la Vérité à laquelle – Allah – les
a rendu purs (safahoum) et les a
favorisés sans réserve (akhlassa lahoum
al-ni`am) à travers ce qu’Il leur a permi de regarder au-dessus.[240]
Cheick al-Islam Ibn Hajar al-Haytami était un élève de Zakariyya al-Ansari.
Comme déà mentionné, il représente la plus importante ressource de jugement
légal (fatwa) dans la dernière école
Chafi`i. Il fut une fois questionné au sujet des statuts légaux de ceux qui
critiquent les Soufis. Y a-t’il une raison pour de telles critiques? Il
répondit dans son Fatawa hadithiyya:
Il est obligatoire pour toute personne dotée d’esprit et de foi de ne pas
tomber dans le piège de critiquer ce groupe (les Soufis), car c’est un poison
mortel, comme cela a été attesté dans la passé et récemment.[241]
Parmi plusieurs autres écrits
sur le même sujet, il donna une importante fatwa
disant: «Quiconque nie, rejette, ou désapprouve les Soufis, Allah ne lui rendra
pas sa connaissance bénéfique.» Voici ci-dessus le texte complet de cette Fatwa:
Notre Cheick, le savant gnostique (`arif)
Abou al-Hassa al-Bakri (d.952) me dit, sur l’autorité du cheick et savant Jamal
al-Din al-Sabi mot pour mot – et il est l’un des étudiants les plus distingués
de notre Cheick Zakariyya al-Sabiq (al-Ansari), qu’al-Sabi avait l’habitude de
critiquer la voie de l’honorable Ibn al-Farid. Une fois, al-Sabi vit en rêve le
Jour du Jugement, et il transportait un fardeau qui l’épuisa, ainsi il entendit
quelqu’un dire: «Où est le groupe d’Ibn al-farid?» Il dit:
J’avançai dans l’espoir d’entrer avec avec eux, mais on me dit: «Tu n’es
pas l’un d’eux, retourne.» Lorsque je me réveillai, j’eus extrêmement peur, et
je ressentis du regret et du chagrin, alors je me repentis à Allah d’avoir
rejeter la voie d’Ibn al-Farid, et je renouvellai mon engagement à Allah, puis
je retournai en la croyance qu’il (Ibn al-Farid) est l’un des awliya – saints et amis – d’Allah.
L’année suivante et au cours de la même nuit, je fis le même rêve. J’entendis
dire: «Où est le groupe d’Ibn al-Farid? Laissez-les entrer au paradis.» Alors,
je m’avançai avec eux et il fut dit: «Entre, car tu es maintenant l’un d’eux.»
Examine cette affaire très
attentivement parce qu’elle vient d’un homme de savoir de l’Islam. Il apparait
– et Allah est Savant – que c’est à cause de la baraka ou la bénédiction de son cheick Zakariyya al-Ansari qu’il a
vu le rêve qui lui a fait changer d’avis. Autrement, combien de leurs opposants
ont été laissés dans leur aveuglement, jusqu’à ce qu’ils se trouvent en
perdition et en destruction!
Si tu demandes: «Certains
éminents savants, le dernier étant al-Biqa`i et ses disciples, et autres
dont toi-même fait parti
(c’est-à-dire al-Haythami) qui vous avez étudié avec les Soufis, et pourtant
les avez désapprouvés (les Soufis), pourquoi alors préfèrez-vous cette voie
par-dessus les autres?
Je répond: J’ai préféré cette
voie pour un certain nombre de raisons, parmi lesquelles:
·
Ce que Notre cheick a mentionné dans Charh al-rawd sur l’autorité de Sad
al-Din al-Taftazani (d.791),[242]
le télescope de l’Islam, le chevalier de son champ, le nettoyeur des signes de
l’obscurantisme… que ce dernier dit, répondant à la déclaration d’Ibn
al-Mouqri: «Quiconque doute de la mécréance (koufr) du groupe d’Ibn al-Arabi est lui-même un mécréant»: «La
vérité est qu’Ibn al-`Arabi et son groupe sont les élites de la Umma, et
al-Yafi`i, ibn `Ata' Allah, et les autres ont clairement déclaré qu’ils
considèrent Ibn al-`Arabi comme un wali, et que le language que les Soufis utilisent
est vrai parmi les experts de son usage, et que le gnostique (`arif), lorqu’il devient complètement
absorbé dans l’océan de l’Unité, pourrait faire certaines déclarations qui sont
passibles de mauvaises interprétations comme incarnation (houloul) et union (ittihad),
alors qu’en réalité il n’y a ni incarnation ni union.»
·
Il a été clairement dit par nos Imams dont
al-Rafi`i dans son livre al-`Aziz, et al-Nawawi dans al-Rawda, al-Majmou, et
autres que: «Lorsqu’un moufti est questionné au sujet d’une phrase qui a une
connotation de mécréance, il ne doit pas immédiatement décider que l’auteur
soit mis à mort ni donner la permission de faire couler son sang. Au contraire,
qu’il dise: ¨Le coupable doit être questionné pour savoir ce qu’il veut dire
par sa déclaration, et il doit écouter son explication, ensuite agir en
conséquence.» Gardes ces directives – qu’Allah te guide! -- et tu verras que
les nieurs qui attaquèrent ce grand Imam (Ibn `Arabi) et établirent
positivement sa mécréance sont sur des montures aveugles, et trébuchent comme
un chameau affecté de trouble de vision. En vérité, Allah leur a ôté la vue et
l’ouie jusqu’à ce qu’ils s’effondrent ce qui leur causa d’être mépriser et
rendit leur connaissance sans bénéfice.
·
Leur grande connaissance et totale renonciation à
ce monde et à rien d’autre, sauf Allah, témoignent de leur innocence de ces
terribles accusations; alors nous préférons rejeter de telles accusations parce
que leurs déclarations sont des réalités vraies dans la voie qui les expriment.
Leur voie ne peut être niée sans connaître le sens de leurs déclarations et les
expressions qu’ils utilisent, ensuite les appliquer à leurs significations et
voir si elles sont assorties ou non. Nous remercions Allah que tous leurs
opposants soient ignorants dans ce genre de connaissance, comme aucun d’eux n’a
maîtrisé les sciences du dévoilement (moukachafat),
ou même l’a sentie à distance; ni aucun d’eux ne suit sincèrement l’un des awliya afin qu’il puisse maîtriser leur
terminologie.
Si tu t’objectes disant: Je
désapprouve que leurs expressions s’appliquent à une réalité plutôt qu’être des
phrases méthaphoriques, alors montre-moi quelque chose de plus compréhensif que
les explications qui ont été données!
Je dis: Rejeter cela est un
entêtement. Admettons que tu désapprouves ce que j’ai mentionné, la façon
correcte d’établir l’objection est de dire: «Cette déclaration pourrait être
interprétée de plusieurs manières,» et procéder à l’explication; ne dite pas:
«Si cela signifie ceci, alors… et s’il signifie cela, alors…»[243]
et affirmer dès le début que «Ceci est koufr»!
Cela est de l’ignorance et va au-delà des limites du nassiha ou du bon conseil qui a été revendiqué par la critique.
Ne vois-tu pas que si la
réelle motivation d’Ibn al-Mouqri était de prodiguer de bons conseils, il
n’aurait pas exagéré en disant: «Quiconque a un doute dans la mécréance du
groupe d’Ibn al-`Arabi, est lui-même un mécréant»? Ainsi il élargit son
jugement dans sa considération des disciples d’Ibn al-`Arabi de mécréants à
toute personne qui avait un doute sur leur mécréance. Regarde ce fanatisme qui
dépasse toutes les bornes et qui s’écarte du consensus des Imams, et va très
loin jusqu’à accuser toute personne qui doute de leur koufr. «Gloire à Toi, ceci est une énorme calomnie!» (24:16) «Quand
vous colportez la nouvelle avec vos langues et dites de vos bouches que vous
n’avez aucun savoir, et vous le comptez comme insignifiant alors qu’auprès
d’Allah cela est énorme» (24:15).
Note aussi que ce que sa
déclaration suggère est que c’est une obligation pour la Nation entière de
croire qu’Ibn al-Arabi et ses disciples sont des mécréants, autrement, ils
seront tous déclarés de mécréants – et personne ne pense de cette manière.
Effectivement, cela pourrait conduire à quelque chose d’interdit que lui-même
déclara clairement dans son livre al-Rawd quand il dit: «Quiconque accuse un
Musulman d’être un mécréant sur la base d’un péché qu’il a commis et sans
chercher à l’interpréter favorablement, a commis lui-même une mécréance.» Et
voici, qu’il accuse un groupe entier de Musulmans de mécréants. En plus, aucune
considération ne doit être portée à son interprétation, parce qu’il donne
seulement le genre d’interprétation qui va à l’encontre de ceux qu’il critique,
à cause de ce que leurs mots ont eu une comme impression sur lui.
En ce qui concerne ceux qui
considèrent les mots d’Ibn al-Arabi et des Soufis comme une lumière pure et
croient en leur sainteté – comment alors un Musulman peut-il les attaquer en
les accusant de mécréance? Personne n’oserait faire cela à moins qu’elle
accepte la possibilité d’être appelée, elle-même, mécréante. Ce jugement
reflète une grande portée de fanatisme, et une agression contre presque tous
les Musulmans. Nous demandons à Allah, à travers Sa Miséricorde, de pardonner à
celui qui l’a proféré.
Il est rapporté à travers plus
d’une source et cela était bien connu de chacun que quiconque s’oppose aux
Soufis, Allah ne lui rendra pas Sa Connaissance bénéfique, et il sera affligé
de la pire et répugnante maladie, et nous avons vu cela arriver à plusieurs
nieurs. Par exemple, al-Baqa`i (d.885), qu’Allah lui pardonne, était l’un des
savants les plus distingués avec plusieurs actes d’adoration. Il était doté
d’une intelligence exceptionelle et d’une excellente mémoire dans toutes sortes
de connaissance, spécialement dans les sciences d’exégètes et de hadiths, et il
écrivit plusieurs livres, mais Allah ne lui permit pas de bénéficier de ce
savoir. Il rédigea aussi un livre sur Mounassabat
al-Coran s’étendant sur dix volumes, dont le contenu est compréhensif
seulement aux élites, et le reste passa inaperçu. Si, ce livre avait été écrit
par notre Cheick Zakariyya ou par quiconque croyant (aux awliyya), il aurait été écrit avec de l’or, parce qu’en fait, il
n’a pas d’égal car «Nous accordons abondamment à tous, à ceux-ci comme à
ceux-là, des dons de ton Seigneur. Et les dons de ton Seigneur ne sont refusés
à personne» (17:20).
[Al-Baqa`i est l’auteur, parmi d’autres, d’une attaque cruelle contre le
tassawwouf et les Soufis, intitulée Masra`al-tassawwouf
aw tanbih al-ghabi ila takfir Ibn
`Arabi wa-tahdir al-`ibad min ahl al-`inad (La destruction du tassawwouf,
ou: L’avertissement des ignares concernant la déclaration de la mécréance d’Ibn
`Arabi et la prudence des serviteurs d’Allah contre les Gens Bornés).]
Al-Baqa`i continua dans son
attitude extrême dans son rejet et écrivit d’autres livres à ce sujet, tous
clairement et excessivement fanatiques et déviant du droit chemin. Mais,
ensuite, il paya pleinement et même plus pour son action, car il fut pris sur
l’action en plusieurs occasions et fut jugé de mécréant (kafir). Il fut établi que son sang coule, et il fut tout près
d’être exécuté, mais il demanda l’aide et la protection de quelques personnes
d’influence qui le sauvèrent de ce sort, et il fut envoyé à Salihiyya, en
Egypte pour se repentir et renouveller son Islam. Au cours de cette dernière
occasion, il fut questionné «Que désapprouves-tu exactement en Cheick
Mouhiyyiddin (Ibn `Arabi)?» Il répondit: «Je ne l’approuve pas sur certains
passages, environ quinze ou moins, dans son livre al-Foutouhat.»
Prends en considération cet
individu qui se contredit lui-même à travers ses livres, où il mentionne qu’il
s’oppose à plusieurs parties d’al-Foutouhat
et déclare qu’ils constituent de la mécréance: y a t-il d’autres raisons à
celles-ci que le fanatisme? Il avait quelques célèbres disciples qui écoutaient
ses discours et y croyaient, parmi lesquels certains de mes cheicks, mais ils
n’ acquirent aucune vraie connaissance, parce que certains n’ont pu réussir à
rédiger des livres, pendant que d’autres en firent sur le fiqh égalant les
livres de Sa`d al-Din al-Taftazani et d’autres dans leur éloquence, la beauté
de leur style et l’excellence de leur diction, mais personne ne leur porta
attention ou même les mentionna, au contraire les gens les ignorèrent.
Il m’est arrivé de constater
avec l’un d’entre eux, lorsque j’étudiais sous son autorité, qu’il commençait à
avoir des difficultés à respirer, et je ne savais pas en ce temps-là qu’il
s’opposa aux Soufis. Au cours d’une de ses séances, le nom de Cheick `Oumar Ibn
al-Farid, qu’Allah sanctifie son secret, fut mentionné, et il fut questionné:
«Que penses-tu de lui?» Il dit: «Il est un grand poête»; ensuite il fut
questionné, «et quoi de plus après cela?» Il dit: «Il est un kafir.» Alors je pris congé de lui, et
je revins plus tard pour lui lire quelque chose, et je l’examinai attentivement
pour voir s’il s’était répenti, mais je l’ai trouvé sérieusement malade et
opprimé dans sa respiration au point qu’il fut près de la mort. Je lui dis: «Si
tu crois en Ibn al-Farid (c’est-à-dire à son Intimité avec Allah), je te
garanti qu’Allah te guérira de ta maladie.» Il dit: «Je suis dans cette condition
depuis des années.» Je dis: «Cela n’a pas d’importance». Il dit, «D’accord, je
le ferai,» après cela, il commença à se sentir de mieux en mieux. Un jour,
alors que je marchais avec lui, essayant de corriger sa doctrine (`aqida), il me dit: «En ce qui concerne
cet homme, je ne le juge pas d’être un kafir,
mais en ce qui concerne ses discours, ils contiennent du koufr.» Je dis: «De deux mauvaises actions, une de moins,» après
cela j’arrêtai d’étudier sous son autorité, et cette maladie demeura avec lui,
mais plus tard il se porta relativement bien par rapport à précédemment.
L’un des disciples
d’al-Baqa`i, le savant Cheick Nour al-Din Al-Mahalli, avait aussi l’habitude de
dire «En ce qui concerne cette personne, je ne le juge pas d’être un kafir, mais en ce qui concerne ses
dires, ils contiennent du koufr.»
[Ce recours à «Un mal ôté de deux» est la caractéristique des
"Salafis" d’aujourd’hui, qui n’hésitent pas à appliquer la mécréance
aux Soufis, globalement et individuellement; ensuite lorqu’ils sont réprimandés
pour leur action répréhensible, ils répondent: «Je ne les juge pas d’être kafir, mais leurs dires contiennent du koufr»! Comme Haytami le dit, critiquer
les Soufis est un poison mortel et un écueil qui endommage de manière
irrémédiable notre croyance, et nous demandons à Allah de nous en protéger.]
Si tu poses la question: Allah
n’a-t’Il pas rendu bénéfique la connaissance de certains des ennemis des
Soufis?
Je dis: ¨Il y a deux groupes
d’ennemis: dans le cas de ceux que nous avons mentionnés, leur intention
n’était pas de donner de purs conseils aux Musulmans, mais du fanatisme pur,
voilà pourquoi ils croyaient en tout ce qu’ils croyaient. Ils étaient envahis
par un genre de désir et d’envie d’être différent de leurs contemporains, en
vue de se distinguer d’eux aux moyens de ces choses peu communes et d’avoir la
réputation qu’ils désapprouvent toutes sortes d’actions répréhensibles sans
avoir peur de personnes, et ce genre d’intentions corrompues ne contient pas la
moindre portion de sincérité.[244]
Un savant Hanafi de fiqh comparatif et auteur de plusieurs œuvres sur la
Loi et le tassawwouf, dont al-Tabaqat
al-koubra dans lequel il écrit, comme cité dans `Oumdat al-Salik:
La voie des Soufis est basée sur le Coran et la Sunna et elle est basée sur
la vie en conformité avec la morale des Prophètes et des Purifiés. Elle ne doit
pas être blâmée à moins qu’elle viole une déclaration explicite du Coran, de la
Sunna ou du consensus des savants. Si, elle ne contredit pas l’une de ces
sources, le plus que l’on peut dire est qu’elle est une compréhension qui a été
offerte au Musulman, alors laissez quiconque souhaite s’y embarqué et quiconque
ne veut pas s’en abstenir, cela étant vrai autant pour les travaux comme pour
la compréhension. Ainsi, aucun prétexte n’existe pour la condamner sauf pour
quelqu’un qui a une mauvaise opinion des autres ou interprète comme ostentation
ce qu’ils font, ce qui est interdit.
Quiconque examine
minutieusement les branches de la connaissance des Gens d’Allah Le Très Haut,
trouvera qu’aucun d’eux ne va au-delà de la Loi Sacrée. Comment peuvent-ils
aller au-delà de la Loi Sacrée alors que c’est la loi qui relie les Soufis à
Allah à tout moment? Au contraire, la raison des doutes de quelqu’un qui n’est
pas familier avec la voie des Soufis qui est l’essence même de la Loi Sacrée
est que cette personne n’a pas profondement maîtrisé la connaissance de la loi.
Voilà pourquoi Jounayd (qu’Allah Le Très Haut lui fasse miséricorde) dit:
«Cette connaissance qui est la nôtre est basée sur le Coran et la Sunna,» en
réponse à ses contemporains et autres qui imaginent qu’elle est en-dehors des
limites du Coran et de la Sunna.
Le Groupe de manière unanime
reconnait que nul ne peut enseigner dans la voie d’Allah Tout-Puissant et
Majesté sauf une personne dotée d’une maîtrise de la Loi Sacrée, qui connait
ses règles explicites et implicites, quelles sont ses applications générales et
quelles sont ses applications particulières, quelles sont celles qui abrogent
les autres et quelles sont celles qui sont abrogées. Il doit avoir aussi une
forte compréhension de l’Arabe, être familier avec ses modes figuratifs et
comparatifs, etc… Ainsi, tout Soufi est un savant de la Loi Sacrée, quoique
l’inverse n’est pas toujours vraie.
En résumé, personne ne nie les
états des Soufis sauf quelqu’un d’ignorant de la voie. Qouchayri dit, «Aucune
époque de la période Islamique n’a eu de vrai cheick de ce groupe sans que les
Imams et les savants de ce temps s’en remettent à lui, lui montrent de
l’humilité, et le visitent pour le bénéfice de sa grâce spirituelle (baraka). Si le Groupe n’avait pas de
supériorité ou de fiabilité, le problème aurait été autrement.»[245]
L’un des grands maîtres Hanafi de hadiths et des Imams de fiqh, de
commentaires du Coran, de language, d’histoire de tassawwouf, il fut l’auteur
de plusieurs grands commentaires dont al-Mirqat
sur Michkat al-massabih en plusieurs
volumes, une série de deux volumes de commentaires sur al-Chifa' de Qadi `Iyad, et deux volumes de commentaires sur la
version abrégée du Ihya de Ghazali
intitulé `Ayn al-`ilm wa zayn al-hilm (La fontaine de connaisance
et la décoration de la compréhension). Son livre d’invocations prophétiques, al-Hizb al-a`zam (Le suprême dhikr
journalier) forme la base du célèbre manuel de dhikr de l’Imam al-Jazouli, Dala'il al-khayrat, qui avec le Coran
sont récités quotidiennement par les pieux Musulmans à travers le monde entier.
Il écrivit dans l’avant-propos de son commentaire sur Ghazali:
J’écrivis ce commentaire sur la version de l’abrégée du Ihya' `ouloum al-din de la Preuve de
l’Islam et la Confirmation des Créatures espérant recevoir quelques
miséricordes émanant des mots des plus purs connaisseurs d’Allah, et de
bénéficier des dons qui se dégagent des pages des Cheicks et des Saints, afin
que je puisse être compté parmi eux et être élevé dans leur assemblée, même si
je suis petit dans leur poursuite et leur service, car je compte sur mon amour pour eux et je me contente de mon grand désir
pour eux.[246]
Sur l’obligation de chercher à purifier le cœur il écrivit:
Les plus grands des grands (al-akabir)
ont lutté pour prier seulement deux rak`at sans converser avec leur égo au
sujet de dunya au milieu de leur prière, et ils furent incapable de le faire.
Nous n’avons même pas alors une telle ambition. L’un pourrait sauvé seulement
la moitié de sa prière, ou seulement le tiers, des chuchotements et le passage
des pensées circulant à travers l’esprit. Il est comme celui qui mélange le bon
et le mauvais, comme un verre rempli de vinaigre dans lequel on verse de l’eau:
inévitablement le vinaigre est déversé en proportion de l’eau versée et les
deux quantités ne coexistent jamais. Nous demandons le secours d’Allah![247]
Le dernier chapître du
commentaire de Qari sur Ghazali, peut-être le plus important du travail, est
dévoué aux explications par Qari et par Ghazali du verset «Si vous aimez Allah,
suivez-moi, et Allah vous aimera!» (3:31) et est réminescent au Kitab
sad maydan d’al-Harawi sur le
même topic. Dans ce livre, Qari cite al-Hassan al-Basri disant: «Quiconque
(sincèrement) connait son Seigneur L’aime, et quiconque (sincèrement) connait
le monde y vit sans s’en attacher.» Qari commence le chapître avec un
avertissement que les divers états spirituels de l’amour d’Allah décrit par les
Soufis dans leur terminologie, tous proviennent de la source Coranique et il
n’est pas permis de les nier à moins que l’on renie la source elle-même:
L’amour et la discipline de la voie (al-mahabba
wa al-soulouk) signifient la voie de l’amour et de plein désir, et
quiconque ne mesure pas son verre de l’océan du gnostisme ne connait pas la
réalité de l’amour, même si le genre, les exemples et les terminologies sont
différentes. L’amour n’a pas d’autre sens que l’exhortation à l’obéissance, et
quiconque nie l’amour nie la familiarité (ouns),
la passion (chawq), le goût (dhawq), l’effacement (mahou), la clarté (sahou), l’extinction (fana'),
la subsistance (baqa'), la
contraction (qabd), l’expension (bast) et toutes les caractéristiques de
l’amour et du grand désir, et le reste des stations des gens de la Gnose.[248]
Surnommé le Seau des savants Auto-accompli (khatimat al-mouhaqqiqin), le grand savant et faqih Ibn `abidin dit
dans sa fatwa sur la permissibilité du dhikr audible en assemblée intitulé Chifa' al-`alil wa ball al-ghalil fi houkoum am-qassiyya bi al-khatama wa al-tahalil:
L’Imam des Deux Groupes (Soufis et fouqaha'),
notre maître al-Jounayd fut questionné: «Un certain groupe de gens se livrent
en wajd ou comportement extatique, et
se balancent avec leur corps?» Il répondit: «Laissez-les dans leur joie avec
leur Seigneur. Ils sont ceux dont les affections ont été fracassées par la voie
et dont les poitrines ont été déchirées par l’effort, et qui sont incapables de
le supporter. Il n’y pas de blâme sur eux s’ils respirent un moment en guise de
remède pour leur état intense. Si vous goûtiez à ce qu’ils goûtent, vous leur
pardonneriez leur cri»…
Les disciples dans cette Voie
n’entendent de nul part sauf de la Présence Divine, et ils n’aiment rien sauf
Lui. Lorsqu’ils se souviennent de Lui, ils pleurent, et lorsqu’ils Le
remercient ils sont joyeux; lorsqu’ils Le trouvent ils poussent des cris, et
lorsqu’ils Le témoignent ils sont tranquilles; lorsqu’ils marchent en la
Présence Divine, ils fondent; … certains d’entre eux sont ivres avec Ses
bénédictions et perdent leur contrôle…
Leur assemblées de dhikr et de
récital (sama`) donnent des fruits de
connaissance divine et de réalités spirituelles qui ont lieu seulement sur
l’écoute de la description d’Allah, des exhortations à la sagesse, et aux
louanges au Prophète. Nous n’avons aucun mot de reproche envers ceux qui les
suivent dans leur méthode et trouvent en eux-même les expressions du désir
passionnant (`ichq) pour les
caractéristiques d’Allah de certains de leur états.[249]
Le plus grand penseur Islamique contemporain du sous-continent Indien et
auteur d’un commentaire du Coran en Ourdou et en Anglais; il écrivit dans son Mabadi' al-islam (Les Principes de
l’Islam):
Le fiqh s’adresse seulement aux action externes: les as-tu performées selon
ce qui est recommandé? La condition de ton cœur n’est pas prise en
considération. Quant à la science qui tient compte des états du cœur et ses
conditions: c’est le tassawwouf. Les questions posées par le fiqh sont: As-tu
fini correctement ton ablution? As-tu prié en direction de la Qibla? As-tu
rempli les piliers de la prière? Si tu as fait tout ceci, ta prière est
correcte selon les règles du fiqh. En ce qui concerne le tassawwouf, il pose
des questions au sujet de ton cœur: Est-ce-que tu t’es repenti et est-ce-que tu
t’es dirigé vers ton Seigneur dans ta prière? As-tu vidé ton cœur des
préoccupations de ce monde dans ta prière? As-tu prié dans la peur d’Allah et
sachant qu’Il te voit et t’entend?… Si tu as fait tout ceci et autres, alors ta
prière est correcte selon le tassawwouf, dans le cas contraire, elle est
déficiente… Le tassawwouf est l’établissement de la Loi de l’Islam au plus haut
degré de la sincérité, de la clarté de l’intention et de la pureté du cœur.[250]
Le prophète nous ordonna de suivre la Congrégation des Musulmans lorsqu’il
dit: «Vous devez suivre la congrégation car en vérité Allah ne permettera pas
au plus large groupe de la communauté de Mouhammed de s’accorder sur une
erreur» (`alaykoum bi al-jama`a fa inna Allaha la yajma`ou ummata
Mouhammadin `ala dalala).[251]
Qui sont les meilleurs exemples et représentants de la congrégation des
musulmans sinon les grands savants et Imams mentionnés lesquels ont été
intensément cités?
Pourtant, nous voyons ceux qui
se nomment eux-mêmes "Salafi" surgir et se réclamant d’être les
représentants, comme si leur usurpation du nom des pieux Salaf leur fait
connaître mieux la réalité des Salaf que les vrais savants et Imams de cette
communauté. Leur devise est : «Tous ceux qui sont apparus avant nous sont
ignorants, et la vérité est avec nous,» et ceci ne vient-il pas de rien d’autre
que de leur arrogance? Nous conseillons à tout Musulman sincère de ne pas être
dupé dans leur religion par de tels faux éducateurs. Au contraire, il est
préférable de beaucoup lire, de faire des recherches, et d’examiner (le passé)
afin de connaître la vérité et la réalité, avec l’aide d’Allah, au sujet de la
vraie doctrine et les voies de l’auto-purification et le tassawwouf en Islam.
Il est complètement inadmissible pour les Musulmans d’être comme des perroquets,
répétant certaines phrases et condamnant d’autres sur l’hypothèse qu’ils savent
mieux que quiconque, parce qu’ils revendiquent, «Nous sommes Salafi.» Les
Musulmans connaissent leurs savants depuis les Salaf au Khalaf et ils ne seront
pas dupés par l’étalage étiqueté d’une minorité vocale. Nous laissons cette
minorité de soi-disant «Salafi» à leur fausse pédagogie d’anthropomorphisme, de
questionnements et de condamnations des savants Musulmans, d’attaques aux Imams
de haute moralité et de foi. Nous préférons nous rallier à la corde de l’unité
qui est la corde des élites de cette Communauté parmi les Salaf et les Khalaf
qui ne forment pas deux mais un seul groupe; le groupe sauvé.
Nous concluons cette première
partie de notre réfutation des Innovations «Salafi» concernant les Coyances et
Doctrines Islamiques Selon Ahl al-Sunna, en glorifiant Allah, le Bienveillant,
le Compatissant, et en Lui demandant de répandre d’abondants saluts et paix sur
le Maître de la Création et le Sceau des Messagers et Prophètes, notre Maître
Mouhammad, que la paix soit sur lui, sur sa Famille et ses Compagnons; qu’Il
accepte de nous, notre intention de Le servir de la manière qui Lui plait;
qu’Il supporte la reprise de la vraie croyance des Salaf en tout lieu. Qu’ il abroge ces fausses manifestations;
qu’Il accorde la reprise de la Voie de l’Auto-Purification, qui est la Voie de
la vérité et l’Islam parfait, aux mains de ses véritables Enseignants d’Est en
Ouest, en pays Musulmans et non-Musulmans; et qu’Il nous compte parmi ceux qui
ont «entendu et obéi,» qui ont «tenu compagnie avec les Véridiques,» qui ont
«suivi ceux qui se sont tournés vers Allah avec amour,» et qui seront «érigés
avec les saints» et «en la compagnie des Prophètes, les Plus Véridiques, les Martyrs,
et les Vertueux.»
GLOSSAIRE
A
ahkam:
les règles légales.
Ahl al-bida`a wa al-ahwa':
Les Gens des Innovations
injustifiées et des Vains Désirs.
ahl al-sounna wa al-jama`a: Les Gens de la Voie du prophète et de la Congrégation des Musulmans.[1]
`aqida,
pl. `aqa'id: doctrine.
awliya': saints
awrad, ahzab, adhkar: pratiques spirituelles.
`aza'im: Les strictes applications de la loi. Celles-ci sont les modes de conduite
signifiant la détermination scrupuleuse de plaire à son Seigneur selon le
modèle du Prophète.
B
bid`da:
innovation blâmable;
C
chari`a: nom embraçant les principes et applications de la loi Islamique.
chouhada': martyr
D
dalil:
guide
dou`a:
supplication
dounya:
le bas-monde, les préoccupations mondaines.
dhawq:
goût.
F
fana':
annihilation
faqih,
pl. fouhara': savant du fiqh ou de
jurisprudence, généralement «personne de connaissance.»
faqir,
pl. fouqara': Soufi, lit. «pauvre.»
fatwa,
pl.fatawa: décision légale.
fiqh:
jurisprudence;
fitna:
discorde, conflit.
G
ghayb: l’invisible.
ghawth:
l’Arch-Intercesseur
H
hadith:
dire(s) du Prophète, et les sciences qui s’y appliquent.
hafiz:
maître de hadiths, le plus haut rang d’étude de hadiths.
haqiqi:
littéral.
haqiqa:
réalité
hijri:
adjectif tiré de hijra s’applicant aux dates du calendrier Musulman.
haram:
illicite
hawa:
vains désirs
houkm,
pl. ahkam: règles légales.
I
`ibadat: nom pluriel embraçant tous les actes d’adoration.
`icha':
prière de la nuit.
ihsan:
la perfection de la croyance et de la pratique.
ijaza:
permission
ijtihad: effort personnel de raisonnement légal qualifié.
`ilm al-batin: connaissance cachée.
`ilm al-yaqin: connaissance de la certitude.
`ilm al-as-soulouk: science du voyage vers Allah.
`ilm al-ladounni: connaissance divine
imam:
leader, autorité religieuse érudite.
isnad:
chaîne de transmission dans un hadith ou un rapport;
istighfar: demander pardon
istinbat: dérivation (de règles légales).
J
jihad:
lutte contre la mécréance de la main, la langue, et du cœur.
jihad al-nafs: la lutte contre les basses inclinations de l’égo.
joubba:
robe.
K
kachf: dévoilé,vivion
kalam:
théologie dialectique
karamat: pouvoirs miraculeux.
khafa: caché
khalwah: retraite (spirituelle).
khaniqah: maisons d’ hôtes, de retraite.
khalaf:
les Suivants, nom général pour tous les Musulmans qui ont vécu après les
trois premiers siècles.
khawarij: «Etrangers,» une secte qui considéra comme mécréants tous les
Musulmans qui ne les suivirent pas. Le Prophète dit à leur propos comme cela
est rapporté par Boukhari: «Ils appliqueront les versets Coraniques se référant
aux mécréants, aux croyants.» Ibn `Abidin appliqua le nom khawarji au
mouvement Wahhabi.[2]
koufr:
mécréance.
M
madrassah: centre traditionel d’apprentissage
madhhab, pl. madhahib: une méthode légale
ou école de loi en Islam. Les quatres écoles de loi d’Ahl al-Sunna sont
les Hanafi, les Maliki, les Chafi`i , et les Hanbali, en dehors desquelles réside
l’égarement.
majazi:
figuratif.
manhaj, minhaj: Voie, ou méthode doctrinale et juridique.
mou`amalat (pl.): nom pluriel embraçant toutes les affaires entre être humains en
opposition aux actes d’adoration (`ibadat).
mou`attila: ceux qui commettent ta`til, c’est-à-dire qui dépouillent Allah de Ses
Attributs.
mouhaddith: savant de hadiths.
mouhkamat: textes montrant un sens ferme et sans équivoque.
moujahid, pl. moujahidin: celui qui va en
jihad.
moujassima (pl.): ceux qui commettent tajsim, attribuant un corps à Allah.
moujtahid: celui qui pratique ijtihad ou un effort personnel de raisonnement légal
qualifié.
mounafiq: quelqu’un qui dissimule sa mécroyance.
mourid:
chercheur (d’Allah), un disciple de la voie Soufie.
mourchid: initiateur
mouchrik, pl. mouchrikoun: quelqu’un qui
associe des partenaires à Allah.
moutakallim, pl. moutakallimoun: expert en kalam.
moutachabihat (pl.): texte qui admet certaines incertitudes au sujet de leur interprétation.
mou`tazila: hérésie du troisième siècle.
N
nafs:
l’égo, l’âme du moi.
Q
qalb:
le cœur
qoutb:
pôle spirituel
S
safa`a:
pureté.
sahih:
fiable et authentique, le plus haut degré d’un hadith.
salaf:
les Prédécesseurs, nom général des Musulmans des trois premiers siècles.
sohbah:
association, cercle, réunion
soulouk: éthiques personnelles.
sounnah: coutume ou pratique du Prophète
T
ta`til:
dépouiller Allah de Ses Attributs.
tajwid:
lecture du Coran.
taqlid:
suivre un raisonnement légal qualifié.
tariqa:
voie, spécialemnt la voie Soufie.
tassawwouf: nom collectif pour les écoles et sciences de la purification du cœur.
tawassoul: chercher un moyen;
tahwid:
doctrine Islamique du monothéisme.
tawba:
repentir
tawhid:
connaissance de l’Unicité d’Allah
ta'wil:
interprétation figurative.
tazkiyat an-nafs: purification de l’égo.
O
al-Oumma: la communuté du Prophète Mouhammad, la paix et la bénédiction
d’Allah sur lui.
ouns:
intimité
oussoul: principes.
W
wali':
saint
wassilah: moyens
Z
zahid: ascétique
zakat: la part qui revient au pauvre
zawiya': mosquée-école
zindiq:
partisan du libre-arbitre, athéiste.
zouhd:
renonciation au bas-monde, l’auto-négation.
[1] Voir la section intitulée«Apostasies
et Hérésies» dans notre Doctrine de Ahl al-sunna contre le Mouvement «Salafi»
[2]
al-Sayyid Mouhammad Amin Ibn `Abidin al-Hanafi, Radd al-mouhtar `ala al-dourr al-moukhtar, Kitab al-Iman, bab
al-boughar [Reponse au perplexe: Un commentaire sur «La Perle Choisie,»
Livre de Croyance, Chapitre sur les Rebels] (Le Caire: Dar al-Tiba`a
al-Misriyya 1272/1856) 3:309.
[1] Transmit sur l’autorité de ‘Oumar, ‘Ali, Ibn ‘Abbas, et autres. Récits rassemblés par Abou Talib al-Makki dans le chapître intitulé “La différence entre les savants du monde et ceux de l’au-delà” dans son Qout al-qouloub fi mou’amalat al-mahboub (Le Caire: Matba’at al maymouniyya, 1310/1893) 1:140-141.
[2] Transmit par Ahmad avec une chaîne valable dans Kitab fada’il al-Sahaba, ed. Wasi Allah ibn Mouhammad ‘Abbas (Mecca: Mou’assasat al-risala, 1983) 1:141 (#118).
[3] Al-Qoushayri, Risalat kitab al-sama’ dans al-Rasa’il al-qoushayriyya (Sidon et Béirut: al-maktaba al-‘asriyya, 1970) p. 60.
[4] Ahmad, Kitab al-wara’ ( Béirut: Dar al-kitab al-‘arabi, 1409/1988 ) p10.
[5] Ddhhabi ainsi cité dans Sakhawi, al-jaahir wa al-dourar fi tarjamat cheick al-islam (al-‘asqali), ed. Hamid ‘Abd al-Majid et Taha al-zayni (Le Caire: wizarat al-awqaf, al-majlis al-a’la li al-shou’oun al-islamiyya, lajnah ihya’al-tourath al-islmi, 1986) p.21-22.
[6] Voir Ibn Sa’d, Tabaqat (ed. Sachau) 7(2):83; al-‘Arousi, Nat(a’ij al-afkar al-qoudsiyya (Boulaq, 1920/1873; et ‘Abd al-Wahhab al-Sha’rawi, al-Tabaqat al-koubra 1:57.
[7] Rapporté dans Boukhari et Muslim à travers plusieurs chaînes. Nawawi l’inclu dans sa collection de quarante hadiths (#2).
[8]Ahmad, al-Zouhd (Béirut: dar al-koutoub al-‘ilmiyya, 1414/1993) p.414,416.
[9] ‘Ilm an-Nahuo, Ilm al-‘Ajaaz, ‘Ilm ul-Kalam, ‘Ilm at-Tawhid, ‘Ilm al-Aqida, ‘Ilm al-Qour’an, ‘Ilm al-Fiqh, ‘Ilm al-Hadith, ‘Ilm as-Sirah, ‘Ilm as-Sarf, ‘Ilm al-Bayan, ‘Ilm at-Tafsir, ‘Ilm al-Tajwid, ‘Ilm al-Tartil, ‘Ilm at-Tassawwouf ou ‘Ilm oul-Ihsan, ‘Ilm oul-Mirath, etc…
[10]Al-Houwjiri, Kashf al-mahjoub, trad. R.A. Nicholson (Kazrachi: dar al-ishaat, 1990) p.35.
[11] Dans Ibn ‘Assakir de la part d’Ibn Mas’oud. Al-Qouchayri et al-Houwjiri le citent dans leurs chapitres sur le tassawwouf, respectivement dans Kashf al-mahjoub (La traducttion de Nicholson p.35) et al-Risala: traduction de B.R. Von Schlegell, les principes du soufisme (Berkeley, Mizan Press, 1990) p.301.
[12] Tabarani le cita et Haythami authentifia la chaîne à travers ‘Irba ibn Sariya dans Majma’al-zawa’id, chapître sur les mérites de la Syrie.
[13] Ibn al-Athir, al-Nihaya, s.v.s-f-w.
[14] Bukhari le rapporte (english 1:79).
[15] Ibn Hajar, Fath al-bari (1989 ed.) 1:258 et 11:541.
[16] Rapporté dans Ahmad, Tabarani, Abou Ya’la et Abou Nou’aym.
[17] Bayhaqi le rapporte dans “Shou’ab al-iman 1:396 #522; al-Moundhiri dans al-Targhib 2:396; et Ibn Abi al-Dunya.
[18] Al- hafiz Abou Nou’ayn le rapporta dans Hilyat al-awliya. Ibn Hajar dit dans al-Isaba (2:2 #1659): “Sa chaîne de transmission est acceptable et Ibn Mindah le soumit aussi. Nous avons rapporté la même à travers Abou al-Darda’ dans le Fawa’id de Hisham ibn ‘Ammar.” Al-Tabarani aussi le rapporte à travers Abou al-Darda’. Haythami dit de cette chaîne: “Elle contient un narrateur inconnu, mais le reste est fiable.”
[19] Tirmidhi le rélate et dit: un hadith rare(gharib); Bayhaqi aussi dans le shou’ab 4:245 #4951.
[20] Ssuyuti, Ta’yid al-haqiqa al-‘aliyya wa-tashyid al-tariqa al-shadhiliyya, ed. Abd Allah ibn Muhammad ibn al-Siddiq al-Ghumani al-Hassani (Cairo: al-matba’ al-izlamiyya, 1934), p, 56.
[21] L’opinion de Ghazali est citée dans The Riance of the Traveller, p.12. Pour Suyuti, voir la section des dires des savants à la fin de ce livre.
[22] Ibn Qayyim, rawdat al-mouhibbin wa nuzhat al-moushtaqin (Béirut: Dar al-Kutub al-ilmiyya, 1993 ) p. 406-409.
[23] Al-Charif ‘Ali ibn Mouhammad al-Joujani, kitab al-ta’rifat (Beirout: dar al-toutoub al-‘ilmiyya, 1408/1988) p. 12.
[24] Muslim; Ahmad, Mousnad 6:91, 163, et autres
[25] Mouslim; Iman #208: "Nul ne péri avec Allah sauf qu’il est destiné à la destruction." Ibn Hajar dit (Fath al-bari Riqaq Ch.31 #6491): "C’est -à -dire celui qui persiste dans son accrochage au mal dans sa résolution, son parlé, et son action, et évite le bien dans sa conception, son parlé, et action."
[26] Tirmidhi, Zakat #28.
[27] Cf. Ibn Majah, Mouqaddima #1à, Fitan #66; Tirmidhi, Witr #21, Qadar #6; Ahmad 5:277,280,282; Ibn Hibban.
[28] Abou Dawoud, Tabarani, Ahmad, Boukhari dans son Tarikh, et autres.
[29] Abou al-Ma`ali Roukn al-Din `Abd abd al-Malik ibn `Abd Allah ibn Youssouf al-Jouwayni al-Naysabouri al-Chafi`i al-Ach`ari (419-478): Le cheick de Ghazali et auteur des 15 volumes Nihayat al-latlab fi dirayat al-madhhab (Le plus important dans ce qui est cherché sur la compréhension de l’école Chafi`i) aussi bien que d’autres travaux dans les doctrines de la foi, la théologie, les fondements de la méthodologie Islamique, et du fiqh chafi`i (loi). Voir le Tabaqat al-chafi`iyya al-koubra d’al-Soubki 5:165.
[30] Kitab al-irchad ila qawati` al-adilla fi ousoul al-i`tiqad.
[31] Cf.Le cheick Soufi Ibn `Ata' Allah: «Quand Dieu t’aliène de la compagnie de Ses créatures, sache qu’Il désire t’ouvrir la porte de Sa propre intimité.» Kitab al-hikam #93.
[32] Ceci est l’Imam Ghazali.
[33] Hadiths: koullou chay'in bi qadar: «Toute chose est mesurée…» Mouslim, Qadar Ch.4 #18, Ahmad aussi; koullou chay'in bi qdar'in wa qadar: «Toute chose est destinée à passer et est mesurée…» Tabarani dans “al-Awssat”: Haythami dit dans Majma' al-zawa'id que ce hadith contient des sous-narrateurs inconnus.
[34] Relté avec une chaîne fiable par al-Khatib al-baghdadi dans son Tarikh Baghdad 8:214, et par al-Dhahabi dans Mizan al-I’tidal 1:430.
[35] Narré par Ibn ‘Abd al’Barr, jami’ bayan al-‘ilm wa fadlih 1:190; al-Moundhiri, al-Targhib 1:103; al-khatib al-Bagndadi, Tarikh Baghdad 4:346; et autres.
[36] Al-‘Izz ibn ‘Abd al-Salam, Bayn al-chari’a wa al-haqiqa aw hall al-roumouz wa mafatih al-kounouz (Cairo: matba’at nour al-amal, n.d.) p.11.
[37] Comme mentionné par al-‘Ajlouni dans Kach al-Khafa 2:89 (#1765).
[38] Ibn Qayyim al-Jawziyya, al-Fawa’id, éd. Mouhammad ‘Ali Qoutb (Alexandria: dar al-da’wa, 1412/1992) p.50.
[39] Rapporté sur l’autorité d’Abu al-Darda’ par Ahmad, Tirmidhi, Ibn Majah, Ibn Abi al-Dunya, al-Hakim qui le déclare fiable, et Dhahabi le confirme, Bayhaqi, Souyuti dans al-Jami’ al-saghir, et Ahmad aussi le rélate de Mou’adh ibn Jabal.
[40] Relaté sur l’autorité d’Aobu Sa’id al-Khoudri par Ahmad (3:75), Tirmidhi (#3376), Baghawi dans Shar al-Sunna (5:195), Ibn Kathir dans sonTafsir (6:416), et autres.
[41] ‘Ali al-Qari, al-Asrar al-marfu’a (Béirout 1985 ed.) p.127.
[42] Ibn Abou Jamra, Bahjat al-noufous sharh moukhhtasar sahir al-boukhari 3:146.
[43] Tirmidhi, Ahmad, Tabarani, Ibn Majah, al-Hakim, et Qouda’i aussi le rapporte. Le contemporain savant de hadith Ch’ayb al-Arna’out confirme que sa chaîne de transmission est fiable dans son édition de ibn Hibban, Sahih 11:203 (#4862).
[44] Reliance of the Traveller, p.863.
[45] Ibn al-Jawzi, Sifat al-sawfa 2(4):10 (#570).
[46] Ibn al-Qayyim, Rawdat al-mihibbin p.225.
[47] Abu Nu’aym, Hilyat al-awliya’ 6:155.
[48] Ibn Taymiyya, al-Tassawwouf dans Majmou’a al-fatawa al-koubra 11:16.
[49] Rapporté par Mouslim, Ahmad, Tirmidhi, et Ibn Majah.
[50] Dans Ghazali, trad. T.J.Winter, le Souvenir de la mort p.18.
[51] Ibn ‘Abidin, Hashiyat radd al-muhtar ‘ala al-durr al-mukhtar 1:43.
[52] Ibn Qayyim, Madarij al-salikin; Ibn al-Jawzi, Sifat al-safwa (Béirut: dar al-kutub al-‘ilmiyya, 1403/1989) 1 (2):203 (#254); Abu Nu’aym, Hilyat al-awliya, s.v. “Abu Hashim al-Sufi.”
[53] Ibn al-Jawzi, po. Cit.
[54] Ibn al-Jawzi, Sifat al-safwa 1(2):120.
[55] `Ali al-Qari, Charh ‘ayn al-‘ilm wa-zayn al-hilm (Le Caire: Maktabat al-Thaqafa al-Diniyya, 1989) 1:33; Ahmad Zarrouq, Qawa’id al-tassawwouf (Le Caire, 1310); `Ali al-`Adawi, Hachiyat al-`Adawi `ala charh Abi al-Hassan li-rissalat Ibn Abi Zayd al-moussammat kifayat al-talib al-rabbani li-rissalat Ibn Zayd al-Qayrawani fi madhhab Maalik (Béyrout?: Dar Ihya’ al-Koutoub al-‘Arabiyah, <n.d.>) 2:195; Ibn ‘Ajiba, Iqaz al-himam fi sharh al-hikam (Le Caire: Halabi, 1392/1972) p.5-6.
[56] Ibn ‘Ajiba, Iqaz al-himam 5-6.
[57] Souyouti, Ta’yid al-haqiqa al-‘aliyya p.15
[58] al-‘Ajlouni, Kashf al-Khafa wa mouzil al-albas 1:341 (#1089).
[59] Al-Saffarini, Ghidha’ al-albab li-sharh manzoumat al-adab (Le Caire: Matba’at al-Najah, 1324/1906) 1/120.
[60] Cité dans le livre Tanwir al-Gouloub, p.405. par cheick Amin al-Kourdi.
[61] ‘Abd al-Qahir al-Baghdadi, Kitab Ousoul al-Din p.308-309; Taj al-Din Soubki, Tabaqat al-shafi’iyya 2:275; Jamal al-Din al-Isnawi, Tabaqat al-Shafi’iyya 1 (#9)26-27.
[62] Al-Soubki le mentionne dans Tabaqat al-shafi’iyya. Une copie est disponible à la bibiothèque Chester Beatty, ,s. 3184 (2).
[63] Muslim, Iman; Ahmad 4:73.
[64] Al-Mouhassibi, Kitab al-Wassaya, ed. ‘Abd al-Qadir Ahmad ‘Ata (Le Caire, 1384/1964) 27-32.
[65] Al-khatib al-Baghdadi, Tarikh Baghdad 8:214.
[66] Soubki, Tabaqat al-shafi’iyya 2:279.
[67] Ceci est rapporté dans Sounan al-Bayhaqi (3:121), al-Moughni (2:186-187) et quelque part d’autre.
[68] «La chaîne de transmission de cette histoire est fiable, mais le rapport en lui-même est rejeté, car mon coeur ne l’accepte pas. Je ne pense pas que Ahmad puisse faire chose pareille.» Dhahabi, Mizan al-I’tidal 1:430 (#1606).
[69] Al-Dhahabin, Siyar a`lam al-noubala', éd. Mouhammad ibn Hassan Moussa (Jeddah: Dar al-andalous, 1995) #508.
[70] Al-Dhahabi, mizan al-I’tidal 3:214
[71] al-Dhahabi, Mou’jam shouyoukal-Dhahabi, al-Mou-jam al-kabir, ed. Mouhammad Habib al-Hayla (Ta’if; Maktabat al-Siddiq, 1408/1988) 1:37.
[72] Ibid.1:48.
[73] Ibid.1:58.
[74] Ibid.1:72.
[75] Ibid.1:77.
[76] Ibid.1:91. Cf. Ibn Kathir, al-Bidaya 14:37, 106-107; Soubki, Tabaqat 9:20-22.
[77] Al-Dhahabi, Mou`jam chouyouk al-Dhahabi, 1:104.
[78] Ibid.1:131.
[79] Ibid.1;136
[80] Ibid.1:157-158.
[81] Ibid.1:322.
[82] Ibid.1:160.
[83] Ibid.1:163.
[84] Ibid.1:184.
[85] Ibid.1:209.
[86] Ibid.1:216.
[87] Ibid.1:222.
[88] Ibid.1:253.
[89] Ibid.1:258.
[90] Ibid.1:277.
[91] Ibid.1:298.
[92] Ibid.&:314.
[93] Ibid.1:323-324.
[94] Ibid.1:339.
[95] Ibid.1:379.
[96] Ibid.1:381.
[97] Ibid.1:393-394.
[98] Ibid.1:399.
[99] Ibid.1405.
[100] Ibid.1:415.
[101] Ibid.1:421.
[102] Ibid.&:441.
[103] Ibid.2:49.
[104] Ibid.2:83.
[105] Ibid.2:90.
[106] Ibid.2:100.
[107] Ibid.2:101.
[108] Ibid.2:139-140.
[109] Ibid.2:143.
[110] Ibid.2:146.
[111] Ibid.2:148.
[112] Ibid.2:181
[113] Ibid.2:193.
[114] Ibid.2:195.
[115] Ibid.2:205.
[116] Ibid.2:216.
[117] Ibn Kathir dans al-Bidaya 14:75, Soubki dans Tabaqat 9:162.
[118] Al-Dhahabi dans Mou`jam chouyouck al-Dhahabi, 2:244.
[119] Ibn Kathir dans al-Bidaya 14:131-132, Ibn Hajar dans al-Dourar al-Kamina 4:193, al-Soubki dans Tabaqat 9:191.
[120] Al-Dhahabi dans Mou`jam chouyouck al-Dhahabi, 2:267.
[121] Ibid.2:282-283/
[122] Ibid.2:323-324.
[123] Ibid.2:325.
[124] Ibid.2:331.
[125] Ibid.2:335-336.
[126] Ibid.2:403.
[127] Ibid.2:405.
[128] al-Dhahabi dans Tadhkirat al-houffaz (Béirout: Dar al-Koutoub al-`Ilmiyah).
[129] Soubki, Q’ida p.53.
[130] Ibn al-Jawzi, Sifat al-sawfa 2(2):200 (#763).
[131] Ibid.
[132] Dans ‘Afif al-Din Abou Mouhammad ‘Abd Allah Asad al-Yafi’I (d. 768), Nashr al-mahassin al-ghaliya fi fadl mashayikh al-soufiyya (Béyrut: Dar Sadir, 1975)
[133] al-Jounayd, Kitab dawa’ al-arwah, ed. & trad. A.J.Arberry dans le journal de la Société Royale Asiatique (1937).
[134] Hadith moursal mawqouf rapporté par al-Hakim de Makhoul, Ibn al-Moubarak de Abou al-Darda’, et Daylami de Abou Hourayra. Souyouti le cite dans al-Dhourr al-manthur 6:86.
[135] Boukhari, Mouslim, Ibn Majah, Tirmidhi, Ahmad.
[136] Ibn Majah, Tirmidhi, al-Hakim.
[137] Al-Hakim al-Tirmidhi, Adab al-mouridin, ed. ‘Abd al-Fattah ‘Abd Allah Baraka (Le Caire: Matba’at as-sa’adat, 1976) p. 33-41.
[138] ‘Abd al-Qadir al-Baghdadi, al-Farq bayn al-firaq (Béïrut: dar al-koutoub al-‘ilmiyya,n.d.) 242-243.
[139] ‘Abd al-Qadir al-Baghdadi, Ousoul al-din p.315-16.
[140] Al-Qoushayri, al-Rissala, traduit par B.R. Von Schlegell, Les principes du Soufisme (Berkeley: Mizan Press, p. 301-307.
[141] La chaîne des maîtres Naqshbandi au temps de al-Kharqani est comme suit: Abou yazid al-Bistami ® Abou al-Hassan al-Kharqani ® Abou ‘Ali al-Farmadi (le maître de Ghazali) ® Abou Youssouf al-Hamadani ® Abou al-‘Abbas al-Khidr ® ‘Abd al-Khaliq al-Ghoujdawani.
[142] Ibn Rajab, Dhayl ‘ala tabaqat al-hanabila (Damas, 1951) 1:64-85.
[143] Edité par A.J. Arberry, “La Biographie Ansari de Jami” dans Le Trimestriel Islamique (Juillet-Décembre 1963) p. 57-82.
[144] Al-Ghazali, al-Mounqidh min al-dalal, p.131.
[145] Ibn `Ajiba, Iqaz al-himam p.8.
[146] Al-`Iraqi le cite dans Bayhaqi sur l’autorité d’Ibn `Abbas et sa chaîne de transmission contien Mouhammad ibn `Abd al-Rahman ibn Ghazwan, l’un des faussaires.
[147] Tirmidhi: hassan; Nissa'I; `Iraqi ne pas considéré de faible (la chaîne de transmission)
[148] Mouslim.
[149] Un hadith sahih rapporté par Tirmidhi, Ahmad, Tabarani, Ibn Majah, Ibn Hibban, al-Hakim, et Qouda`i.
[150] Note du traducteur: lire Toussi.
[151] Salah al-Din Khalil ibn Aybak al-Safadi, al-Wafi bi al-wafayat (Wiesbaden, 1962-1984) 1:274-277 (#176).
[152] Taha Jaber al-`Alwani, Ousoul al-fiqh: La source de la Méthodologie en Jurisprudence Islamique, ed. Youssouf Talal Delorenzo (Herndon, VA: IIIT, 1411/1990) p. 50.
[153] Reliance of the Traveller (La Dépendance du Voyageur) p. 1048.
[154] Ibn al-Jawzi, Kitab al-qoussas wa al-moudhakkirin p.201.
[155] Ibn al-Jawzi, al-Moutazam 9:169.
[156] Taqi al-Din al-Soubki, Tabaqat al-shafi`iyya 4:179-182.
[157] Voir al-Hakim, al-madkhal li `ilm al-hadith” (le début), le Dala'il al-noubouwwa de al-Bayhaqi (l’introduction), al-Tibyan fi`ouloum al-qour’an p.17. de Nawawi. Cecliu-ci dit:”Les savants sont d’accord sur la légitimité de l’usage de faibles hadiths dans le domaine de travaux vertueux.” Al-Sakhawi déclarea l’opinion du consensus des savants sur cette question dans l’épilogue de son al-Qawl al-badi`fi al-salat `ala al-habib al-shafi` (L’admirable doctrine conernant l’invocation des saluts sur le bien-aimé intercesseur) (Béirut: dar al-koutoub al-`ilmiyya, 1407/1987) p.245-246.
[158] T.J Winter, traduction du “Souvenir de la Mort” de Ghazali (Cambridge: Islamic Texts Society,1989), Introduction,p.xxix n.63.
[159] al-Dhahabi, Mizan al-i`tidal 3:214.
[160] Al-Ghazali, al-Mounqidh min al-dalal (Damas, 1956) p.40.
[161] Ibn Hajar al-Haytami, Fatawa hadithiyya (Le Caire: al-Halabi, 1970)p.331.
[162] Ibn Hajar, Hadi al-sari, éd. Ibrahim `Atwa `Awad (Le Caire, 1963) p.21.
[163] al-Hakim, al-Madkhal ila ma`rifat al-iklil, éd. & trad. James Robson, Une introduction à la Science de Tradition (Londres: Société Royale Asiatique de Grande Bretagne et Irlande, 1953) p.11.
[164] al-Sakhawi, al-Qawl al-badi` fi al-salat `ala la-habib al-shafi`(L’admirable doctrine concernant l’invocation sur le bien-aimé intercesseur) (Béirut: dar al-koutoub al-`ilmiyya, 1407/1987) p.245-246.
[165] Ibn Taymiyya, Qa`ida jalila p.82.
[166] Ibn al-`Arabi al-Maliki, `Aridat al-ahwadhi 5:201.
[167] Ibn Taymiyya, Qa`ida fi al-tawassoul wa al-wassila, éd. Rabi`a ibn hadi `Oumayr al-Moudkhali, p.162 (#478).
[168] Voir l’article de George Makdis dans l’encyclopédie de l’Islam, 2nd éd., s.v. “Ibn 'Akil.”
[169] Note du traducteur: je n’ai pas encore pu avoir sous ma main la version française de ces deux œvres (s’il en existe).
[170] Ce démenti global et subjectif de la part de Dhahabi fait penser à son démenti de l’authentification du rapport de l’attitude de l’Imam à l’écoute pour la première fois d’al-Mouhassibi.
[171] Al-Haytami, Fatawa hadithiyya 315-316.
[172] Note du traducteur: Tassawwouf est la deuxième moitié du volume I de la série: “Croyances et Doctrines Islamiques selon Ahl al-Sunna; Une répudiation des innovations “Salafi” du même auteur.
[173] Ibn Qoudama, Moukhtaqqar minhaj al-qassidin li Ibn al-Jawzi, éd. M. Ahmad Hamdan et `Abd al-Qadir Arna'out, 2nd éd. (Damas: maktab al-chabab al-mouslim wa al-maktab al-islami, 1380/1961) p.426.
[174] Nouh Keller, Reliance of the Traveller p.1046.
[175] Dans Ibn `Ajiba, Iqaz al-himam p.8.
[176] al-Dhahabin, Siyar a`lam al-noubala' [#969].
[177] Miftah al-sa`ada 2:353; al-Soubki, Tabaqat al-chafi`iyya 8:214.
[178] Al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Qawa`id al-ahkam (Dar al-charq li al-tiba`a, 1388/1968) 1:29, 2:212.
[179] Note du traducteur: La danse ici n’a rien avoir avec celle pratiquée dans les cabarets ou discothèques; la danse dont il s’agit ici est une pratique spirituelle comme dans le cas de Mawlana Rumi (Que Dieu bénisse son âme) et son ordre appelé Mawlawi. Elle est pratiquée en dehors de toute idée de satisfaire le nafs. Encore aujourd’hui cette pratique existe dans cet ordre et ailleurs.
[180] Ahmad, Mousnad 1:108 (#860).
[181] Al-Haytami, Fatawa hadithiyya p.212.
[182] al-Yafi`i, Mir'at al-jinan 4:154.
[183] Ibn al-`Imad, Chadharat al-dhahab 5:302; Ibn Chakir al-Koutoubi, Fawat al-wafayat 1:595; al-Yafi`I, Mir`at al-jinan 4:154; al-Nabahani, Jami` Karamat al-awliya 2:71; Abou al-Sa`adat, Taj al-ma`arif p.250.
[184] al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Fatawa misriyya p.158.
[185] al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Qawa`id al-ahkam 2:220-221.
[186] Al-`Izz ibn `Abd al-Salam, Fatawa, éd. `Abd al-Rahman ibn `Abd al-Fattah (Béirout: dar al-ma`rifa, 1406/1986) p.138-142.
[187] Ibn Abi Zayd, al-Jami` fi al-sounan p.118-119.
[188] Cf. Nouh Keller, Al-Maqassid: Manuel d’Islam de l’Imam Nawawi (Evanston: Sunna Books, 1994) p.85-86.
[189] Al-Nawawi, Boustam al-`arifin (Beyrout: dar al-kitab al-arabi, 1405/1985) p.53-54.
[190] Al-`Izz ibn `Abd al-Salam [al-Maqdissi], Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz (La Caire: matba`at nour al-amal) p.7.
[191] Le commentaire est disponible dans le volume 10:455-548 de la première édition de Riyadh du Majmou` fatawa Ibn Taymiyya.
[192] Majmou` fatawa Ibn Yaymiyya 10:516.
[193] Ibn Taymiyya, al-Safadiyya (Riyad: matabi` hanafa, 1396/1976) 1:267.
[194] Ibn Taymiyya, Majmou`at al-rassa`il wa al-massa`il (Béyrout: lajnat al-tourath al-`rabi) 5:83.
[195] Maj,ou` fatawa Ibn Taymiyya 10:473-474.
[196] Ibid. 10:479.
[197] Ibn Taymiyya, Majmou`a al-rassa`il wal-massa`il 1:162.
[198] Ibn Taymiyya, al-Ihtijaj bi al-qadar (Le Caire: al-matba`a al-salafiyya, 1394/1974) p.38.
[199] Ibn Taymiyya, Tawhid al-rouboubiyya dans Majmou`a al-Fatawa al-koubra (Riyad, 1381) 2:464-465.
[200] George Makdisi, “L’isnad initiatique soufi de Mouwaffaq ad-Din ibn Qoudama,” dans Cahiers de l’Herne: Louis Massignon (Paris: Edition de l’Herne, 1970) p.88-96; “Ibn taimiya: A Soufi of the Qadiriya Order,” in American Journal of Arabic Studies I (Leiden: E.J. Brill, A974) p.118-129; “The Hanbali School and Soufism,” in Boletin de la Asiciatcion Espanola de Orientalistas 15 (Madrid, 1979) p.115-126.
[201] Ibn `Abd al-Hadi, Bad' al-'ilqa bi labs al-khirqa, ms. al-Hadi, Collection Arabe de la Bibliothèque de Princeton, fols. 154a, 169a, 171b-172a; et l’université de Damas, copie originale du manuscript Arabe, 985H; aussi mentionné dans at-Talyani, manuscript Chester Beauty 3296 (8) à Dublin, fol. 67a.
[202] Manuscript de Damas, Zahiriyya # 1186 H.
[203] Ibn Taymiyya, Majmou`a al-fatawa al-koubra 11:5.
[204] Ibn `Ajiba, Iqaz al-himam p.6.
[205] al-Cha`rani, al-Tabaqat al-koubra 1:4.
[206] `Abd al-Qahir al-Baghdadi, Ousoul al-din p.315-16.
[207] Ibn Taymiyya, Majmou`a al-fatawa al-koubra 11:16-20.]
[208] Op.cit.2:396-397.
[209] Op.cit. 10:339.
[210] Note du Traducteur: Tassawwouf ou la purifacation du cœur est la deuxième moitiée du volume I dont le titre du même auteur est: Coyances et Doctrines Islamiques selon Ahl al-Sunna; Une réfutation des Innavations Salafies.
[211] Ibn `Ata Allah, Lata'if al-minan fi manaqib Abi al-`Abbas…sur les notes de Lata'if al-minan wa al-akhlaq (Le Caire, 1357) 2:17-18 de Cha`rani
[212] Note du traducteur: Nous avons utilisé l’expression “en Français” parce que le document lit: “La première traduction en Anglais”; et puisque nous n’avions sous nos mains jusqu’au jour où cette traduction fut fini une version en Français du débat.
[213] Voir Ibn al-`Imad, Chadharat al-dhahab (1350/1931) 6:20f.;al-Zirikly, al-A`lam (1405/1984) 1:221; Ibn Hajar, al-Dourar al-kamina (1348/1929) 1:148-273; Al-Maqrizi, Kitab al-soulouk (1934-1958) 2:40-94; Ibn Kathir, al-Bidaya wa al-nihaya (1351/1932) 14:45; Soubki, Tabaqat al-chafi`iyya (1324/1906° 5/177f. et 9:23f.; Souyouti, Housn al-mouhadara fi akhbar mirs wa al-qahira (1299/1880) 1:301; al-Dawadari, al-Dourr al-fakhir fi sirat al-malik al-Nassir (1960) p. 200f.; al-Yafi`i, Mir'at al-janan (1337/1918) 4:246; Cha`rani, al-Tabaqat al-koubra (1355/1936) 2:19f.; al-Nabahani, Jami` karamat al-awliya' (1381/1962) 2:25f.
[214] Boukhari et Mouslim, hadith de Jabir: «J’ai été octroyé cinq choses dont une qui n’a été à aucun prophète avant moi…»
[215] Al-Tabarani le rapporte dans al-Kabir. Ibn Hibban et al-Hakim le déclare solide. Ibn Abi Chayba sur l’autorité de Jabir rapporte une narration similaire. Similaire aussi est ce qu’Ibn `Abd Al-Barr sur l’autorité d’Ibn `Abbas et d’Abou Nou`aym dans son Hilya sur l’autorité d’Anas Ibn Malik rapporte, comme al-Hafiz al-Souyouti mentionna dans le Jami` al-Kabir, Haythami dit dans Majma` al-zawa'id: «La chaîne de Tabarani contient Rawh ibn Salah qui a certaines faiblesses mais Ibn Hibban et al-Hakim la déclare digne de confiance. Le reste de ses sous-narrateurs sont des gens de hadiths solides.» Cette Fatima est la mère d’Ali, qui éleva le Prophète.
[216] Hadith: «O jeune homme… si tu as besoin de demander, demande à Allah. Si tu as besoin d’aide, demande l’aide d’Allah…» (ya ghoulam ala ou`allimouka…): Tirmidhi (#2516 hassan sahih); Bayhaqi dans Asma' wa al-sifat p.75-76 et Chou`ab al-iman 2:27-28 (#1074-1075) et 7:203 (#10000); Ahmad 1:307; Tabarani, Ibn Hibban; Abou dawoud; al-hakim; Nawawi l’inclu dans ses 40 Hadiths (#19) mais Ibn al-Jawzi le plaça parmi les faux.
[217] Tiré de Reliance of the Traveller (Oudat al-Salik) p.954-957: « (`Ali Qari:) Le Hadith « Je suis la cité de la connaissance et `Ali est sa porte» fut mentionné par Tirmidhi… [qui] dit que ce fut non reconnu. Boukhari dit la même chose, et dit que ce fut sans revendication légitime à une authenticité. Ibn Ma`in dit que ce fut un mensonge sans base, comme le dirent aussi Abou hatim et Yahya ibn Sa`id. Ibn Jawzi l’enregistra dans son livre de Hadiths forgés, et fut confirmé par Dhahabi, et autres. Ibn Daqiq al-`Eid disait, «Ce hadith n’est pas confirmé par les savants, et certains le considèrent d’inventé.» Daraqoutni dit qu’il ne fut pas corroboré. Ibn Hajar `Asqalani fut questionné au sujet de ce hadith, et il répondit qu’il était bien authentique (hassan), non rigoureusemnt authentique (sahih), comme Hakim a dit, mais non une invention (mawdou`), comme Ibn Jawzi le prétend. Ceci fut mentionné par Souyouti. Le maître de Hadiths (hafiz) Abou Sa`id `Ala'i dit, «La vérité est que le hadith est bien authentifié (hassan), au vue de ses multiples voies de transmission, étant ni rigoureusement authentifié (sahih) ni faible (da`if), plus ou moins qu’un faux» (Rissala al-mawdou`at, 26).»
[218] Ceci est une évidente clé dans le Hikam d’Ibn `Ata' Allah, par exemple #205: «Quelque fois les lumières te parviennent et trouvent ton cœur rempli de formes de choses créées, alors elles retourment de là où elles sont descendues.» Ibn `Ata' Allah, Les Aphorismes Soufis (Kitab al-hikam), trad.Victor Danner (Leiden: E.J. Brill, 1984) p.53.
[219] Comme illustré par Salah al-Din al-Safadi dans l’introduction de Ghazali dans son dictionaire bibliographique: «Mouhammad ibn Mouhammad ibn Mouhammad ibn Ahmad, la Preuve de l’Islam, l’Ornement de la Foi, Abou Hamid al-Toussi…» al-Safadi, al-Wafi bi al-wafayat 1:274.
[220] Ironiquement, un genre similaire de louanges sur le propre livre al-Hikam d’Ibn `Ata' Allah est rapporté sur l’autorité du grand cheick Mawlay al-`Arabi al-Darqawi par Ibn `Ajiba dans Iqaz al-himan (p.3-4): «J’entendis le juriste al-Bannani dire: «Le Hikam d’Ibn `Ata' Allah est presqu’une révélation (wahy). S’il était permis de réciter la prière quotidienne sans le Coran, les mots du Hikam auraient été permis.» Il veut dire par cela qu’il n’y a rien dans le Hikam sauf ce qui procède du Coran et s’y réfère encore, et Allah est savant.
[221] Dans Mouhammad Zaki Ibrahim, Ousoul al-woussoul (Le Caire: 1404/1984) 299-310.
[222] al-Soubki, Mou`id al-n`iam wa moubid al-niqam p.190.
[223] al-Chatibi, al-Mouwafaqa fi ousoul al-chari`a (Le Caire: al-maktaba al-tijariyya al-koubra, 1975) 4:60
[224] al-Chatibi, al-I`tissam min al-koutoub, cité dans al-Mouslim: majallat al-`achira al-mouhammadiyya (Dhou al-qi`da 1373).
[225] Mouqaddimat ibn Khaldoun, p.328.
[226] al-Sakhawi, al-Daw' al-lami` (Béirout: dar maktabat al-hayat, 1966) 4:124-125.
[227] A.J. Arberry, Sakhawiana: A study Based on the Chester Beatty Ms. Arab. 773 (London: Emery Walker Ltd., 1951) p.35.
[228] al-Sakhawi, al-Daw' al-lami` 11:96-97, 74-75.
[229] Ibid. 3:144-145.
[230] Ibid. 7:162-165.
[231] Ibid. 11:69-71.
[232] Ibid. 2:212-213.
[233] Ibid. 8:127-132.
[234] Ibid. 8:176-178.
[235] Ibid. 7:197.
[236] Ibid. 2: 146-149.
[237] Ibid. 10:140-141.
[238] Ibid. 4:76.
[239] Al-Souyouti, Ta'yid al-haqiqa al-`aliyya wa-tachyid al-tariqa al-chdhiliyya, éd. `Abd Allah ibn Mouhammad ibn al-Siddiq al-Ghoumari al-Hassani (La Caire: al-matba`a al-islamiyya, 1934), p.56-57.
[240] Zakariyya al-Ansari, Charh al-rissala al-qouchayriyya (Le Caire: dar al-koutoub al-`arabiyya al-koubra, 1330/1912) p.126.
[241] Ibn Hajar al-Haytami, Fatawa hadithiyya (Le Caire: al-Halabi, 1970) p.331.
[242] Sad al-Din Mas`oud ibn `Oumar al-Taftazami, l’un des moujtahid d’esprit universel de lécole Chafi`i, il fut l’auteur de plusieurs livres en tafsir, kalam, oussoul, fiqh, `ilm al-mantiq (la logique), la grammaire, la réthorique, et la philologie.
[243] Une allusion à Ibn Taymiyya, qui prédiqua son jugement d’Ibn `Arabi sur l’odieuse assomption constante qu’il comprenait ses terminologies et leurs sens.
[244] al-Haytami, Fatawa hadithiyya p.52-54.
[245] al-Tabaqat al-koubra al-moussamma bi Lawaqih al-anwar fi tabaqat al-akhyar (1374/1954) (Reproduit, Béirout: dar al-fikr, n.d.) I:4. Dans Reliance of the Traveller p.863-864.
[246] Al-Qari, Charh `Ayn al-`ilm wa zayn al-hilm 1:1.
[247] Ibid. 1:78.
[248] Ibid. 2:354-355.
[249] Ibn `Abidin, Septième Lettre dans Chifa' al-`alil fi houk, al-wassiyya wa al-tahalil p.172-173.
[250] Abou al-`Ala' al-Mawdoudi, Mabadi' al-Islam p.114-117.
[251] Ibn Abi Chaybah le rapporte avec un chaîne fiable (sahih).